Amath Dansokho : La démocratie perd un de ses défenseurs

Rappelé à Dieu vendredi, la nation a rendu un ultime hommage hier à l’un de ses plus dignes fils. Un fils modèle dont la mort est une immense perte pour le Sénégal en perte cruelle de repères. Ce qui fascinait le plus chez Dansokho c’était la fidélité à ses convictions. Jamais ses convictions n’ont varié en fonction des positions, contrairement aux politiciens adeptes du reniement.
Pour parler comme le doyen Demba Ndiaye, «Amath Dansokho, c’était la fidélité aux idées chevillée au corps». Il était aussi un symbole du patriotisme sincère, de générosité et d’honnêteté. Dansokho n’hésitait jamais à sacrifier ses intérêts sur l’autel de ses principes. Aussi bien sous Diouf que sous Wade il a eu a occuper le stratégique poste de ministre de l’Urbanisme et de l’ habitat. Il aurait pu en profiter pour se taper plein de maisons et de terrains comme certains. Mais non, il a toujours été au service de ses compatriotes besogneux, faisant de son mieux pour qu’ils puissent avoir un toit. Et à ce sujet, ils ont été nombreux à soutenir que c’est grâce à lui qu’ils ont pu avoir une maison. Et chaque fois que le pays avait besoin de lui, il montait au front pour le défendre, reléguant au second plan ses intérêts. Pour rappel, il a été limogé du gouvernement de majorité élargie de Diouf en septembre 1995 pour avoir dénoncé la mal gouvernance qui sévissait dans le pays. Et pourtant, il aurait pu continuer tranquillement à festoyer au banquet de la République. Mais ceux qui le connaissent ont été unanimes à reconnaître que Nansouk n’était pas de ceux qui adulent l’argent, au contraire il préférait s’arc bouter à ses convictions et n’avait pas l’échine assez souple pour se courber devant les privilèges. Défenestré par Diouf, il a regagné l’opposition et a été l’un des principaux acteurs de l’alternance survenue en 2000. Nommé ministre de l’Urbanisme et de l’habitat, il avait toute la latitude de participer aux orgies de «l’alter noce». Que nenni, il a choisi de dire la vérité à Wade qui commençait à dévier de la ligne convenue. Au bout de huit mois, il a aussi été limogé par le Pape du Sopi. Pourtant, une relation très ancienne unissait les deux hommes qui ont mangé ensemble leur pain noir durant les années de braise de l’opposition pure et dure au régime d’Abdou Diouf, mais aussi, partagé  les moments de joie intense quand ils sont arrivés au pouvoir, ensemble, un certain 19 mars 2000. Mais lorsque Wade a commencé à succomber aux délices enivrants du pouvoir, et agacé par les sempiternels rappels à l’ordre de Dansokho resté sobre, a fini par le remercier de son gouvernement.
Après son limogeage, Dansokho a repris son bâton de combattant en regroupant l’opposition et sa maison sise à Mermoz était devenue le Qg où toute la stratégie ayant abouti à la seconde alternance a été peaufinée. Malgré tout, Amath Dansokho qui tenait Wade en bonne estime malgré les divergences de point de vue sur la gestion du pays, s’est toujours défendu de faire de son opposition au régime libéral un problème d’homme, mettant plutôt l’accent sur les principes de justice, de dignité, de liberté et de démocratie. «Si je meurs, je ne voudrais pas d’hommage folklorique, l’estime du peuple me suffit», avait-il dit dans une interview parue dans Walf-Grand place.
Des propos qui en disent long sur la modestie et la simplicité de ce grand combattant des libertés. Des qualités que devraient s’approprier ceux qui incarnent le pouvoir aujourd’hui, qui se croient éternels et qui usent abusent de leur position pour se servir  comme bon leur semble, alors qu’ils devraient être d’humbles serviteurs du peuple.

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