Les féministes sont en droit de réclamer qu’une loi intégrée dans notre ordonnancement juridique soit appliquée, a assuré Thierno Bocoum, Président du mouvement Agit. Tout comme les religieux sont également dans leur rôle, dans un pays fortement religieux.
Cependant, c’est le Protocole de Maputo qui, selon lui, pose problème sur les questions qui suscitent un débat, notamment celle liée à «l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste».
«Le temps de la médecine ne sera pas celle de la justice. L’inceste ou le viol ne se décrètent pas. Ce sont des actes punis par nos lois et qui impliquent le suivi d’une procédure devant aboutir à un procès juste et équitable. Le viol ou l’inceste n’est établi que lorsque l’autorité de la chose jugée s’applique sur des condamnations. L’avortement médicalisé implique un arrêt de la grossesse dans un délai raisonnable. Or, ce délai est très limité pour permettre à la justice de clôturer ses procédures et établir l’existence des crimes ou délits, après avoir instruit à charge et à décharge sur des cas d’accusation», assure-t-il.
Il estime que le Protocole de Maputo risque de permettre une autorisation d’avortement à toute femme le souhaitant, car le motif ne sera pas juridiquement prouvé.
Aussi, il pose «des problèmes d’applicabilité aussi bien dans le fond que dans le contexte d’une société réfractaire à certaines pratiques».