Crise dans le secteur avicole : Le début de la faim

Les aviculteurs du Sénégal dénoncent le blocage de la vente de l’aliment de volaille par les industriels, à travers le Collège des provendiers, qui risque d’engendrer des pertes inestimables avec la mort de milliers de sujets dans les prochains jours.

 

La filière avicole est secouée. Depuis vendredi, l’aliment de volaille est introuvable sur le marché. La vente est, en effet, «bloquée» par les provendiers. Ils ont pour nom Sedima, Nma, Prodas, Avisen et Grand moulin de Dakar. Ces géants de l’industrie de la production de l’aliment de volaille et de bétail «protestent» contre l’arrêté du ministre du Commerce qui a redéfini les prix de ces aliments. «Un acte criminel», juge Fallou Samb, président de l’Association des aviculteurs indépendants du Sénégal (Aavis). Il explique : «Les poulets de chair sont des sujets vivants très fragiles, que les provendiers sont en train d’affamer. S’ils ne se nourrissent pas, c’est sûr et certain que ce sera la catastrophe. Ils vont tous mourir. Et les pertes seront inestimables.» Ce membre de l’Interprofession avicole du Sénégal (Ipas) demande ainsi au président de la République, de «trouver une solution face à cette situation» qui, à ses yeux, risque de «nuire gravement à l’aviculture». «Nous demandons une intervention rapide du président de la République, parce que les provendiers ont défié l’Etat en décidant, à l’unanimité, de ne pas se conformer à sa décision de diminuer les prix de l’aliment de bétail et de volaille. Ils ont bloqué la vente de ces produits depuis vendredi. Ils sont même allés jusqu’à demander leurs représentants dans leurs succursales qui se trouvent au niveau des régions, d’arrêter la vente et de fermer les magasins. C’est grave.» Consé­quence : «Depuis lors, nous courons à gauche et à droite à la recherche d’aliments pour nourrir nos sujets. Et d’ici demain, si la situation ne se décante pas, il n’y aura plus d’aliments dans le pays. Et les poulets de chair que nous avons risquent de mourir», alerte le producteur avicole, qui remarque que la situation est d’autant plus critique que l’aviculture reste un creuset d’emplois pour les jeunes, mais également le secteur participe à l’essor de l’économie nationale.
A la suite d’une grande journée de rassemblement national tenue à Thiès par les aviculteurs du Sénégal, en mi-février, fustigeant une troisième hausse du prix de l’aliment de volaille, portant le prix du sac de l’aliment de poulet de chair de 14 500 à 17 500 francs Cfa, en une année, l’Etat a réagi en baissant les prix. C’est l’arrêté du 25 février du ministère du Com­merce. Dans ce cadre et pour arrondir les angles, le ministre de l’Elevage a convoqué, lundi dernier, une rencontre regroupant les provendiers et producteurs avicoles. «Ils ont été catégoriques au cours de la rencontre sur la proposition de l’Etat, de diminuer les prix des aliments de volaille et de bétail. Ils ont carrément dit qu’ils ne pouvaient pas vendre à perte. Et que si on leur exige de diminuer le prix de l’aliment, ils vont juste assurer le minimum.» Mais malheureusement, regrette Fallou Samb, «ils n’ont pas assuré ce minimum-là, puisque actuellement, il y a une pénurie de l’aliment de volaille».

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