Braquage à main armée : « Kédougou est une région sécurisée. Tous les sites d’orpaillage clandestins seront démantelés » (Saër NDAO)

Une semaine après le braquage à main armée ayant entraîné la mort de deux personnes à Djindji localité située dans la commune de Bandafassi (département de Kédougou), les autorités administratives rassurent les populations de la région de Kédougou et les invitent à une collaboration franche pour faire face au défi sécuritaire. Pour ce faire, tous les sites d’orpaillage clandestins, véritables sources d’insécurité, seront démantelés. Dans cet entretien accordé à Seneweb, le gouverneur de la région de Kédougou se prononce pour la première fois sur les enjeux sécuritaire de la région.
 
Avec  ce  braquage survenu  à Djindji qui a entraîné deux morts la semaine dernière, est ce qu’on peut parler de recrudescence de la violence dans la région de Kédougou ?
 
Saer Ndao : Non ! On ne peut parler de recrudescence de la violence. En fait, il s’est passé quelque chose de regrettable. C’est ce braquage qui a fait deux morts que nous regrettons tous et qui  a été l’œuvre d’assaillants encagoulés. Et souvent quand ces genres de situations se produisent, les populations peuvent être quelquefois désemparées mais ce qui est sûr c’est que nous les rassurons pour leur dire que Kédougou est une région bien sécurisée. Maintenant, voilà pourquoi nous sommes en train de combattre l’orpaillage clandestin parce que cela s’est passé dans les sites clandestins. Et comme on ne sait pas ce qui se passe dans ces sites clandestins, il est un peu difficile d’apporter la réponse sécuritaire appropriée. C’est pourquoi nous demandons aux gens d’être beaucoup plus conciliants, de participer à cette recherche effrénée de sécurité : c’est le renseignement que nous sommes en train de  mettre en avant et là, si les populations acceptent de nous accompagner, la sécurité sera assurée. Donc c’est au niveau des sites clandestins qu’on a quelques difficultés et c’est pourquoi nous allons continuer à les réprimer, à les démanteler, à  essayer de faire de sorte que les gens puissent exploiter l’or en phase avec la réglementation.
 
Des voix s’élèvent de plus en plus du côté des maires qui partagent les frontières avec le Mali et la Guinée pour réclamer des postes avancés de gendarmerie pour un maillage sécuritaire de la région parce qu’ils ont constaté un repli soudain de ces positions. Qu’en est-il concrètement ?
 
En réalité, les postes de gendarmerie avancés ne règlent pas le problème. Parce qu’un poste, c’est un effectif réduit et qui demande beaucoup de logistique et de matériel roulant. Maintenant, si nous mettons en place un poste où il n’y a pas assez d’effectifs et le matériel qu’il faut, ce n’est plus un poste rentable. Nous pensons qu’il faut mettre en synergie les moyens et essayer  de mettre en place un dispositif parce que ce qui va être fait à Saraya en matière de prise en charge sécuritaire avec la gendarmerie va beaucoup plus apporter un maillage au niveau territorial et ce sera l’occasion de rassembler les efforts et les moyens pour agir vite. Il restera maintenant de gérer le renseignement  avec la complicité des populations. Vous savez, la prise en charge sécuritaire est une affaire de la communauté. Si nous avons le renseignement en amont, nous pourrions anticiper sur les velléités de délits et de crimes qui peuvent vraiment être annihilés.
 
 
L’autre préoccupation des populations frontalières avec les républiques du Mali et de la Guinée est l’érection d’un cantonnement militaire et d’un centre de secours pour parer à toutes éventualités
 
Nous sommes d’avis avec ces populations. Nous sommes en train de renseigner un document pour informer l’autorité sur l’urgence qu’il y a pour ériger un centre de secours à Saraya compte tenu de l’étendue du département et puis c’est une voie de passage vers nos voisins du Mali. A partir de ce moment, c’est une zone qui doit être couverte pour diminuer le risque d’intervention. Vous savez, la prise en charge sécuritaire obéit à une planification qui répond à plusieurs critères : l’effectif, la population, l’orientation stratégique, les positions … et à ce niveau, les professionnels de la sécurité sont avertis. On parle de l’armée. Elle est bien présente à la frontière avec le 34ème bataillon d’infanterie qui fait une nomadisation et occupe complètement la frontière. Ensuite il y a des exercices qu’on mène au niveau de Saraya pour préparer les forces de défense et de sécurité à apporter la réponse qu’il faut en cas de situation et rassurer davantage les populations ; ce n’est pas en mettent des brigades de gendarmerie et des cantonnements militaires un peu partout que nous allons assurer une bonne sécurité. Il faut une bonne planification de nos moyens de nos ressources et en fonction de cela, voir quelle est la meilleure stratégie à mettre en œuvre pour aborder ce dispositif sécuritaire.
 
Monsieur le gouverneur, au regard de la prolifération des sites d’orpaillage clandestins véritables sources d’insécurité, que comptez-vous justement à ces niveaux ?
 
Les sites d’orpaillage clandestins qui foisonnent un peu partout sont bel et bien connus des populations. Elles ne le signalent jamais tant qu’il n’y pas de problèmes et cette attitude renforce l’insécurité à ces niveaux. Et nous menons beaucoup d’efforts pour les démanteler et nous continuerons dans cette dynamique car ce sont de véritables sources d’insécurité. Et là-bas, nous ferons le nécessaire pour que ces sites clandestins disparaissent à jamais. Enfin, nous avons demandé aux populations qui travaillent dans l’exploitation de l’or de s’organiser, de se formaliser et de venir vers les autorités pour qu’on les oriente vers la posture qu’elles doivent avoir.

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