L’affaire a éclaté le 22 août 2020, à Bargny, où Abdoulaye Ba réside et exerce son commerce. Ce jour-là, Mouhamed Ndione, un voisin, se rend chez le vendeur de charbon et découvre sa cousine, M.R. Ndione, dans une posture étrange, assise sur le lit de fortune aménagé dans la cabane de l’accusé. Troublé, il quitte les lieux mais informe par la suite Awa, une autre cousine de la fillette. Awa se rend immédiatement sur place. Trouvant la porte fermée, elle l’ouvre brusquement et aperçoit Abdoulaye Ba, torse nu, tenant une cravache. À ce moment, la fillette sort de la chambre en pleurs et raconte avoir été contrainte de rester là.
Elle explique qu’elle s’était rendue près de la cabane pour déposer des ordures lorsque l’accusé l’a interpellée, l’a forcée à entrer, puis à s’allonger sur le lit sous la menace de la cravache. Alerté, le père de M.R. Ndione fait appel à la police pour éviter que l’accusé ne soit lynché par le voisinage, déjà rassemblé sur place. Lors de l’enquête, la victime maintient ses accusations. Elle déclare qu’Abdoulaye Ba lui a demandé de venir dans sa cabane sous prétexte de discuter, avant de s’enfermer avec elle. Une fois à l’intérieur, il se serait mis torse nu, aurait tenté de la forcer à s’allonger sur le lit, puis aurait commencé à la caresser en brandissant une cravache pour la menacer.
Abdoulaye Ba, quant à lui, nie les faits devant le tribunal. Dans un premier temps, il affirme que la fillette n’a jamais mis les pieds dans son lieu de travail ce jour-là. Mais face aux témoignages, il finit par admettre qu’elle s’y trouvait, prétendant l’avoir surprise en train de compter son argent avant de lui demander de partir. Les déclarations de l’accusé sont contredites par les témoignages de Mouhamed Ndione et de Ndeye Awa. Mouhamed Ndione affirme avoir vu la fillette assise sur le lit de la cabane et l’avoir questionnée. Elle lui aurait répondu qu’elle était venue acheter du charbon avec 150 francs CFA.
Quant à Ndeye Awa, elle décrit avoir vu Abdoulaye Ba torse nu, une cravache à la main, en présence de l’enfant. Pour le substitut du procureur, ces éléments confirment les accusations de détournement de mineure et de pédophilie. «La présence de la fillette dans ce lieu n’est pas volontaire, elle y a été contrainte par l’accusé. Son témoignage, corroboré par les circonstances, prouve qu’elle a subi des gestes déplacés à caractère sexuel», a-t-il affirmé. Le procureur a également souligné que le père de la victime avait signalé des antécédents similaires impliquant Abdoulaye Ba. Il a donc requis une peine de 10 ans de réclusion criminelle.
L’avocat de l’accusé, lui, réfute ces accusations, arguant qu’il n’y a pas de preuves matérielles ni de témoins directs de l’acte. «Mouhamed Ndione n’a rien vu, il s’est contenté de supposer. Quant à l’histoire de la porte fermée, elle ne prouve pas une intention criminelle. Ma cliente mérite d’être acquittée», a plaidé la défense. Au terme des débats, le tribunal a décidé de mettre l’affaire en délibéré. Le verdict sera rendu le 5 février prochain, et l’accusé reste pour l’instant en détention.
Actunet avec Aïssatou TALL