“Gouvernement sobre et vertueux”, “la patrie avant le parti”, “Je ne protégerai personne”: voilà entre autres propos que nous servait le président Macky Sall avant son accession au pouvoir. La majorité des Sénégalais avaient foi à ses engagements pour ne pas dire promesses comme lui-même aimait faire la différence. Hélas. Et la déception a atteint son paroxysme avec le compte rendu de la Cour des comptes. C’est vrai que le présent rapport est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Mais ne devrait-on pas s’attendre à cela? Les signaux n’étaient-ils pas déjà lancés ?
Durant les onze ans au pouvoir du Président Macky Sall, des rapports de l’Inspection Générale d’Etat (I.G.E) et de l’Office National de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) n’ont cessé d’épingler des proches alliés du Président Macky Sall, mais jamais le Chef de l’Etat n’a instruit au Procureur de la République d’ouvrir une enquête ou de sanctionner les incriminés.
Mais cela ne devrait pas nous surprendre car, c’est le même Président qui a récupéré des anciens voleurs de la république du temps de Wade pourvu qu’ils acceptent de rejoindre sa coalition politique. Finalement, on a compris le mécanisme : quel que soit ce qu’on te reproche si tu intègres la coalition Benno Bokk Yakar, tu deviens libre et libéré. Par contre si tu continues de t’opposer au pouvoir, la loi te sera appliquée dans toute sa rigueur. Et cela au vu et au su de tout le monde. Cette attitude a fini par compromettre l’Etat de droit et la justice de notre pays dont le respect doit primer même sur le bilan matériel.
C’est vrai que le gouvernement se targue de son bilan matériel composé essentiellement de réalisation de routes, de construction de ponts, d’électrification rurale…Mais ce qu’il oublie souvent, c’est que si les sénégalais ont sanctionné Wade, en 2012, ce n’est pas à cause d’un bilan matériel insuffisant, au contraire, le vieux a beaucoup fait dans ce sens, mais plutôt pour cause d’injustice, de justice sélective et de défaillance de l’Etat de droit. Macky Sall, conscient de ces maux du régime de Wade, s’y est appuyé pour nous vendre un projet de bonne gouvernance et d’égalité des droits.
Plus d’une décennie après, le constat est amer et décevant : à la place du gouvernement sobre et vertueux, il nous sert un gouvernement sombre et vicieux, à la place de la patrie, c’est le parti.
Dans ce gouvernement, on peut se permettre de toutes les fautes graves de gestion, de l’insolence insoucieuse, de détournement de deniers publics pourvu que l’on soit du camps présidentiel. Mais si on se situe du côté de l’opposition ou de l’activisme, un petit écart de langage peut-être automatiquement considéré comme apologie du terrorisme, insulte à l’autorité, divulgation de secret de défense et ipso facto, le Procureur s’auto- saisit et met au gnouf les auteurs. Tel est le cas de feu Imam Ndao, Abdou Karim Guéye, alias Karim Xrum Xaax, Cheikh Oumar Diagne, Outhmane Diagne, Papito Kara, Pape Alé Niang, la liste est très loin d’être exhaustive. Au même moment, des ministres de la République, des Directeurs généraux de la mouvance présidentielle épinglés par des institutions de l’Etat de lutte contre la corruption, de mal gouvernance, continuent de vaquer bien à leurs occupations. Je me demande dans quel Sénégal sommes-nous maintenant ?
Dans ce gouvernement, on peut se permettre de toutes les fautes graves de gestion, de l’insolence insoucieuse, de détournement de deniers publics pourvu que l’on soit du camps présidentiel. Mais si on se situe du côté de l’opposition ou de l’activisme, un petit écart de langage peut-être automatiquement considéré comme apologie du terrorisme, insulte à l’autorité, divulgation de secret de défense et ipso facto, le Procureur s’auto- saisit et met au gnouf les auteurs. Tel est le cas de feu Imam Ndao, Abdou Karim Guéye, alias Karim Xrum Xaax, Cheikh Oumar Diagne, Outhmane Diagne, Papito Kara, Pape Alé Niang, la liste est très loin d’être exhaustive. Au même moment, des ministres de la République, des Directeurs généraux de la mouvance présidentielle épinglés par des institutions de l’Etat de lutte contre la corruption, de mal gouvernance, continuent de vaquer bien à leurs occupations. Je me demande dans quel Sénégal sommes-nous maintenant ?
Le cas du rapport de la Cour des comptes est le rubicond qu’il ne fallait pas du tout franchir au risque de devenir cruel.
En 2019, le monde a connu une crise sans précédent : Le Covid 19. La pandémie nous a été présentée comme une menace d’hécatombe pour l’humanité et plus particulièrement pour les africains. Cela a entraîné une peur bleue chez les Sénégalais. Le président de la république déclare l’état d’urgence sanitaire assorti d’un couvre-feu sur toute l’étendue du territoire. Des mesures jamais connues ont été prises par le gouvernement : fermeture des écoles et universités, recommandation de rester chez soi, port de masque obligatoire sur la voie publique, suspension des cérémonies religieuses, fermeture des lieux de culte, des marchés hebdomadaires.
Le non-respect de ces mesures a couté des coups de bâtons et de l’humiliation à la population. Ainsi tout le monde était terrifié, la communication de l’Etat ainsi que la radicalité des mesures a fini par créer une phobie. Certains pensaient que c’était la fin du monde qui profilait à l’horizon. Chacun pensait à sa propre survie. Hélas, ce n’était que de la stratégie du charlatan qui consiste à faire croire à son patient qu’un mauvais sort risque de s’abattre sur lui, s’il ne fait pas le plus rapidement possible ce qu’il lui recommande. Et puisque le patient a cru à cela, il va automatiquement remuer ciel et terre pour chercher l’argent demander par l’arnaqueur afin de contourner le sort. S’il en est ainsi c’est parce que, la peur est le moyen pour le charlatan de soutirer de l’argent à ses patients. Tel est le scénario que nous ont joué ces autorités qui se sont profitées de la peur installée chez la population pour leur voler la sueur de leur front. Et le plus indigne, ignoble et lâche dans cette affaire, c’est que les sénégalais les plus pauvres se sont mobilisés pour donner leurs miettes afin d’aider l’Etat à vaincre le virus : vendeurs de cacahouètes, laveurs de voitures, techniciens de surface, enseignants, marabouts…, bref, presque toutes les franges de la population ont cotisé pour manifester leur sens de sacrifice et leur élan de solidarité devant les urgences qui touchent notre Patrie. Mais cela laisse indifférent la fibre sensible de ces démons de la république aux ambitions démesurées, uniques et voraces. Pour eux l’argent n’a pas d’odeur. Tous les moyens sont bons pour sucer le sang des pauvres citoyens. Voilà qu’ils ont profité de cette situation pour détourner encore l’argent du contribuable.
Espérons bien que cette fois-ci le Président ne va pas poser encore son coude sur ce dossier et qu’il exigera que des poursuites soient entamées contre cette bande de malfaiteurs.
El hadji Maodo Mbaye
Professeur de philosophie au Lycée de Meri