Aux premiers jours de l’apparition du coronavirus au Sénégal, l’appel du Président Macky Sall pour une convergence de vues dans le but de vaincre le virus ravageur avait été bien entendu et salué. Toutes les forces de la nation, sans conteste, ont donné toutes les armes au «général» en chef, afin de trouver les meilleures formules pour arriver à bout de la pandémie. Mais, des erreurs constatées et un pilotage à vue ont mené le Sénégal, après une union sacrée, vers une désunion sacrée, avec des prises de position divergentes. Décryptage.
Par Abdoulaye MBOW
Depuis le début de la pandémie, chaque matin, le département de la Santé et de l’action sociale s’adonner à un exercice périlleux : la communication de masse. Autrement dit, donner les résultats de tests virologiques avec un nombre de personnes contaminées, guéries ou décédées. Ce qui veut dire que le Sénégal, après quasiment trois mois, cherche encore pour trouver le remède pouvant aller dans le sens d’un endiguement total de la pandémie.
Un tout qui avait sonné l’union sacrée autour du Président de la République. Car, à son appel, toutes les forces vives de la nation ont répondu présentes. Même ses adversaires les plus coriaces, localisés dans l’opposition la plus radicale, avaient jugé nécessaire d’aller à sa rencontre au Palais de la République. Chacun avec ses propositions, poussant même la majorité parlementaire à reculer lors du vote de la loi d’habilitation en donnant gain de cause à la minorité tout le temps «écrasée». Seulement, cette union sacrée qui allait «confiner» les langues les plus critiques ne durera que le temps d’une rose arrosée à l’eau des «mauvais choix».
Et pour cause, suite au lancement de l’aide d’urgence alimentaire vue comme mal gérée par le ministre Mansour Faye, l’on allait assister une avalanche de dénonciations. Pire, à une cascade de réprimandes au nom de la bonne gouvernance, de la transparence et de la gestion efficace et efficiente de nos deniers publics. La suite est connue de tous puisque la fin de ce feuilleton est encore loin. D’épisodes en épisodes, d’autres bruits de casseroles vont encore sonner le tintamarre dans l’espace public. Au-delà de quelques autres affaires, c’est celle du décret portant honorariat pour les anciens présidents du Conseil économique qui va signer la fin de la trêve et de l’union sacrée.
Et, au nom de la désunion sacrée – c’est d’ailleurs ce que semble connaître les animateurs politiques – le ton monte, avec des décibels de dénonciation qui infectent les tympans des Sénégalais. Il faut le dire et le signaler, à l’heure où l’on doit apprendre à vivre avec le virus, c’est la réouverture des guerres de croisade politique. Chacun brandissant son drapeau, et épée à la main, essaie tant bien que mal de se transformer en Damoclès. Pour beaucoup, c’est à juste raison, puisque ne pouvant pas comprendre que l’Etat du Sénégal – le Président Macky Sall au sommet de la pyramide – après avoir demandé et obtenu le soutien d’entreprises et de personnes morales pour faire face au Covid-19, arguant que la situation économique sera dramatique, puisse signer un tel décret. Malgré le démenti de son existence-authenticité, il s’avère quasi-exact que nous faisons face à un mensonge pur et simple : le mensonge vrai et le mensonge en paroles. Le mensonge de la réalité et le mensonge de la morale.