Cheikh Yérim : «Je préfère dix ans de prison que de rester aphone…»

Placé sous contrôle judiciaire, depuis mercredi dernier, le journaliste Cheikh Yérim Seck n’a pas mis de gants pour fustiger les raisons pour lesquelles il a été convoqué par les enquêteurs de la Section de Recherches de la gendarmerie de Colobane, avant d’être déféré au parquet. Pour le journaliste, il est impensable de rester aphone sur certains dossiers scandaleux qui secouent le pays, et il dit préférer dix ans d’emprisonnement que de rester muet comme une carpe.  

 

Par Pape Moussa TRAORÉ

 

Cheikh Yérim Seck rate rarement l’occasion de se taire. Les quatre jours passés entre les mains des enquêteurs de la Section de Recherches de la gendarmerie de Colobane et le Parquet du tribunal de Dakar semblent, au contraire «doper» le journaliste. Hier, dans une déclaration télévisée, Cheikh Yérim Seck est déjà d’attaque : «Je suis sous contrôle judiciaire. Autrement dit, le juge m’a fait savoir que je ne peux plus reparler du dossier, je ne peux plus aussi sortir du territoire national, mais aussi de venir tous les dix jours pour émarger. Je veux faire savoir qu’on ne me met pas la bride. Ils se trompent s’ils pensent que je ne vais plus parler des dossiers qui secouent le pays. Je préfère dix ans de prison que de rester aphone dans certains dossiers. Je vais encore parler et jouer mon rôle dans la démocratie», a déclaré le journaliste.

Et ce dernier de poursuivre : «M’inculper sous contrôle judiciaire pour me faire taire est peine perdue. Je suis prêt à aller à Rebeuss et qu’ils préparent ma cellule», a-t-il ajouté, avant de revenir sur les grandes lignes de son audition : «À la fin de l’interrogatoire, les enquêteurs m’ont demandé si je devais rajouter quelque chose. Je leur ai dit trois choses, à savoir : la première est que, je ne peux comprendre, au moment où je suis convoqué à la Section de Recherches de la Gendarmerie nationale, la famille Farès qui est dans le groupe épinglé par la gendarmerie pour évasion fiscale continue à vaquer tranquillement à ses occupations. C’est affligeant ! La deuxième chose est que le ministre de la Justice, Me Malick Sall, mouillé jusqu’au cou sur ce scandale, était dans une radio en train de me proférer des menaces. La troisième chose est que dans ce pays, on parle de la température et on veut briser le thermomètre. Je n’ai fait que parler des faits réels dont les auteurs sont libres».

Cheikh Yérim Seck, inculpé et placé sous contrôle judiciaire, rejette avec la dernière énergie, l’idée selon laquelle il lui est interdit de sortir du territoire. «Les enquêteurs m’ont demandé mon passeport et je prends à témoin le peuple sénégalais. Je suis membre de deux cellules qui réunissent des intellectuels pour la marche du monde dans les ans à venir. Je dois respecter mes engagements envers ses structures. Si l’espace aérien sera rouvert, je prendrai les airs», a-t-il promis.

 

«Je ne suis pas insolent ni grossier. J’ai une expression corporelle»

 

Aux yeux de ce dernier, cette convocation et audition ne sont d’autre qu’un moyen pour l’intimider. Ce, après les jours passés en garde-à-vue dans les locaux de la gendarmerie de Thionk. «Les trois jours que je suis resté en détention ont été éprouvants. C’est pour cela que j’ai décidé d’aller à la rencontre d’Alioune Tine et de Seydi Gassama et Me Assane Dioma Ndiaye. Un pays comme le Sénégal, les conditions de détention doivent être revues. J’ai l’impression que nous avons des poulaillers pour y garder-à-vue des gens. Les conditions sont mauvaises. Mêmes les moutons ne peuvent être dans ces conditions. Mais toutes ces conditions étaient juste une stratégie pour me faire peur, pour m’intimider. Ils me connaissent mal. Je suis incapable d’avoir peur», a-t-il fait savoir.

En effet, il a été notamment reproché au journaliste d’avoir divulgué des informations contradictoires avec le contenu d’un procès-verbal d’enquête portant sur une affaire de détournement à «Batiplus», une entreprise privée gérée par des ressortissants libanais, mais aussi, outrage à officier de police judiciaire dans l’exercice de ses fonctions». Ce que Cheikh Yérim Seck réfute catégoriquement : «Quand j’ai quitté les lieux, ils m’ont ensuite appelé pour me dire que j’ai commis le délit d’outrage à agent. Je ne suis pas insolent ni grossier. J’ai une expression corporelle», a précisé le journaliste.

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