Mouhamed Thiaw, âgé de 28 ans, a été condamné à une peine de deux ans de prison, dont six mois ferme, par le tribunal des flagrants délits de Dakar. Il a été reconnu coupable de collecte illicite de données à caractère personnel. Sa compagne, Ela, une Suédoise très suivie sur Instagram, avait porté plainte après qu’il l’a menacée de diffuser des vidéos intimes de leurs ébats sur des sites pornographiques et auprès de ses proches.
Mouhamed et Ela se sont rencontrés lors d’une soirée à Dakar. Attirés l’un par l’autre, ils sympathisent autour d’un verre et échangèrent leurs coordonnées. Ce qui ne semblait être qu’une rencontre fortuite s’est rapidement transformé en une relation amoureuse. Cependant, les intentions des deux partenaires étaient très différentes : Ela cherchait une relation sans attache, tandis que Mouhamed espérait quelque chose de plus sérieux et durable. Après plusieurs rendez-vous, le couple a fini par avoir des rapports sexuels dans la chambre d’Ela. C’est alors que Mouhamed, sans en informer sa partenaire, décide de filmer leur œuvre chair.
Quelques jours plus tard, Ela met un terme à leur relation, jugeant qu’ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde. Ce refus catégorique de continuer leur liaison a poussé Mouhamed à commettre l’irréparable. Il commence à la menacer, déclarant qu’il diffuserait les vidéos compromettantes sur internet, notamment sur des sites pornographiques, si elle ne cédait pas à ses avances. Pire encore, il lui fait savoir qu’il est prêt à envoyer ces images à ses amis et même à ses parents. Déterminée à protéger sa réputation et son intimité, Ela décide de saisir la justice.
L’affaire a été évoquée ce lundi devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. D’emblée, Mouhamed Thiaw n’a pas nié les faits qui lui étaient reprochés. Il a reconnu avoir filmé leur relation sans le consentement d’Ela et utilisé ces vidéos pour la menacer. Il a toutefois tenté de se justifier devant la barre : «Nous nous sommes vus à quatre reprises. Lors de notre dernière rencontre, j’ai remarqué une caméra dans sa chambre. Quand je lui ai demandé si elle fonctionnait, elle m’a assuré qu’elle était défectueuse. J’ai alors pensé qu’elle avait pu me filmer à mon insu. Par méfiance, j’ai pris mon téléphone et décidé de la filmer en cachette pendant que nous étions ensemble. Oui, je lui ai envoyé des messages pour la menacer, mais mon intention n’était pas de ternir son image ou de lui soutirer de l’argent. Je voulais simplement qu’elle accepte de me revoir.»
Mais sans compter sur l’avocat de la partie civile qui souligne la gravité des faits. La robe noire dénonce un comportement abusif, soulignant que l’accusé avait accédé au compte Instagram d’Ela, capturé ses contacts et utilisé ces informations pour l’intimider. L’avocat de la partie civile a déclaré : «Il ne s’est pas contenté de la menacer verbalement. Il a clairement dit : ‘’Si tu ne viens pas me voir, je vais envoyer ces images à tes contacts.’’ Nous ignorons jusqu’à présent si ces vidéos ont déjà été partagées avec ses amis ou si elles circulent sur des sites pornographiques.»
Le ministère public, convaincu de la culpabilité de Mouhamed Thiaw, a requis une peine de deux ans d’emprisonnement, dont un an ferme. L’avocat de la défense, Me Ndiongue, a plaidé pour la clémence, soulignant que son client n’avait pas agi dans le but de nuire ou d’en tirer un quelconque profit financier : «Mon client est un jeune homme désorienté, qui n’a pas su gérer le rejet. Il a agi sous le coup de l’émotion et de la frustration. Il regrette profondément ses actes et demande pardon à la victime ainsi qu’au tribunal.»
Finalement, le tribunal après en avoir délibéré a reconnu Mouhamed Thiaw coupable des chefs d’accusation. Le prévenu a écopé d’une peine d’emprisonnement de deux ans de prison, dont six mois ferme.
Actunet avec Aïssatou TALL