C’est à la suite d’un entretien avec un responsable politique de l’Alliance Pour la République (APR) au sujet de la problématique de l’emploi des jeunes que, le 29 Juillet 2013 déjà, je faisais le constat du mauvais départ du Sénégal d’après l’avènement de la seconde alternance. Et quatre ans après, rien n’a changé. Rien, sauf que le Président Macky SALL n’a pas respecté la promesse qu’il avait faite de s’appliquer un mandat de cinq ans. Et qu’il poursuit d’instrumentaliser la justice pour affaiblir ses adversaires déclarés. L’arrestation de Khalifa SALL est l’épisode le plus récent de cette série de pratiques dégradantes de la démocratie sénégalaise à cause de toutes les circonstances qui expliquent la colère des partisans du maire de Dakar et la revendication de sa libération par l’opposition politique. Alors qu’il ne se serait agi que d’une banale affaire judiciaire, si le parti-pris dénoncé par tous les observateurs n’était pas flagrant.
Par Cheikhna Cheikh Saadbou Keita
Mais faut-il pour autant que nous nous laissions impressionner par l’effervescence du champ de bataille au point de perdre de vue que tous ceux qui sont en train de s’y affronter, sont en réalité, des membres à part entière d’une même famille. Cette classe politique qui, de 1960 à nos jours, dirige le Sénégal sans être jamais parvenu à y enrayer le sous-développement. Bien évidemment, un telle point de vue ne fait l’affaire d’aucun des camps actuellement en conflit. Mais il n’empêche qu’il est expressément affiché dans ce propos à cause de son importance particulière. Parce qu’il est fondé sur la primauté absolue des intérêts du Sénégal et son peuple sur tout le reste. En même temps qu’il implique l’exigence désormais incontournable, de dégager tous les politiciens qui incarnent ce qu’il est convenu d’appeler le système.
Ainsi, pour avoir été de ceux qui ont porté le rêve de lendemains meilleurs à l’aube de la seconde alternance, je ne me suis jamais trouvé les moyens d’y renoncer malgré la précocité du constat d’échec que j’ai eu à faire. Sachant que le développement du Sénégal passera par du travail de son peuple. Voilà pourquoi je me suis proposé de retraiter quelques extraits de mes déclarations antérieures pour retremper ma volonté de demeurer au service exclusif de mon pays en tant que citoyen et acteur politique. Et en même temps, pour lancer un appel à la résistance en direction de tous les patriotes, face aux manœuvres des gouvernants et aux manigances d’une opposition qui cache mal sa boulimie. Sans plus attendre, allons découvrir le premier extrait.
« En portant Monsieur Macky SALL à la Magistrature suprême à l’issue de l’élection présidentielle de 2012, le Peuple sénégalais a démontré s’il en était encore besoin, qu’il était apte à prendre en charge son destin. Aussi, le bon déroulement de cette consultation, malgré les nombreux incidents qui en n’ont marqué le processus, a définitivement consacré le statut de terre d’exception conquis à force d’épreuves par le Sénégal, dans une Afrique dont les mœurs n’ont pas arrêté de surprendre les observateurs les plus avisés de l’évolution politique du continent noir.
En effet, ce Peuple en sanctionnant l’exercice antérieur du pouvoir, exprima, du même coup, son besoin de changement, avant d’aller se figer dans la posture du vigilant censeur des comportements prochains de ses élites. Attendant de trouver dans le contenu d’une offre nouvelle, la preuve de la bonne perception de son message.
C’est dès lors que cette étape ultime de son histoire devait être perçue comme un point de rupture. En ce sens qu’elle venait de marquer la fin d’une certaine époque en même temps qu’elle introduisait la pressante nécessité d’inventer des points de vue dont la pertinence restera commandée par la recherche permanente de performances à travers des choix de politiques qui permettraient de faire face aux préoccupations des populations et de porter avec succès le projet de développement du pays.
Ceci étant et autrement dit, depuis lors, il est devenu clair que désormais, pour bien gouverner ce pays, il faudra aller résolument à l’assaut de toutes les composantes de la demande sociale. Mais aussi, rassurer et convaincre en mettant en place les meilleures conditions de déroulement des activités de production et donc, d’un développement économique et social véritable.
C’est à cet exercice que seront attendus tous ceux qui s’engageront à diriger le Sénégal. Et à l’inverse, s’exposeront aux foudres de leurs mandants les dirigeants qui s’aventureront à procéder autrement.
Le Président Macky SALL a très vite perçu que son magistère est le premier à devoir affronter cette réalité. Voilà pourquoi il a entrepris de moraliser la gestion des deniers publics en faisant de la lutte contre les biens mal acquis une priorité nationale dès l’entame de son mandat (même si on doit remarquer que ceci pourrait n’être qu’un seul des motifs de ce choix). C’est pour cette même raison qu’il lui était indispensable de trouver des solutions appropriés aux exigences de l’heure, mais aussi de favoriser l’émergence d’une nouvelle catégorie de dirigeants dont l’unique critère de qualification restera entre autres qualités, l’aptitude à concevoir des politiques pertinentes et efficientes et à les mettre en œuvre…
Malheureusement pour ceux qui ont eu à faire le choix de défendre les acquis de notre démocratie en refusant un troisième mandat au Président Abdoulaye WADE, il ne reste plus aujourd’hui qu’à constater les dégâts d’une gouvernance terne et très peu vertueuse. En effet, voilà qu’après s’être payé une coalition dont l’entretien continue de couter cher aux contribuables, celui que nous avons élu n’a jamais pu trouver des réponses adéquates aux problèmes cruciaux du pays et aux attentes des populations. Alors que son règne despotique et népotiste continue d’asphyxier le peuple.
C’était pourtant simple parce qu’à l’arrivée tout lui indiquait qu’il devait, pour montrer à ce magnifique Peuple sénégalais qu’il méritait sa confiance, sonner la mobilisation de toutes les forces de la nation autour de chantiers qui sortiraient le pays du sous-développement. Particulièrement, en combattant la pauvreté et le chômage. Il ne l’a pas fait et la situation s’est mise à se dégrader jour après jour avec l’aggravation de la dépendance de l’extérieur, la dilapidation de nos ressources naturelles, le bradage de nos terres, l’absence de politiques cohérentes en matière d’industrie et d’énergie, de production agricole, d’emploi, d’éducation et de formation professionnelle, de santé et de sécurité. Aussi, avec l’accaparement du pouvoir par sa famille, sa belle famille et ses amis et l’apparition autour de lui de nouveaux fortunés prétentieux à plus d’un égard et sans retenue.
Tout cela est ce qui permet aujourd’hui, d’affirmer sans risquer d’être contredit, que le pays va mal. Le pays va mal et le fait de le dire ne met aucun d’entre nous hors de cause. Parce que simplement, nous avons tort de laisser ceux qui nous dirigent s’aménager des règnes et accumuler des fortunes.
En effet, nous avons tous tort de tolérer les comportements répréhensibles pourtant, de gens qui continuent de profiter des pouvoirs qui leur sont confiés pour s’installer dans une opulence criarde que rien ne pourra jamais justifier.
Nous avons tort en n’arrêtant pas d’être les complices de prédateurs qui refusent de déménager malgré la situation désastreuse dans laquelle leur comportement a enfoncé la nation toute entière. Parce que nous avons tort de supporter encore des agissements catastrophiques et caractéristiques de l’arrogance d’assoiffés d’un exhibitionnisme malsain et leur volonté d’ignorer les préoccupations du peuple.
Enfin, nous avons tort de toujours attendre d’un autre, l’initiative de la réplique face à ce mal dont les auteurs recrutent des hommes de main dans les réserves périphériques du pouvoir pour préserver leurs privilèges. Parce que nous avons tort en acceptant continuellement que d’entre nous, certains piétinent toutes les valeurs et étalent le spectacle désolent de leurs insolences, et de leurs querelles…
Nous avons tort c’est vrai, mais pour faire du rêve d’un Sénégal prospère une réalité, il ne suffit pourtant que d’œuvrer ensemble à son développement en ayant à cœur de mettre en place dès aujourd’hui, toutes les conditions d’une vie meilleure pour nos enfants et nos petits-enfants.
Le Sénégal est notre bien commun le plus précieux et c’est à nous et à nous seuls qu’il incombe de le construire mais aussi de le protéger contre tous ceux qui s’attaquent à ses intérêts.….
C’est en restant sur cette même ligne de conviction que j’ai eu à réagir le ………. 2016, face au comportement anachronique de l’opposition politique sénégalaise, en publiant une contribution sous le titre suivant : « Pour une rupture décisive d’avec toutes les formes d’opposition tapageuses et opportunistes ». Et aujourd’hui plus que jamais, je demeure aussi convaincu de la perversité du jeu de cette opposition dont le seul projet est d’accéder au pouvoir. Alors que sa mission restera de produire un critique objective et constructive et de proposer un projet alternatif sérieux au peuple. Telle est la substance de la publication en question. En particulier, à son niveau que j’exhume ci-après :
« …Voilà justement que ce Sénégal est en panne depuis bien longtemps déjà. Et en démocratie quand un pays va mal au point qu’il n’y a plus rien à attendre de ses dirigeants du moment, il s’impose d’interpeller son opposition et de s’interroger sur son comportement afin de mesurer sa capacité de faire face aux urgences et ensuite de redresser la barre. D’ailleurs c’est ensemble que nous devons au plus vite réagir, notre pays se trouvant effectivement coincé à cet endroit avec, face à une classe politique écartelée entre deux extrémismes, un peuple qui ne veut plus confier son destin à des aventuriers politiques.
Le peuple sénégalais est conscient que désormais plus personne ne devrait accéder à une fonction élective sans son assentiment régulier. Et le camp du pouvoir qui l’a bien compris, a décidé de ne commettre aucun des erreurs qui ont causé la perte du candidat Abdoulaye WADE en 2012…
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…Voilà pourquoi, même en considérant ce qui précède comme une hypothèse de travail, l’opposition est tenue de porter un projet électoral dont l’objectif impératif sera de vaincre le camp adverse à l’élection législative de 2017. Et pour réaliser une telle prouesse, elle devra parvenir à faire du peuple son allié en l’assurant de n’être plus désormais qu’a son écoute, tout en convainquant de son engagement à apporter les meilleures réponses possibles aux problèmes de développement économique et a l’ensemble de la demande sociale. La preuve de la sincérité de cette opposition étant exclusivement dans la démarche qu’elle adoptera, il lui faudra pour l’apporter, consacrer ses discours aux préoccupations du peuple et se dissoudre à son sein pour y faire naitre une force politique capable de le porter au pouvoir….
Pour toutes les épreuves électorales prochaines, la victoire de l’opposition est à ce prix et uniquement à celui-là. Ses leaders doivent unanimement l’admettre une bonne fois pour toute et réagir de manière conséquente en travaillant ensemble à l’élaboration d’un projet alternatif audacieux et crédible parce que s’appuyant sur un diagnostic objectif de la situation économique et sociale du pays. C’est alors seulement qu’ils pourront gagner la confiance du peuple. Sinon, ils seront, eux aussi, en train de le tromper.
Le Sénégal est un pays qui n’a jamais arrêté de s’enliser dans les profondeurs de la pauvreté. Et malheureusement, rien n’est encore réellement fait pour en éloigner le spectre des chefs d’état qui ne se succèdent au pouvoir que pour reproduire les mêmes pratiques dévastatrices des économies de leurs pays. Voilà pourquoi aujourd’hui, il est en train d’attendre de son opposition une offre alternative, en termes de leadership et de projet de société, crédible. Et puisqu’il lui faut des réponses appropriées parce que complètes, la constitution d’une coalition ne saurait être plus qu’un point de départ…. ».
Ainsi donc, le temps est venu pour l’opposition de démontrer son souci pour l’intérêt national et sa détermination à œuvrer pour le développement du pays tout entier. Ce qui représente plus que la capacité mille fois étalée par elle, de créer des coalitions qui n’ont servi qu’à porter des revendications. Autrement dit, si elle tient à se réconcilier avec le peuple et à vaincre l’adversaire à tous les coups, il lui faudra convenir d’un même projet électoral pour les législatives de 2017. Parce que ce rendez-vous est l’occasion d’une certaine anticipation de la troisième alternance par l’instauration d’un régime de cohabitation. La balle est donc dans le camp des leaders de cette opposition qui doivent se résoudre à quitter leurs échasses pour émettre au niveau du peuple afin de pouvoir renouveler le respect inconditionnel qu’ils lui doivent et la reconnaissance de sa souveraineté.
En effet, ce sont ces leaders qui ont toujours travesti le jeu politique en mettant au-dessus de tout, leurs ambitions ostensiblement affiché, d’accéder à la magistrature suprême. Or, il n’est pas exagéré de dire qu’il vaut mieux poursuivre d’être dirigé par le Président Macky SALL, si celui-ci devait être remplacé par quelqu’un qui ne fera qu’enfoncer d’avantage le peuple dans la misère. Et la crainte de voir cette chose se réaliser est ce qui doit pousser tous les patriotes du Sénégal à se mobiliser pour anéantir l’immobilisme et imposer un projet électoral qui permettra à une opposition véritable, parce qu’issue du peuple, de remporter la majorité des sièges de l’Assemblée nationale prochaine.
Malgré tout, il demeure qu’étant un des rares leaders à être l’objet de poursuites pénales, parmi tous ceux que concernent des soupçons de fraudes et de détournements de fonds commis à l’occasion de leurs fonctions, Khalifa SALL est une victime de plus du système qui tient en otage le Sénégal. Dès lors que les motifs de son incarcération ne sauraient tenir que sur des considérations politiciennes. Parce qu’il a publiquement adopté une attitude de défiance vis-à-vis du Président de la République et du Parti socialiste. C’est pourquoi, en exprimant ma compassion et ma solidarité à son endroit, j’invite tous les citoyens à s’impliquer plus fortement dans la lutte engagée par une frange importante des magistrats du Sénégal, pour une indépendance totale de la justice.
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