Bâtir le  développement des cités religieuses (Mamadou SY Albert)

La célébration de la naissance du Prophète Mouhamad (P.S.L) par les musulmans sénégalais a été de nouveau, ce week-end, un grand moment de ferveurs religieuses dans les capitales et les centres traditionnels d’attraction des fidèles. Au-delà de la dimension religieuse du Gamou, (célébration de la naissance du Prophète Muhammad  (P.S.L.)) devenant désormais un évènement ancré dans la culture islamique, le Sénégal devrait penser une politique de développement harmonieux des cités religieuses.
Construire une politique capable de prendre en charge les questions majeures auxquelles les autorités religieuses, administratives, politiques et les populations se heurtent de manière récurrente est un enjeu du présent et du futur des centres spirituels. L’État central, les collectivités territoriales et les guides religieux devront rompre avec les orientations héritées de l’assistanat étatique clientéliste et  bâtir ensemble une politique de développement des cités religieuses.
La trajectoire des guides religieux musulmans sénégalais commence à ses débuts par l’installation du Marabout fondateur, sa famille et ses disciples, dans des zones rurales enclavée et souvent arides. Progressivement, le village terroir élargit son périmètre en fonction de l’influence religieuse et la notoriété du guide spirituel au génie des pères bâtisseurs de villages sortis de nulle part, sinon des hameaux et d’une vision prospective. Cette vision va se traduire par une politique de diffusion intelligente du Coran, du message du Prophète de l’Islam, Mouhamad (P.S.L.), par l’organisation des communautés ethniques et par des activités économiques de production agricole assurant l’autosuffisance alimentaire. Le Marabout jouera un rôle essentiel dans l’éducation, la formation et le développement économique, social et culturel de son village et de sa communauté. Les Marabouts ont façonné des terroirs et mis en place des modèles de communautés.
L’école coranique ou «daara», occupera  une fonction fondamentale dans l’expansion de l’Islam à travers la formation de l’élite arabophone, l’éducation des jeunes enfants et la construction des mosquées. L’école coranique, la mosquée et le travail champêtre, constituent ainsi les fondements de la confrérie et plus particulièrement de la zawiyaa, centre des activités phares et génériques des chefs religieux et des communautés villageoises insérées.
Ces trois piliers que représentent l’école coranique, la formation islamique et le travail agricole, structurent progressivement le développement des cités religieuses en les érigeant centres d’attraction et pôle de référence de leurs fidèles. Des décennies et des décennies durant, bien après leur création, ces nouveaux terroirs fondés par des guides religieux fondateurs de tarikhas, sont passés de zones rurales enclavées, sans eaux, sans électricité, en des Cités Religieuses complètement transformées et attirant de plus en plus de fidèles à l’occasion des grands évènements religieux musulmans. Le Gamou consacré à la naissance du Prophète (P.S.L.) est un des indicateurs de l’influence culturelle et spirituelle grandissante des cités religieuses. Ils sont des milliers et des milliers de fidèles à se répandre dans la capitale de la Tidianya et dans les autres centres religieux musulmans du Sénégal.
Les foyers religieux vont attirer au cours des prochaines années et décennies des fidèles plus nombreux. Paradoxalement, le développement social et économique de ces cités religieuses ne suit ni le rythme de l’influence, ni les mutations sociales, culturelles et économiques. Les capitales religieuses et les centres d’attraction de l’Islam connaissent des mutations profondes. La population augmente. Le commerce informel s’accroît. Les besoins en éducation et en matière d’accès à l’eau, à l’électricité, à la santé et à l’emploi se multiplient à une vitesse insoupçonnée.
 Les cités religieuses ne peuvent prendre en charge les énormes besoins humains et les préoccupations de développement des communautés de base. Face à cette situation exerçant une pression sans précédent sur le présent et le futur des cités religieuses, l’État central et les collectivités territoriales ne proposent guère une politique de développement cohérente et harmonieux à la hauteur des exigences du développement et des mutations de l’urbanisation de ces centres entrant de gré ou de force, dans l’urbanisation. Les gouvernements actionnement une politique consistant à assurer, pendant les fêtes religieuses, la sécurité des biens et des personnes. Il vient également en appui dans le domaine de la santé, de l’alimentation, etc.
Cette politique de l’assistanat touche à ses limites historiques. Elle ne peut répondre aux questions que suscitent les besoins des communautés de base et les exigences du développement des communautés rurales se transformant en villes et en centres péri-urbains. Il faut penser une politique de développement de ces cités religieuses. L’État central, les collectivités territoriales et les guides religieux devraient envisager ensemble une politique globale à la hauteur du développement des sites religieux. Le visage de la Cité Religieuse va se modifier en profondeur. Le système éducatif, la politique sanitaire, l’emploi, les infrastructures de base, les transformations industrielles des produits de l’agriculture et le tourisme religieux, doivent être articulés à une politique cohérente et pertinente du développement des cités religieuses. Il devrait être possible de renforcer l’influence religieuse et spirituelle et de créer les conditions d’un développement endogène de ces cités religieuses, à l’instar du génie créateur des fondateurs des terroirs multiséculaires de l’Islam.
Mamadou SY Albert

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