Der : De l’Entreprenariat Rapide à l’Emprisonnement Rapide

Les bénéficiaires des financements de la Délégation générale à l’entreprenariat rapide  ont vraiment du souci à se faire, du moins, ceux qui peinent à rembourser parce que la Délégation à l’entreprenariat rapide est en train de se muer en une Délégation à l’emprisonnement rapide, à moins qu’ils n’effectuent un paiement rapide des montants dus. La prison pend sur la tête des mauvais payeurs et son directeur général demande aux bénéficiaires de s’acquitter de leur dette sous peine d’être poursuivis en justice.

D’ailleurs, la Der et le Crédit mutuel du Sénégal ont investi le terrain pour traquer les  bénéficiaires qui refusent de rembourser. Ces actions de recouvrement qui s’alignent avec la stratégie des 4P (Préfet – Procureur – Police – Prison) «vont être menées sur l’ensemble du territoire national avec nos différents partenaires financiers», lit-on dans leur communiqué.

Aussi les mauvais payeurs qui croyaient que cet argent passerait par pertes et profits ont vraiment du souci à se faire. Seulement ce qu’il faut déplorer dans cette situation, c’est la légèreté avec laquelle cet argent du contribuable a été géré, parce que cette Der, finalement, répondait plus à des considérations populistes et politiciennes qu’à un souci de rentabilisation des financements. D’ailleurs, comment une structure financière peut-elle prêter de l’argent sans pour autant se soucier de la solvabilité du bénéficiaire, bref de s’entourer de toutes les garanties ? Mais, voulant vaille que vaille assurer sa réélection, le président sortant n’avait pas hésité à brandir cette Der comme  un nouveau mécanisme de financement doté de 30 milliards comme un appât pour ferrer des électeurs.

À l’occasion du lancement de la Semaine nationale de la jeunesse, organisée le samedi  31 mai 2018 au stade Alassane Djigo de Pikine, le chef de l’État, Macky Sall,  annonçait : «Dans le cadre de la promotion de l’auto emploi des jeunes, j’ai décidé de renforcer de manière substantielle le fonds de financement de l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi des jeunes (Anpej), tout en mettant en place un nouveau mécanisme de financement, qui est la Délégation à l’entreprenariat rapide, qui sera dotée d’un fonds de 30 milliards Cfa», avait déclaré Macky Sall ; qui avait également révélé que ladite délégation avait entamé sa tournée, qu’elle va commencer les financements à compter du mois d’avril 2018. Ces financements, avait-il expliqué, devront permettre aux jeunes d’assumer leur avenir, avec prise de conscience et de sérénité. Le 21 février 2019, le président sortant avait au cours d’un rassemblement des jeunes, à la place de la Nation, là-encore promis de porter le budget de la Délégation pour l’entreprenariat rapide (Der) de 30 à 100 milliards Cfa, en cas de réélection.

Mais aujourd’hui, bien que réélu, il fait face à des urgences, et l’État est confronté à un manque de liquidités criard ; ce qui explique ses nombreuses dettes impayées et la hausse tous azimuts des prix. Actuellement, la Der a recommencé ses tournées, non pas pour augmenter les financements et permettre aux jeunes d’assumer leur avenir, «avec prise de conscience et sérénité», comme promis par Macky Sall, mais pour les traquer et les forcer à rendre gorge, sous peine d’un emprisonnement rapide.

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