Des libéraux qui rient et un peuple qui pleure ?

Après 7 ans de brouille, Abdoulaye Wade, l’ancien Président de la République, et son successeur, Macky Sall, ont scellé leurs retrouvailles vendredi dernier lors de l’inauguration de la mosquée de Massalikoul Jinane. Un geste salué par tous les Sénégalais qui n’ont pas manqué de se réjouir de cette initiative du Khalife général des mourides qui est parvenu à réconcilier le père et le fils.

Seulement la question qui nous turlupine est de savoir si cette poignée de mains que se sont donnée les deux hommes signifie que le contentieux qui les opposait est enterré. Même si le Président Sall a tenté de rassurer en ces termes : «Évidemment, il y a un contentieux, mais tout cela doit être dépassé. C’est pourquoi, je lance un appel solennel au Président Abdoulaye Wade à discuter avec moi du pays. Déjà que nous avions lancé le dialogue national, et je pense qu’en discutant nous pourrons dépasser beaucoup de choses dans l’intérêt du Sénégal».

Abdoulaye Wade, quant à lui, s’est abstenu de toute déclaration ; peut-être en homme politique avisé et rusé, il ne voudrait pas se laisser emporter par la solennité du moment, pour tenir des propos qu’il serait amené à regretter, car la partie est loin d’être jouée. Parce que l’acuité des problèmes de l’heure et le choc des ambitions sont plus que d’actualité. Karim Wade piaffe d’impatience et salive pour le fauteuil présidentiel ; et son père n’a plus, comme seul et unique combat, que de l’aider à s’y vautrer.

Le Président Sall dont la succession est ouverte déroule sa stratégie sans tambour ni trompette, au point que certains le soupçonnent de leur préparer un coup fourré en se choisissant un dauphin ; tandis que d’autres l’accusent de vouloir se présenter pour un 3ème mandat. Pour dire que ce serait vite aller en besogne que de croire que le différend est enterré, car les intérêts de l’heure restent vivaces et antagonistes. Et ce serait faire fausse route de penser que l’embellie des relations personnelles va déboucher sur l’embellie politique. Finalement, qu’est-ce que les Sénégalais vont gagner dans ces retrouvailles comme tentent de nous le faire croire les tenants du régime, qui, depuis lors, ont sorti leur flûte et leur riti pour le chanter sur tous les toits.

La seule certitude qui vaille aujourd’hui est que, si entente il doit y avoir, ce sera inévitablement sur le dos des Sénégalais, dans la mesure où elle ne se fera pas au nom de la démocratie, de la bonne gouvernance ou de la transparence, mais plutôt sur l’autel des protocoles secrets et autres combines. Ce qui est surtout regrettable est le fait qu’on aurait pu faire l’économie de tout cela. La politique doit se faire de manière propre et transparente d’autant qu’on dit que c’est l’art de gérer la cité. Malheureusement depuis 2012 cette situation politique est exécrable, due à une traque des biens mal acquis mal menée et qui a fini en queue de poisson.

C’est bien de faire la paix, mais encore une fois il ne faudrait pas qu’elle serve de prétexte pour tout faire passer par pertes et profits. On ne peut effacer ni les actes de mauvaise gestion ni la prédation de nos ressources naturelles pour une simple entrevue entre Wade et le Président Sall, d’autant que Wade a été le premier à lever le lièvre dans l’affaire Petrotim. Qu’adviendra-t-il du montant des 138 milliards supposé dus par Karim Wade ? La vérité est que Macky Sall doit au peuple sénégalais une reddition des comptes, quand il quittera le pouvoir, et ce, sur la base d’un principe qu’il a lui-même instauré. Tout le reste n’est que diversion.

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