Criminalité environnementale: l’urgence de changer de méthodes de lutte et mise en première ligne des communautés

“La criminalité environnementale est un phénomène qui prend des proportions très inquiétantes. Il est normal et primordial pour nous de développer des stratégies de lutte pour nous adapter à ces différentes formes de criminalité”, alerte le colonel Mamadou Sidibé, Directeur des aires marines communautaires protégées au ministère de l’Environnement, du développement durable et de la transition écologique du Sénégal.
 
Au cours d’un atelier transfrontalier de mise en réseau des acteurs engagés dans la lutte contre la criminalité environnementale autour des aires marines protégées et écosystèmes marins/côtiers qui se tient à Dakar du 23 au 26 octobre 2023, le colonel Sidibé a assuré qu’auparavant “on parlait tout simplement de criminalité faunique”. Aujourd’hui, reconnaît il, cette forme de criminalité a pris des proportions inquiétantes qui poussent à parler de “criminalité environnementale”.
 
A la vérité, cette criminalité est devenue une activité mercantile qui rapporte gros. Par conséquent, les gens ne lésinent pas sur les moyens. Si l’on se réfère aux spécialistes, l’Etat seul ne peut pas venir à bout de ce fléau. D’où l’organisation d’un atelier regroupant des acteurs autour du réseau des aires marines protégées de l’Afrique de l’Ouest et des gestionnaires. La finalité, c’est de mettre en place un dispositif cohérent capable d’enrayer le fléau. 
 
Actuellement, ce n’est pas uniquement la lutte anti-braconnage qui nécessitait la traque des braconniers qui tuent les animaux, il faut aller au-delà de cette stratégie. 
 
” Le problème ne se situe plus à ce niveau-là mais il a évolué sur trois points. Il y a d’abord le prélèvement, ensuite la commercialisation et enfin le transport. Si nous n’agissons pas, d’abord sur le prélèvement, puis sur le transport qui quitte un pays vers un autre et aussi sur la commercialisation qui se fait même à partir d’internet, on n’arrivera jamais à juguler ce phénomène-là. C’est très important parce que la vente des espèces  floristiques ou animales donne énormément d’argent. Et ça, il faut nécessairement arriver à juguler ce phénomène pas seulement au niveau d’un Etat mais aussi au niveau transfrontalier. Il nous faut conjuguer nos efforts, avoir le même langage, les mêmes d’actions”.
 
Le colonel affirme que l’Etat du Sénégal, dans sa stratégie de mise en œuvre, est arrivé à créer des aires marines protégées gérées par les communautés.
 
“Cela participe de manière très importante dans la lutte contre cette criminalité faunique. Parce que cette criminalité environnementale quoi qu’on puisse dire, ce sont les communautés qui la pratiquent non seulement mais aussi qui la subissent. Le fait que les communautés soient intégrées dans la création des aires marines protégées participe à la conservation, à la surveillance des aires marines protégées. Je pense qu’on peut arriver à juguler ce phénomène grâce à l’appui des communautés”, dit-il.   

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