La détention jugée arbitraire de Karim Wade était à l’ordre du jour de la présentation du cinquième rapport périodique du Sénégal devant le Comité des Droits de l’homme des Nations Unies, les 14 et 15 octobre 2019, en marge de la 127ème session du Comité des droits de l’homme. À cette occasion, le directeur des Droits de l’homme, Moustapha Kâ, a laissé entendre que le Sénégal était dans les dispositions de dédommager Karim Wade. Il a pourtant été rappelé à l’ordre – d’abord par un démenti du ministère des Affaires étrangères, puis par une demande d’explication du ministère de la Justice aux relents de clair-obscur.
Appréciant cette situation, les avocats de Karim Wade disent prendre acte de l’engagement pris par l’État du Sénégal à Genève, le 15 octobre 2019, devant le Comité des droits de l’homme, de respecter les décisions de cette institution des Nations Unies relatives aux violations des droits fondamentaux de leur client par les autorités politiques et la justice sénégalaises.
«Le Sénégal s’est engagé à permettre un réexamen de la déclaration de culpabilité de Karim Wade»
Me Ciré Clédor Ly, Me Demba Ciré Bathily, Me Michel Boyon et Me Seydou Diagne se disent surpris par le communiqué publié le 17 octobre par le ministère des Affaires étrangères qui contredit cet engagement. À leurs yeux, le Sénégal a reconnu que Karim Wade avait subi un préjudice du fait de sa détention arbitraire et de sa condamnation et qu’il était fondé à en obtenir réparation.
Dans leur entendement, le Sénégal a aussi reconnu que la mesure de grâce ayant permis la libération de Karim Wade avait été exclusivement décidée pour l’application des recommandations du Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, en dehors de tout marchandage politique ou «Protocole de Reubeuss» comme certains ont pu l’affirmer. Les avocats affirment par ailleurs, que l’État s’est engagé à réformer la Cour de répression de l’enrichissement illicite, notamment en ouvrant un droit de recours contre les décisions de cette juridiction d’exception. Sans compter que l’État s’est engagé à permettre un réexamen de la déclaration de culpabilité et de la condamnation frappant leur client.
Relevant que le Comité des droits de l’homme des Nations Unies a fait remarquer à la délégation sénégalaise que la grâce octroyée à Karim Wade n’allait pas dans le sens de la constatation du Comité, car elle n’annule pas la condamnation, ses conseils invitent l’État du Sénégal à respecter scrupuleusement les traités internationaux, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (1966), qui garantissent le respect de l’État de droit, des libertés publiques et de la démocratie.