C’était un faux secret. Sylvain Itté, l’ambassadeur de France au Niger n’était plus le bienvenu à Niamey. Fin août, la junte au pouvoir lui avait donné 48 heures pour quitter le pays. Dans la foulée, ses cartes diplomatiques et son visa ont été annulés. Paris a malgré tout maintenu le diplomate en poste, arguant qu’il n’avait aucun ordre à recevoir de putschistes sans aucune légitimité.
Livraison de vivres coupée
A la fin de l’ultimatum donné à l’ambassadeur français, la junte a déployé des policiers aux abords de la représentation diplomatique. Ceux-ci filtraient les entrées et sorties du bâtiment. Sylvain Itté, se retrouvait alors prisonnier dans sa propre ambassade, incapable de mettre le nez dehors.
Les militaires au pouvoir auraient ensuite coupé la livraison de vivres au diplomate. C’est du moins ce qu’ a déclaré le président français Emmanuel Macron le 15 septembre dernier. « On empêche de livrer la nourriture. (Sylvain Itté) mange avec des rations militaires » rapportait le locataire de l’Elysée. Il a même assimilé la situation du diplomate a une prise d’otage. Mais à la vérité, personne n’empêchait l’ambassadeur de quitter son ambassade.
La situation devenait intenable pour M Itté qui, de l’avis de la ministre française des Affaires étrangères, continuait quand même à travailler avec une équipe réduite.
Internet coupé
Seulement, après le blocus alimentaire, l’internet a été coupé. Selon RFI, cinq pick-up équipés de mitrailleuses sont même venus stationner une nuit pendant plusieurs minutes devant l’ambassade. De toute évidence, les policiers nigériens ne pouvaient pas pénétrer dans la représentation diplomatique. Selon la Convention de Vienne, celle-ci demeure inviolable.
En tout cas, la junte a maintenu la pression jusqu’au bout sur le diplomate français, en prenant cette série de mesures restrictives. Le président français Emmanuel Macron s’est finalement rendu compte que Sylvain Itté ne pouvait pas rester à Niamey. Il a donc pris la décision de le rapatrier.
« Un moment historique »
Selon RFI, le locataire de l’Elysée a appelé Mohamed Bazoum pour l’informer de ce départ. « Un départ qui n’est pas un lâchage » assure-t-on du côté de la Présidence française.
Paris continuera à ” œuvrer pour la libération” du président déchu. La junte, elle, a réussi à remporter son bras de fer avec Emmanuel Macron. « C’est un moment historique » s’est-elle exclamée dans un communiqué après la capitulation du président français, qui a par ailleurs annoncé le départ des soldats français du pays.