Confinement, paupérisation : Gorée esclave du virus

Par Mohamed NDJIM

 

Entre ses échoppes aux stores baissés, ses restaurants aux fourneaux éteints, ses galeries d’art tristes, ses plages dépeuplées ou encore sa maison des esclaves désertique, l’île de Gorée ne baigne pas dans l’effervescence qui la caractérise habituellement au mois de juin. La faute à une pandémie qui plonge l’île mémoire dans la léthargie et se répercute sur ses habitants.

Principalement tenue par le tourisme, l’économie goréenne est submergée par la covid-19. Avec une baisse considérable des revenus de la mairie, mais aussi des travailleurs de l’île. Un constat que partage, pour le déplorer, Djibril Seck. Conseiller municipal à la commune de Gorée et à la ville de Dakar, il rappelle que la vie insulaire tourne au ralenti depuis le 16 mars 2020, date à laquelle un arrêté ministériel interdisant tout transport de touristes sur l’île a été pris.

Depuis trois mois maintenant, seuls les détenteurs de cartes de résident ont la latitude de rejoindre Gorée. «Nous sommes impactés parce que Gorée est une île où on vit à 90% de tourisme. La mairie aussi ne perçoit plus de recettes. On avait la taxe de cession municipale que les touristes payaient, la mairie recevait aussi la taxe venant des restaurateurs, la taxe venant du marché artisanal, mais ça fait trois mois qu’ils n’ont pas travaillé. Si l’État ne nous aide, on aura un problème pour payer les salaires parce que, je le répète, on n’a pas d’entrées de recettes municipales en ce moment. Troisièmement on ne sait pas quand cette affaire va se terminer», déplore Djibril Seck.

 

«Si l’État n’aide pas la mairie on aura un problème pour payer les salaires»

 

Dans le même élan, il lance un appel pour «une discrimination positive en faveur de Gorée». Car le drame social couve. «Nous lançons surtout un appel au ministère du Tourisme pour privilégier Gorée, pour qu’il y ait une discrimination positive. Le président de la République a pris des mesures d’assouplissement, notamment la réouverture des restaurants, mais à Gorée les activités n’ont pas encore repris. Il y a toujours l’arrêté ministériel suspendant la liaison maritime Dakar Gorée est toujours en vigueur. On lance un appel au ministre du Tourisme pour qu’il nous accompagne. Gorée a vraiment besoin du crédit que le chef de l’État a débloqué pour le plan de riposte au covid-19. Encore une fois, si l’État ne nous aide on aura un problème pour payer les salaires. D’autre part, puisque l’État a allégé les mesures avec le couvre-feu porté à 23 heures, les Goréens demandent aussi un réaménagement des horaires de la chaloupe au minimum jusqu’à vingt heures. Auparavant on avait 12 rotations, maintenant on a que quatre rotations. Les Goréens exigent d’autres rotations jusqu’à vingt-heures au moins en attendant que la décision de rouvrir totalement Gorée ne soit prise», plaide Djibril Seck. Il sollicite aussi la bienveillance des sociétés en charge de la téléphonie, de l’eau et de l’électricité pour que des facilités de paiement soient accordées d’urgence.

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