Cheikh Oumar Anne : «Toute idée d’année blanche ou invalide est écartée»

Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Cheikh Oumar Anne, rassure le monde estudiantin et l’ensemble des autorités universitaires sur la bonne tenue pour ne dire la suite à donner à l’année académique qui fait face à la pandémie du coronavirus. Dans cet entretien accordé à Tribune, il écarte toute idée d’année blanche ou d’année invalide, arguant que toutes les mesures sont prises. Ceci, en parfaite entente avec l’ensemble des acteurs tout en tenant compte des impacts du covid-19.

 

Par Abdoulaye MBOW

 

Au moins deux mois depuis que les universités sont fermées à cause de la pandémie du coronavirus. Aujourd’hui, à quoi s’attendre par rapport à l’année académique ?

 

La fermeture des universités s’est faite dans un contexte particulier avec la présence du coronavirus. C’est pourquoi, sous la houlette du président de la République, le gouvernement se devait de prendre des mesures fortes pour protéger le peuple sénégalais. Et, il faut savoir que les écoles et les universités sont des milieux où le virus peut circuler. Donc, il fallait analyser à partir de l’évolution de l’année académique et scolaire ainsi que de nos capacités, après la crise, les retards à constater, pour trouver les bonnes solutions. Donc, depuis deux mois, les universités sont fermées. Il faut rappeler qu’à ce niveau, nous gérons deux niveaux, à savoir le milieu académique et social. Si au niveau social nous avons fermé les campus, il faut surtout préparer le retour prochain des étudiants dès que les conditions le permettront. Maintenant, il faut aussi dire que le ministère et les institutions universitaires, les établissements du supérieur travaillent au quotidien sur la réouverture. À ce propos, il faut rappeler que le gouvernement s’est déjà prononcé en indiquant clairement qu’une année blanche est impensable, aucun projet dans ce sens n’est à l’étude. L’état des lieux nous a amenés à constater que le semestre 1 était très avancé. C’est le cas à Dakar, Thiès, Bambey, Saint-Louis où les gens étaient à un niveau où il était même question de préparer les évaluations. Comme vous le savez, dans le système LMD, la période ce sont les semestres et non l’année. Cela veut dire que les universités sont déjà très en avance.

 

De manière plus précise, l’année pourrait-elle être sauvée ?

 

Je tiens à préciser que les évaluations académiques se font essentiellement et exclusivement au niveau des instances académiques qui sont les seules habilitées à se prononcer sur ces genres de questions. La prérogative du ministère de l’Enseignement supérieur est de s’appuyer sur ces évaluations et de veiller au respect des textes. À ce jour, il n’y a pas de différence d’appréciation entre nous et les représentants des universités. Je parle des recteurs, doyens de facultés, directeurs des Ufr et chefs de départements. À ce niveau, je précise encore que les questions académiques se traiteront exclusivement à ce niveau. Nous, nous ne pouvons qu’être destinataires des analyses, des constats et des propositions qui sortent de ces instances. C’est à partir de tout cela et des rencontres que nous avons eues avec les composantes de la communauté universitaire, que nous avons constaté que ceux qui animent le système sont déterminés à sauver l’année. Donc, c’est à partir de ce moment que le gouvernement leur a demandé d’aller vers des consultations et de faire des propositions. Nous avons instruit les autorités universitaires de mettre en œuvre ces décisions qui seront élaborées dans leurs instances. Ensuite, le gouvernement les accompagnera. Il s’est également posé la question du téléenseignement. Je dois dire que le ministère, à aucun moment, n’a émis une proposition pour aller dans ce sens. Cela reste une décision exclusivement académique. Mais, dans l’analyse des faits, nous avons constaté que des partenaires étaient en train de travailler sur des modèles. En tout cas, dès le retour à la normale, le ministère va évaluer la situation. On verra ce qui a été capitalisé, mais en tout état de cause, le présentiel sera une donnée incontournable car, il s’agira de voir tout ce qui a été fait, délivrer des cours et aller aux examens présentiels dès que les conditions le permettront.

 

Ce qui veut que l’on peut écarter toute idée d’année blanche ou d’année invalide ?

 

On peut écarter toute idée d’année blanche parce que dans toutes les institutions universitaires, des pas importants ont été déjà faits. En plus, comme je l’ai dit, les avancées du semestre 1 nous permettent de tout capitaliser et éviter de parler d’année blanche ou d’année invalide. Il n’est pas possible que le système laisse en rade un seul étudiant car, tout sera bien géré et à toutes les échelles. Je dois aussi dire que des partenaires sociaux ont été rencontrés. Fort heureusement, ils ont compris que la problématique qu’ils défendaient dans leurs différentes déclarations, n’engageaient aucunement le ministère de l’Enseignement supérieur qui n’a jamais donné des orientations dans ce sens. Ils ont constaté que l’autonomie des universités était un des piliers de l’évolution de la gestion de nos institutions universitaires. Donc, ils ont compris et bien compris que les questions académiques ne sont pas du ressort du ministère. Notre démarche est constante lorsqu’il s’agit de rencontrer les différents acteurs pour aller ensemble de l’avant. Je rappelle que la seule déclaration rendue publique sur le covid-19 est du conseil restreint de l’assemblée de l’Université Cheikh Anta Diop. Donc, il est bon de rétablir la vérité et justement éviter des fausses déclarations qui n’engagent en rien le département de l’Enseignement supérieur.

 

Il est retenu la date du 4 mai pour la reprise. Mais, faut-il l’inscrire sur le tableau de la probabilité ?

 

On évalue. Dans chaque université et établissement, il y a un dispositif pour faire l’évaluation. Des démarches ont été déjà entreprises. Mais, pour le 4 mai, cette semaine, il s’agira de faire des évaluations avec les acteurs et les étudiants qui sont actuellement en confinement dans leurs domiciles et localités respectives. Maintenant, rien n’a été déterminé. Ce qui est en train d’être pris en compte, ce sont des décisions académiques qui relèvent de l’autonomie des universités. Donc, dans la réflexion, le ministère ne fait que veiller. Ce qui veut dire que ce sont encore une fois des décisions purement académiques émanant des autorités universitaires. Nous sommes dans une crise et les autorités universitaires vont en tenir compte. Je fais confiance au corps professoral. Ce qui veut dire qu’à chaque étape ils décideront d’aller vers des examens. Cela voudra dire que les conditions idoines sont effectivement réunies.

 

Peut-on s’attendre à des réajustements conjoncturels et structurels ?

 

Après le covid-19, il faudra nécessairement faire des évaluations et prendre les dispositions qu’il faudra. Il est clair qu’au niveau des universités, il y a beaucoup de comportements qu’il faudra bannir, il faudra aussi revoir la redistribution des moyens, il faudra que le cadre se mette à niveau dans le respect des règles d’hygiène pour que les cours se tiennent normalement. Il y a donc énormément des choses à faire et donner les points de vue du gouvernement pour des orientations. Comme tous les secteurs, nous serons impactés, mais cela semble être maîtrisable.

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