S’abstenir de participer à « une autre grotesque mascarade », c’est la posture du Congrès de la renaissance démocratique qui considère que le chef de l’État prépare les Sénégalais à des mesures d’ajustement structurel qui vont impacter des populations déjà en souffrance avancée tout en oubliant de faire prévaloir la reddition des comptes.
Absentes du Dialogue national lancé hier, les organisations membres du Congrès de la renaissance démocratique (Crd) n’entendent pas tomber dans le «piège» tendu par le président de la République. Elles considèrent, en effet, que «les objectifs assignés par Macky Sall à ce dialogue ne vont pas dans le sens du renforcement de la démocratie sénégalaise, non plus d’une reddition de comptes et comportements indispensables à la restauration de l’État de droit au Sénégal», explique-t-on dans la déclaration parvenue hier à Tribune. Selon Abdoul Mbaye, Thierno Alassane Sall, Ibrahima Hamidou Dème, Mamadou Lamine Diallo et Cie, «les éléments constitutifs de termes de référence dudit dialogue national et le texte introductif de M. Macky Sall qui ont été distribués révèlent à suffisance que les objectifs recherchés sont de trouver des solutions aux problèmes qu’il a lui-même créées à notre Nation sans bien entendu envisager les sanctions qui devraient s’imposer».
«Dessein»
Après avoir rappelé que le courrier adressé par le Front de résistance nationale (Frn) auquel il appartient et comportant des propositions liés à «la conduite des travaux» et à «l’obtention d’un engagement à mettre en œuvre les conclusions qui seront adoptées dans le cadre du dialogue» n’a toujours pas reçu de réponse, le Crd analyse la situation politique sous plusieurs volets.
Au plan politique, «le non alignement des mandats des députés et du président de la République est la conséquence directe du non respect de son engagement à limiter son premier mandat à cinq ans». Collant à Macky Sall «le dessein de reporter» les élections législatives et locales «une seconde fois», le Crd indique que «le parrainage qu’il a imposé pour faciliter sa réélection en réduisant le nombre de candidats à l’élection présidentielle, unique au monde dans sa conception, a toujours été dénoncé par l’opposition comme inapplicable, au point de pousser à des contrevérités le Conseil constitutionnel en charge de son contrôle lorsque ce dernier a affirmé avoir examiné 1.414.792 signatures sur fiches papier de parrainage en moins de 30 jours». Pour le Crd, «son objectif essentiel ayant été atteint», le Président Sall «a maintenant le projet de le réaménager afin de le rendre opérationnel». En outre, «la réflexion tardive sur le statut de chef de l’opposition apparaît comme un malicieux appât pour attirer et diviser l’opposition…»
Au plan économique, le Congrès de la renaissance démocratique constate «une politique économique désastreuse, centrée sur des investissements n’allant pas dans le sens d’une transformation structurelle de l’économie sénégalaise, privilégiant les grands projets réalisés par des entreprises étrangères, basée ces deux dernières années sur un gaspillage de ressources publiques à des fins politiciennes dans une démarche de réélection, a eu recours à de fausses statistiques de croissance pour masquer son échec». Selon Abdoul Mbaye et Cie, «là également, Macky Sall cherche à «partager» par son dialogue national les mesures d’ajustement structurel devenues indispensables, et qui accroîtront la souffrance des populations sénégalaises les plus démunies». À ce sujet, le Crd «rejette dès à présent tout ajustement structurel qui serait mis en œuvre aux seuls dépens des masses laborieuses de notre pays».
Reddition des comptes
En termes de gouvernance, le Crd s’étonne du fait que rien ne soit prévu en matière de reddition des comptes, un thème «qui fut pourtant si cher au candidat Macky Sall de 2012». Or, la reddition des comptes «doit concerner les attributions de permis de pétrole et de gaz en violation de la loi sur le conflit d’intérêt, de même les nombreux scandales qui, sous son magistère, ont coûté d’innombrables milliards à la Nation sénégalaise sans donner lieu à ce jour à des poursuites mais parfois à des promotions».
En boycottant le Dialogue national, le Crd «refuse de cautionner un report quasi certain des élections locales et/ou des élections législatives, et considère que les mandats politiques doivent être renouvelés». Elle dit “niet” aussi tant à «un processus électoral qui serait simplement réaménagé sans que les personnes ayant commis de graves délits (lors) de l’élection présidentielle ne fassent l’objet de poursuites…» qu’à «toute modification de notre Constitution qui irait dans le sens du maintien du Président en exercice (Macky Sall) au terme de son second mandat actuellement en cours».
Le Congrès de la renaissance démocratique comprend les organisations suivantes : Mouvement Tekki, Alliance pour la citoyenneté et le travail, Parti de l’émergence citoyenne, Mouvement pour la République des Valeurs, Taxaw Temm, Ld Debout et Ensemble.