Il n’est plus question de confinement, plus question non plus de port du masque obligatoire, pourtant le Covid est toujours présent. Selon les chiffres de l’Institut de santé publique Sciensano, aussi bien les contaminations que les admissions à l’hôpital sont en hausse. À ce virus s’ajoutent, cette année, deux autres maladies: la bronchiolite et la grippe. D’aucuns parlent d’une “tripledémie” qui pourrait toucher notre pays cet hiver.
La France fait actuellement face à une épidémie de bronchiolite sans précédent. Cette infection virale aiguë des voies respiratoires concerne principalement les enfants de moins de deux ans, mais peut aussi toucher les personnes plus fragiles comme les personnes âgées. La majorité des cas de bronchiolite est causée par le virus respiratoire syncytial (VRS). Habituellement, les premières contaminations sont détectées vers la mi-novembre, avec un pic en décembre et une fin en janvier. Or, cette année, en France, l’épidémie sévit de manière précoce depuis le mois d’octobre.
À l’épidémie de bronchiolite s’ajoute celle de grippe, qui débute, elle aussi, de manière précoce cette année. Le sous-type A (H3N2) est majoritaire, et “qui dit H3N2, dit une épidémie assez forte, qui touche surtout les personnes à risque”, met en garde Vincent Enouf, responsable adjoint du centre national de référence des virus des infections respiratoires à l’Institut Pasteur, interrogé par nos confrères du Monde.
Triplepidémie
Chez nous, le nombre de tests positifs pour le virus respiratoire syncytial (VRS) est relativement bas par rapport à l’année précédente, et en dessous du seuil épidémique. Toutefois, selon le dernier rapport de Sciensano, qui couvre la 46e semaine de l’année (du 14 au 20 novembre), on observe une augmentation des contaminations de l’ordre de 3% chez les patients ayant consulté leur médecin généraliste pour des symptômes grippaux ou d’autres infections aiguës des voies respiratoires, et de 24 % chez les patients hospitalisés pour une infection respiratoire aiguë sévère. Quant à la grippe, on se situe toujours en dessous des chiffres de l’année dernière, avec toutefois un nombre de contaminations qui repart également à la hausse.
Comment expliquer le retour en force de ces maladies virales? Selon le réseau de médecins Sentinelles, c’est notamment lié au Covid-19. L’hiver dernier, nous étions confinés et devions respecter des mesures barrières strictes, comme la distanciation sociale ou le port du masque. Sans compter que certains lieux de rencontre étaient fermés. Par conséquence, les virus tels que la bronchiolite et la grippe ont moins circulé. Ajoutez à cela une “immunité de la population générale qui a diminué”, soulignait, en octobre dernier, l’épidémiologiste Sibylle Bernard-Stoecklin.
Avec les contaminations au Covid qui sont, elle aussi, en hausse selon le dernier rapport de Sciensano, les différents pics pourraient converger. Les hôpitaux pourraient alors faire face à un défi de taille que l’on appelle la “tripledémie”. Pour éviter un tel scénario, les professionnels de santé demandent de ne pas oublier les gestes barrières, malgré la décrue de l’épidémie de Covid.