Le camp du maire de Dakar est en train de travailler au corps Ahmed Aïdara, le député-maire de Guédiawaye, pour le convaincre de retirer sa candidature à la présidence de l’Assemblée nationale. Les arguments pour obtenir son ralliement tiennent au fait que sans Aïdara, Barthélemy Dias serait élu, et pourrait ainsi éviter la prison dans l’affaire Ndiaga Diouf. Et le même Aïdara pourrait se retrouver ministre dans un gouvernement de cohabitation.
Tant que ce n’est pas fini, rien n’est terminé, dit-on. Cela pourrait s’appliquer au feuilleton autour d’un fauteuil, qui occupe aussi bien les parlementaires de Benno que ceux de l’opposition. Il n’y a pas que l’opinion qui s’intéresse à l’identité de l’individu appelé à occuper le siège de la deuxième personnalité de l’Etat à partir de lundi prochain. Les différents députés des différentes chapelles sont eux aussi dans le même état d’esprit. Et même doublement en ce qui les concerne, parce que beaucoup d’entre eux ont commencé à faire des rêves en couleur, se disant que l’actuelle configuration de l’Hémicycle était propice à tous les scénarii.
Néanmoins, si Macky Sall peut estimer avoir bien verrouillé son camp, ses adversaires, pour leur part, chercheraient plutôt à colmater les brèches. Car si la Conférence des leaders a pu imposer aux différents candidats de garder le silence par rapport à leurs ambitions et leur stratégie, elle n’a pas pour autant pu mettre un terme à leur soif de pouvoir.
Le Quotidien a appris que le camp du maire de Dakar, Barthélemy Dias, est en train de travailler au corps son collègue maire de la ville de Guédiawaye, Ahmed Aïdara, pour que ce dernier retire sa candidature et lui laisse un boulevard. Barthélemy Dias est convaincu que si la coalition Yewwi askan wi (Yaw) présentait une candidature unique, en sa personne, elle serait en mesure de convaincre ses alliés de Wallu de retirer la candidature de Lamine Thiam, le député-maire de Kébémer. Le maire de Dakar aurait alors devant lui un boulevard. Les partisans du fils Dias se disent convaincus que l’harmonie apparente qui règne dans le camp de Benno bokk yaakaar n’est qu’apparence, et que des votes-sanctions ne manqueront pas de se manifester, en cas de choix «contestable» pour le fauteuil, opéré par le chef de la coalition, Macky Sall.
Dans ces conditions, le candidat présenté par l’opposition, Yaw en théorie, ne manquerait pas de monter au Perchoir. Et tout cela ne tiendrait qu’à la candidature ou non de Ahmed Aïdara. Mais l’argument massue présenté face à la candidature de M. Aïdara est rien de moins que la liberté des deux ténors de l’opposition que sont Barthélemy Dias et Ousmane Sonko.
Il a été fait remarquer au maire de Guédiawaye que la seule possibilité pour Barthélemy Dias d’échapper à la prison à l’issue de son procès en Appel dans l’affaire de la mort de Ndiaga Diouf, serait de devenir président de l’Assemblée nationale. «Par ce biais, il serait difficile à Macky Sall d’obtenir la levée de son immunité parlementaire et son incarcération, s’il venait à être jugé coupable par la Cour d’appel», indiquent ses partisans. D’ailleurs, les mêmes personnes se disent convaincues que si Barthélemy Dias se retrouvait en prison pour ce crime, Ousmane Sonko ne tarderait pas à l’y retrouver. «On peut être sûrs que dans cette hypothèse, le président de la République serait suffisamment enhardi pour accélérer le procès de Ousmane Sonko dans l’affaire du viol contre Adji Sarr, et d’obtenir là aussi sa condamnation.» Le but dans les deux cas, selon ces membres de Yaw, étant d’obtenir la mise à l’écart de deux farouches opposants à un éventuel troisième mandat de Macky Sall.
Et puisqu’il n’y a pas de marché sans contrepartie, les gens font croire à Ahmed Aïdara que l’opposition au Perchoir pourrait imposer une cohabitation au Président Macky Sall. Et dans cette hypothèse, rien n’empêcherait que le maire de Guédiawaye se retrouve à la tête d’un ministère.
Le Quotidien a tenté en vain de joindre le député-maire de Guédiawaye pour obtenir un commentaire de sa part sur ce schéma qui lui a été soumis. Il semble que M. Ahmed Aïdara ait été très occupé hier, car son téléphone sonnait tout le temps «occupé». Le journal n’est donc pas encore en mesure de dire ce qu’il en pense réellement.
Avec lequotidien