Par El Hassane SALL
Nous vivons aujourd’hui dans un Sénégal où la survie des habitants semble de plus en plus menacée par la prédation de leurs terres, de leurs ressources halieutiques et naturelles. Toute chose qui compromet l’existence même des populations et remet en cause l’avenir des générations futures déjà hypothéqué. Actuellement, le peuple sénégalais assiste impuissant au pillage éhonté de ses richesses par une minorité de privilégiés, qui, non seulement accapare ses terres et ses eaux, mais elle lui pompe l’air, au propre comme au figuré. Concernant le bradage des richesses maritimes, avec l’octroi des licences de pêche octroyées aux Chinois, au lieu de prendre les mesures qui s’imposent pour préserver lesdites ressources halieutiques, les tenants du régime préfèrent noyer le poisson en s’acharnant sur Saër Seck qui a levé le lièvre.
Même chose sur les constructions anarchiques érigées en bordure de mer et qui empêchent les populations respirer l’air marin et ses bienfaits – un air pur qui contribue à leur bonne santé. Non contents de nous pomper l’air, ils s’évertuent aujourd’hui à polluer l’atmosphère en s’attaquant à tous ceux qui ont osé dénoncer et décrier ce carnage foncier, avec à la clé, des déballages qui ne règlent pas tout le problème, si ce n’est qu’on continue de divertir les populations pour mieux noyer le poisson de tous ces scandales.
En effet, depuis que le scandale du bradage du littoral a éclaté, c’est le branle-bas de combat chez les apéristes, qui tentent vaille que vaille de noyer le poisson. Et, comme à son habitude, c’est Yaxam Mbaye qui a tiré les premières salves sur Madiambal Diagne, ce dernier ayant eu l’outrecuidance de mettre à nu les mauvaises pratiques du régime. En réponse, le Dg du Soleil accuse le Dg du Quotidien : «Madiambal Diagne, qui dénonce la bamboula foncière, est assis sur cinquante-neuf mille (59.000m²), ou, si vous préférez, 5,9 hectares entre Niaga Peulh, Bambilor, Toubab Dialaw, Ouakam, Ngor, Almadies et Grand-Dakar».
Mais, à ce que l’on sache, Madiambal Diagne n’est pas détenteur d’un mandat électif des Sénégalais, et, par conséquent, il n’a pas de compte à nous rendre. Par contre, ce que l’on aimerait savoir, et que le directeur du Soleil ne dit pas, c’est : Comment il a pu se taper toutes ces bandes de terres ? Qui les lui a octroyées ? En foi de quoi ? L’autorité administrative avait-elle le pouvoir et le droit de les lui céder ? Voilà des questions auxquelles les Sénégalais devraient avoir des réponses, car tout le reste n’est que diversion.
À sa suite, c’est le ministre Abdou Karim Fofana de tirer sur Barthélemy Dias, maire de Sacré-Cœur Mermoz, qui a manifesté son opposition à l’érection de bâtiments sur le littoral. Le ministre de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique s’est dit indigné par les déclarations du maire de Sacré-cœur, Barthélemy Dias, jugeant que ce dernier ne fait que de la «politique politicienne». Pour M. Fofana, «l’occupation du littoral ne date pas de 2012, mais bien avant même l’indépendance du Sénégal, avec une occupation traditionnelle (…). Donc, on ne peut pas prendre toutes ces situations qui ont été faites dans les années 2000 où même avant et où les constructions ont débuté durant le magistère du Président Macky Sall, pour dire que ce régime brade le littoral. Ce n’est pas une vérité».
Pape Mahawa Diouf, porte-parole de la coalition Bby, a lui aussi lavé son mentor à grande eau. «La vérité est que le gouvernement de Macky Sall n’est en rien responsable du bradage de la corniche (ouest) de Dakar», a-t-il fait savoir dans une déclaration. Selon Pape Mahawa Diouf, «la publication de la liste des propriétaires fonciers montre que le régime actuel n’est en rien responsable. Mieux, la plupart des attributions datent de 2010, et Barthélemy Dias lui-même a fait au moins 4 autorisations de construire sur la corniche». Seulement, si le régime de Macky Sall n’est pas responsable, pourquoi n’annule-t-il pas les attributions frauduleuses pour restituer au peuple ses espaces spoliés, car il a été élu pour remettre de l’ordre là où il y a du désordre, et ici, c’est bien le cas, d’autant que l’État est une continuité, et le domaine public maritime inaliénable et imprescriptible. Étant donné que le déclassement d’un terrain du domaine public maritime et son immatriculation au profit de personnes privées se fait par décret présidentiel, comment certains de ses protégés ont pu acquérir leur terrain ?
La vérité est que nous vivons dans un pays où l’injustice sociale et l’inégalité tendent à croître plutôt qu’à décroître. Il semble même qu’elles sont en train d’être érigées en mode de gouvernement. Et l’appartenance au clan du pouvoir confère tous les privilèges. Des privilégiés qui, pour conserver leur onctueux fromage, n’hésitent pas à polluer l’atmosphère avec des arguments fallacieux destinés à berner les populations.