Sylvanus Olympio est le père de l’indépendance du Togo. L’homme politique a dirigé le pays du 15 avril 1961 au 13 janvier 1963. Vendredi 13 janvier 2023, le pays commémorait les 60 ans de son décès, ou plutôt, de son assassinat, puisqu’il a été criblé de balles sur la voie publique par les putschistes qui avaient à leur tête Emmanuel Bodjollé et Etienne Eyadéma, plus connus sous le nom de Gnassingbé Eyadema. Le Professeur émérite des universités publiques du Togo Adovi Michel Goeh Akué était hier l’invité Afrique de RFI.
ll est revenu sur l’assassinat de M. Olympio, mais aussi sur son opposition au néocolonialisme. « Olympio c’était un des chefs d’Etat qui avait fait de bonnes études, il était plus clairvoyant que d’autres et il était d’ailleurs à ce moment en train de rédiger la charte qui devait conduire à l’organisation de l’unité africaine. Donc il a fait partie de ceux qui disaient qu’il fallait arrêter le néo-colonialisme. Et son grand projet, c’était de créer une banque centrale togolaise et sortir de la zone franc » révèle l’universitaire. Le lendemain de son assassinat, c’est-à-dire, le 14 janvier 1963, le ministre de l’Economie et des finances du Togo, Hospice Coco, devait se rendre à Paris pour contresigner les nouveaux accords et il n’a pas pu faire ce voyage. Le Togo est donc resté dans la zone franc, explique Adovi Michel Goeh Akué.
« Immédiatement après l’assassinat, on fait revenir le responsable du parti qui est pro-français »
Le pays utilise jusqu’à aujourd’hui la monnaie coloniale. Le successeur d’Olympio à la tête du Togo était Nicolas Grunitzky, un pro-français. « Le pays n’est plus sorti (de la zone franc) puisque immédiatement après l’assassinat, on fait revenir le responsable du parti qui est pro-français, c’est-à-dire Nicolas Grunitzky, et c’est dès lors que le Togo revient dans le giron français et c’est la marche qui continue jusqu’à ce jour. Rien n’a changé » déplore le professeur d’université. Il est persuadé que c’est pour cette raison que tous les appels faits jusque-là pour « éclaircir cette question d’assassinat n’ont jamais été pris en compte et cette question demeure encore actuelle ».