Après le Covid-19, quelle riposte contre le virus du ventre vide ?

Par El Hassane SALL

 

S’il y a un virus très dangereux que le régime doit combattre de toutes ses forces, pour qu’il ne s’installe pas dans le pays après l’épidémie du covid-19, c’est celui du ventre vide. Car, comme on a coutume de le dire, «ventre affamé n’a pas d’oreilles». Aujourd’hui, si les Sénégalais essaient tant bien que mal de respecter les consignes édictées par les spécialistes, c’est parce qu’ils peuvent entendre, car ils n’ont pas encore le ventre vide.

Mais le jour où ils seront confrontés à la faim tenace, ils n’écouteront plus que le gargouillis de leur ventre creux. Et c’est ce qui risque d’arriver après l’épisode du coronavirus, à moins que le pouvoir ne prenne les dispositions idoines pour que l’insécurité alimentaire prédite – à tort ou à raison par les organismes internationaux – ne se réalise. Parce qu’elles sont nombreuses ces organisations internationales à prédire un avenir alimentaire pas rassurant du tout pour l’Afrique. Pour s’entendre dire, qu’après le covid-19, l’Afrique risque de faire face au virus de la faim. Que ce soit le Pam, la Fao, le Fida, Oxfam, ils sont unanimes, ces partenaires, à soutenir que l’insécurité alimentaire nous guette.

Selon les prévisions pessimistes du Programme alimentaire mondial (Pam), «pour de nombreux pays pauvres, les conséquences économiques seront plus dévastatrices que la maladie elle-même», prévient cette agence onusienne dans un rapport. Quant à la Fao, elle déclare que le Sénégal fera face à une situation alimentaire préoccupante. Dans tous les rapports des organisations des Nations Unies, le Sénégal est cité parmi les Nations africaines qui sont sur la liste rouge. Le rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), rendu public le 8 novembre 2019, annonçait déjà une probable «insécurité alimentaire accrue et une malnutrition en 2020» au Sénégal.

Ainsi, le Fonds des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) prédit un avenir pas du tout rassurant pour le Sénégal. Pour la structure onusienne, le covid-19 va faire très mal dans certaines zones vulnérables à la sécurité alimentaire. Dans son dernier rapport, elle prédit une augmentation importante de personnes en situation d’insécurité, de 151.000 en mars 2019 à 766.000 personnes au cours de la prochaine période de soudure, entre juin et août 2020. Le rapport publié la semaine dernière constate aussi un besoin d’importations céréalières à un niveau supérieur à la moyenne et une baisse de la production de riz de la vallée du fleuve Sénégal.

Toujours dans le registre des sombres prédictions, «quelque 50 millions de personnes sont menacées par la faim en Afrique de l’Ouest en raison de l’impact de l’épidémie de covid-19 ajoutée aux cas de sécheresse et à l’insécurité dans la région», a averti l’Ong Oxfam. Le nombre de personnes en crise alimentaire pourrait plus que doubler en trois mois, à 50 millions en août contre 17 millions en juin, selon Oxfam, qui cite des estimations de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Pour ne pas être prises au dépourvu, nos autorités doivent d’ores et déjà prendre des dispositions pour assurer la sécurité alimentaire de ses populations. Comme actuellement la pandémie du covid-19 a mis toutes les économies du monde à terre, il serait plus indiqué que le pouvoir privilégie, cette année, les cultures vivrières au détriment des cultures commerciales comme l’arachide. D’autant que nombre de pays ont décidé de ne pas exporter de céréales. D’ailleurs, la Russie, l’un des plus importants exportateurs de céréales au monde,  suspend la vente de plusieurs céréales tels que le blé, le maïs etc. jusqu’au 1er juillet 2020, selon le ministère de l’Agriculture du pays, qui estime que cela permettra «de stabiliser les prix des céréales et d’assurer les besoins intérieurs du pays».

Comme la majeure partie de ce que nous consommons est importé, mieux vaudrait prendre les devants en assurant d’abord notre nourriture. Parce qu’à notre humble avis, il serait hasardeux voire risqué, de cultiver l’arachide pour, au finish, n’avoir pas où l’écouler. Comme gouverner c’est prévoir, le pouvoir doit dès à présent recourir à des méthodes créatives, incitatives et adaptatives. Ce faisant, le pouvoir doit doter les paysans de semences en quantité suffisante en privilégiant surtout les cultures vivrières.

De la même manière que le régime veut aller en guerre contre le covid-19, il doit en faire de même pour combattre l’insécurité alimentaire. Aussi, les techniciens du ministère de l’Agriculture doivent porter ce combat en privilégiant les variétés hâtives pour le niebé, le maïs, le mil etc. La Casamance et la vallée doivent aussi assurer une bonne production du riz. En somme, faire que l’autosuffisance soit un vécu et non une théorie.

En tout cas, les dirigeants gagneraient à travailler pour assurer la nourriture de leurs compatriotes. Faute de quoi, ils risquent gros avec la menace des risques d’explosion telles les émeutes de la faim ; car un «homme affamé est un homme en colère», disait Bob  Marley. À bon entendeur !!!

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