Dans le cadre de la quinzième édition de la Biennale de l’Art Africain contemporain (Dak’art), la galerie Ourrouss, sise aux Almadies, accueille une exposition inédite d’œuvres de la sculptrice et potière Seyni Awa Camara. Intitulée « Réalités d’un mythe », l’exposition, dont le vernissage s’est tenu le 9 novembre dernier, fait la part belle aux sculptures en terre cuite caractéristiques d’une artiste de portée internationale, native et vivant à Bignona. Exposée de Paris à Dakar, en passant par Venise ou encore Bilbao, Seyni Awa travaille une argile spécialement sélectionnée et préparée par ses propres soins. C’est le fruit d’un legs ancestral et du savoir-faire de sa mère qui était également potière. Ses sculptures fantasmagoriques sont l’interprétation réfléchie de ses songes, de son histoire et d’un monde imaginaire d’où naissent principalement des personnages et créatures symbolisant fécondité et maternité.
L’exposition « Réalités d’un mythe » est chargée de symbole. En plus de rendre hommage à l’artiste Seyni Awa Camara, elle est également un hommage à Issa Guèye. Ce dernier est le défunt frère de la directrice de la galerie Ourrouss, Zeynabou Guèye. Il l’a conduite jusqu’en Casamance, à la rencontre de Seyni Awa Camara pour qui il avait une grande admiration. « Il est vrai que j’avais une statuette de Seyni Camara depuis longtemps, qu’une amie m’avait offerte à l’occasion de mon anniversaire. Une statuette que j’aime beaucoup. Mon frère Issa, qui était marchand d’art, m’a proposé, il y a plus de deux ans, de consacrer une exposition aux œuvres de Seyni Awa Camara. Il a voulu m’en procurer à l’époque et puis, petit à petit, à force de l’entendre m’en parler, j’ai décidé d’en acquérir et par la même occasion, de montrer ses œuvres et de le faire d’une manière approfondie. Et je suis allée en Casamance avec Issa, parce qu’Issa était très introduit auprès de Seyni Camara et de sa famille » se remémore Zeynabou Guèye émue. Elle garde un excellent souvenir de son séjour auprès de Seyni Awa Camara qui l’a définitivement convaincue. « On a été très bien reçu. Pendant trois jours où je suis restée, j’ai pu l’approcher, bavarder, sympathiser avec elle et en savoir plus sur le personnage, sur l’artiste et donc de mieux l’apprécier » précise la directrice de la galerie Ourrouss.
Initialement prévue du 16 mai au 16 juin 2024, la Biennale de Dakar a été reportée pour se tenir du 7 novembre au 7 décembre 2024. Raison pour laquelle l’homme à l’origine de cette exposition de Seyni Awa Camara n’a pu y prendre part. « Malheureusement une semaine avant le gamou, mon frère Issa, en sortant de Tivaouane, a eu un accident de voiture. Voilà pourquoi l’expo lui est dédiée. C’était mon frère que j’aimais beaucoup. C’était aussi celui qui m’a introduite auprès de Seyni Camara, qui m’a mieux fait connaître ses œuvres et donc l’apprécier. Il était familier là-bas, et c’est grâce à lui, d’ailleurs, que j’ai pu documenter le processus de cuisson des œuvres, comment les couleurs changent, la terre, l’argile grise qui après cuisson devient couleur ocre. Voilà pourquoi on les appelle les terres cuites d’ailleurs » souligne Zeynabou Guèye.