Réélu avec 58,26% des voix en 2019, le Président Macky Sall vient de boucler sa première année. Seulement, s’il est vrai que le bon mets se reconnaît à son fumet, on peut dire sans risque de se tromper que pour le moment ça ne sent pas encore bon, et ce, dans tous les secteurs.
Pourtant, sur le chemin de sa réélection, le Président Sall avait déversé des tombereaux de promesses. Mais aujourd’hui, les Sénégalais n’ont que leurs yeux pour pleurer, tellement ce qui avait été promis est aux antipodes de ce qu’ils vivent présentement. À peine réinstallé, il a placé son second mandat sous le signe du fast-track, et là, ce sont les prix des denrées de consommation qui ont grimpé en mode fast-track : le ciment, le carburant, l’électricité, le lait, l’huile etc., ont repris l’ascenseur. Et le Sénégal ne semble pas être sorti de l’auberge si l’on se fie au fait qu’il a un niveau d’endettement alarmant. Ce qui avait fait dire à un Cheikh Bamba Diagne face à nos confrères du Témoin, que «l’État a un sérieux problème de liquidités. Nous nous situons à un taux d’endettement de 64,5% du Pib alors que la limite communautaire se situe à 70%».
Dans le même sillage, l’économiste d’alerter : «Le Sénégal risque alors de tomber dans les bras des Vautours. Ce sont des fonds spéculatifs qui vont acheter à bas prix le crédit du Sénégal pour le revendre à un taux d’intérêt plus élevé. L’État est très conscient de la situation. Il est en train de serrer la ceinture et de rétablir la vérité des prix, éliminer les subventions tout en augmentant les prix de certaines denrées alimentaires et des hydrocarbures. Cette situation explique aussi pourquoi, même si les organisations syndicales vont en grève, l’État ne peut pas satisfaire leurs revendications du fait qu’il n’a qu’une seule préoccupation : c’est de payer sa dette», a analysé le chercheur économiste Cheikh Ahmadou Bamba Diagne de l’université de Dakar. Quant à la jeunesse, elle n’est pas mieux lotie, parce que les jeunes sont toujours dans l’attente du million d’emplois promis et l’on se demande par quelle alchimie le Président Sall réussira à tenir ses promesses au moment où des milliers de pères de famille sont envoyés au chômage par des entreprises pour dettes impayées de l’État.
Pour le moment, le taux du chômage ne ce cesse de grimper. Aujourd’hui, il est de 25% chez les jeunes. Pour ce qui est du dialogue national qu’il avait lancé au lendemain de sa réélection pour, disait-il, fédérer toutes les forces, on se rend compte que ce n’était finalement qu’un jeu de dupes, un subterfuge destiné à desserrer l’étau après ces élections contestées par ses challengers. La preuve, aujourd’hui, le dialogue s’enlise de plus en plus avec des contentieux à n’en plus finir.
Pour ce qui est du climat social, il est délétère et se dégrade au fil des jours, avec des manifestations récurrentes contre la hausse du prix de l’électricité, manifestations des syndicats d’enseignants pour le respect des accords, manifestations des étudiants contre la surcharge des universités après la rupture du contrat avec les instituts privés, sans compter la corruption qui gangrène la sphère politique et les entreprises de l’État. Une corruption qui est sur le point d’être banalisée, car aujourd’hui, ce sont les pilleurs qui sont protégés et les vérificateurs houspillés.
Quant aux libertés démocratiques, elles continuent leur recul avec un acharnement injustifié sur Guy Marius Sagna, maintenu arbitrairement en détention. Mais bon, comme l’histoire de Macky Sall avec le Sénégal va se poursuivre jusqu’en 2035, selon Boun Dionne, il peut se hâter…lentement.