Bamba Ndiaye : «Les deux camps ont intérêt à la réussite du dialogue»

Membre du Front de résistance nationale (Frn) et président du Mouvement populaire socialiste (Mps-Selal), Mamadou Bamba Ndiaye est d’avis que le pouvoir comme l’opposition ont intérêt à la réussite du dialogue. Dans cet entretien accordé à Tribune, il pense que les divergences sont inévitables, non sans ajouter que les deux camps devront faire des concessions.

Après la rencontre des partis avec le ministre de l’Intérieur, il est observé de nombreuses divergences sur la composition de la commission cellulaire. Qu’en est-il réellement ?

Ces divergences sont assez inévitables dans un premier temps. Mais, je suis optimiste sur le fait qu’un accord sera finalement trouvé. Je salue le consensus qui semble se dessiner autour de la nécessité d’une commission cellulaire indépendante. Comme on dit, on ne change pas un cheval qui gagne. La méthode de la commission cellulaire a permis le succès des concertations de 1992 avec feu le président Kéba Mbaye et de celles de 1997 avec le professeur Diaité ayant abouti à la création de l’Observatoire national des élections (Onel), actuelle Commission électorale nationale autonome (Cena). La présence de fortes personnalités indépendantes et compétentes a toujours été un facteur permettant de proposer des synthèses et des compromis pour réduire les divergences entre partis politiques. À chaque fois qu’on a utilisé une méthode autre, on n’a pas pu réussir à construire un consensus entre les partis.

Mais la proposition faite par la société civile a été rejetée par certains ténors de la mouvance présidentielle…

Oui ! Les Organisations non gouvernementales (Ong) impliquées dans les élections se sont proposées pour jouer elles-mêmes le rôle de la commission cellulaire. Cela a pu paraître surprenant dans la mesure où, jusqu’ici, la société civile était partie prenante des concertations. Ce serait en somme passer du statut d’acteur à celui d’arbitre. Mais, toutes ces incompréhensions devraient pouvoir être levées par un échange direct entre les principaux acteurs.

Il y a aussi des divergences sur la présence du pôle des non-alignés….

Vous savez, de 1992 à 2014, les concertations ont toujours été des face à face entre la mouvance présidentielle et l’opposition. C’est très logique parce que conforme à la configuration réelle du champ politique. Depuis 2014, c’est vrai qu’il a existé un pôle dits des non alignés, parce qu’il existait des partis qui ne se réclamaient ni du pouvoir ni de l’opposition. Mais, ce n’est plus le cas depuis la dernière élection présidentielle. Tous les partis se sont alignés maintenant, soit pour le pouvoir soit dans l’opposition. Si on devait conserver un pôle des non alignés, on aurait des situations très embarrassantes. Vous verriez par exemple, le chargé de la communication du Front de résistance nationale (Frn) siéger en dehors dudit front de résistance. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.

L’opposition semble craindre que l’existence de ce troisième pôle soit une manœuvre du pouvoir. Vous le pensez ?

Cela ne peut pas être le cas puisque, avec l’exemple que j’ai donné, vous voyez que de nombreux membres de ce pôle sont des composantes très actives du Front de résistance nationale. Personne ne peut les manipuler ou les manœuvrer. Il s’agit simplement de s’adapter à l’évolution et de ne pas s’accrocher à un schéma qui n’est plus pertinent.

Finalement, quel est votre pronostic sur l’issue de ce dialogue ?
Comme toute négociation, elle peut aboutir ou non. Mais, il me semble qu’aujourd’hui, au sortir de la dernière présidentielle, notre démocratie a besoin d’être quelque peu oxygénée. Que la confiance revienne entre les acteurs. Mais surtout, entre le peuple et la classe politique. C’est pourquoi, je pense qu’aussi bien le pouvoir que l’opposition, ont intérêt à un succès du dialogue.

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