Bataille des femmes leaders pour la promotion de l’égalité dans le Fouta : Bineta Hanne, Cheffe de la SIPA de Thiambé

Bineta Hanne, comme la plupart des jeunes Foutankaises, a dû arrêter ses études scolaires, pourtant très prometteuses, pour se marier et rejoindre le domicile conjugal après une formation en secrétariat de bureau. Ce qui n’a pas fléchi sa grande détermination de réussir, car avec les qualifications de base qu’elle a obtenues, elle monnaye ses compétences dans un projet de développement, avec un maigre salaire dont elle épargne une partie pour se payer des études en secrétariat de direction. Une ambition qu’elle aura d’ailleurs du mal à concrétiser, malgré sa forte détermination, à cause des multiples exigences de la vie.

 
En 2010, le PRODAM (Projet du développement agricole de Matam), qui développe les sociétés d’intensification de la production agricole (SIPA) qui sont des entreprises paysannes de type SARL, gérées par des associés rémunérés avec les bénéfices réalisés, lui ouvre les portes de l’entrepreneuriat. Ces entreprises rurales gèrent 120 à 150 jeunes et disposent d’un patrimoine foncier de 40 ha, d’un forage agricole d’un débit moyen de 150 m3/h, d’un magasin de conditionnement et de groupe électrogène. Le dispositif technique mis en place permet d’assurer une agriculture permanente en deux à trois cycles de production par an. 
 
Elles se proposent de booster la production et la productivité agricoles pour passer de la sécurité alimentaire à la sécurité économique, de créer des emplois durables en milieu rural et de lutter contre l’émigration. Bineta se saisit de l’opportunité qui s’offre à elle et devient gérante de la SIPA de Thiambé qui se trouve dans sa localité. Ainsi, elle devient chef de l’entreprise en plaidant le respect, la sincérité dans le travail, la ponctualité, le respect des cotisations, la transmission et le partage des informations relatives à la SIPA et à son fonctionnement, aidée en cela par les chefs de groupe. Elle veille au grain, au code de conduite édicté par le règlement pour la bonne mise en œuvre des activités de productions dans le périmètre. Bineta Hanne la gérante, qui s’offre le challenge de bousculer certaines pesanteurs socioculturelles, multiplie les initiatives pour la pérennisation des acquis de ce modèle créateur de richesses et d’emplois dans son terroir. La SIPA cultive sur plusieurs hectares : sorgho, niébé et melon avec une bonne planification échelonnée en fonction des besoins du marché. En travaillant d’arrache-pied au quotidien pour la réussite de l’entreprise. 
 
Selon elle, c’est le travail qui construit la réussite. Ainsi, pousse-t-elle ses sociétaires, surtout les femmes, à relever les défis en changeant de comportement et à se concentrer sur le travail. «Au début, nous avons rencontré des difficultés, en recevant de faibles revenus. Les choses se sont améliorées par la suite, l’entreprise a pu contractualiser avec des opérateurs et aujourd’hui, nous exportons du gombo labellisé en Europe avec des revenus acceptables. Ce qui représente une avancée qualitative dans la vie des bénéficiaires en termes de scolarisation des enfants, de la santé et des moyens d’existence des ménages», fait-elle savoir. Avec l’avènement de l’exportation du gombo, la SIPA de Thiambé se professionnalise de plus en plus avec une grande dextérité dans la collecte, le tri, la préparation, le conditionnement et le transport du produit. Entretemps, le volume du travail, devenu tellement important, a favorisé le recrutement de journaliers rémunérés entre 2 500 et 3 000 F CFA, des sources de revenus qui appâtent les jeunes, surtout les collégiens et les lycéens durant les vacances. 
 
«Nous pouvons créer de la richesse, car nous voyons grand en termes de productivité et de mise en marché. Le PRODAM a mis en branle les rampes de la sécurité économique. C’est une opportunité que nous devons bien saisir par la consolidation des activités économiques que nous faisons depuis quelques années. Jusque-là, c’est l’électricité (factures élevées) qui péjorait nos bénéfices. Avec l’installation du solaire, l’avenir est plus radieux», explique la gérante qui est devenue la présidente des SIPA de la région. De plus en plus, les femmes se distinguent dans l’agriculture. Au début, poursuit-elle, « l’entreprise se composait de 20 % de femmes et de 80 % d’hommes, mais au fil du temps, les femmes n’ont cessé de démontrer leur bravoure et leurs aptitudes à exercer les travaux agricoles. Ce qui a fini par porter leur représentation à près de 90 %». 
 
Selon elle, c’est là «tout un challenge que les femmes ont réussi en bousculant certains préjugés liés aux pesanteurs socioculturelles pour construire leur présence». Et de poursuivre : «Aujourd’hui, l’agriculture a connu des innovations importantes qui permettent à la femme de faire de l’agriculture sans difficulté et de changer son train de vie. C’est le travail qui construit la réussite. J’exhorte les femmes à relever le défi en changeant de comportement et à se concentrer sur le travail.» 

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