«Désobéissance civile», affaire Adji Sarr: Ousmane Sonko sera arrêté le 16 mais si…

Le leader de Pastef, Ousmane Sonko, dont l’éligibilité est déjà menacée, a appelé à une campagne de « désobéissance civile », déclarant « ne plus collaborer avec la justice ». Mais, pour cette affaire « Sweet beauté », dont l’audience sera ouverte, ce mardi 16 mai, le maire de Ziguinchor devra se présenter au plus tard la veille, au risque d’être arrêté, d’après la loi.
 
« Nous sommes arrivés au terminus sur ce dossier », déclarait Ousmane Sonko, lors d’un méga meeting tenu en janvier dernier à Keur Massar. « J’ai déjà fait mon testament. Nous allons nous battre sur le terrain avec Macky Sall, quoi qu’il puisse nous en coûter », a-t-il ajouté. Dimanche dernier, soit la veille de son procès en appel contre Mame Mbaye Niang, le maire de Ziguinchor a réitéré, sur les réseaux sociaux, son intention d’opter pour la « désobéissance civile », déclarant « ne plus collaborer avec la justice ».  
 
« On n’a jamais vu dans le monde entier un citoyen convoqué au tribunal (et) qui s’y rend, faire l’objet d’autant d’acharnement, d’autant de brutalité et de tentative presque de liquidation physique », a-t-il dit dans sa déclaration. Et de poursuivre : « Ce n’est plus de la justice, c’est du banditisme judiciaire et c’est pourquoi j’ai pris la décision, toujours dans le cadre de ma campagne de désobéissance civile, de ne plus collaborer avec cette justice. (…) Si la justice, si l’Etat ne peut pas garantir le minimum de sécurité (…), je ne me présenterai plus devant cette justice pour répondre à quoi que ce soit ».
 
D’ailleurs, il a tenu parole. Le 8 mai 2023, il préside un Conseil municipal dans la capitale du sud. Par conséquent, ses avocats étaient également absents lors de l’audience et disaient vouloir se concerter avant de réagir à cette décision de justice. Finalement, le leader de Pastef a été reconnu coupable de « diffamation et d’injure publique » envers le ministre du Tourisme et condamné à six mois de prison avec sursis. Cette peine est plus lourde que celle prononcée en première instance et pourrait empêcher le maire de Ziguinchor d’être candidat à l’élection présidentielle de février 2024, si elle était confirmée. L’opposant a six jours pour se pourvoir en cassation.
 
Ousmane Sonko, qui est toujours au Ziguinchor, aux dernières nouvelles, doit retourner devant la justice sénégalaise le mardi 16 mai prochain. Ce, dans le cadre de l’affaire dite « Sweet beauté » l’opposant à une jeune masseuse du nom d’Adji Sarr. Un juge d’instruction avait décidé le 18 janvier de renvoyer l’opposant devant une chambre criminelle.
 
Ordonnance de prise de corps 
 
L’opposant politique va-t-il déférer à la convocation ? En tout état de cause, inculpé et placé sous contrôle judiciaire en mars 2021 pour « viols et menaces de mort », il peut toujours comparaître libre si on se réfère aux dispositions de l’article 238 du Code de procédure pénale. Si cette mesure n’a pas été révoquée, il reste libre et peut quitter chez lui pour regagner le tribunal. « L’accusé qui a été mis en liberté ou qui n’a jamais été détenu se présente, au plus tard la veille de l’audience, au greffe qui s’assure de sa représentation en justice », dispose l’article 238
 
A noter, toutefois que « l’ordonnance de prise de corps est exécutée, si dûment convoqué par voie administrative au greffe de la Chambre criminelle et sans motif légitime d’excuse, l’accusé ne se présente pas au jour fixé pour être interrogé par le président de la Chambre criminelle. L’ordonnance de prise de corps est également exécutée sur décision motivée du président de la Chambre criminelle lorsqu’il estime que la détention de l’accusé est nécessaire. Cette décision est sans recours », en vertu des dispositions de l’article 239 dudit Code.
 
Cependant, le président de la Chambre criminelle pourrait le mettre en détention s’il l’estime nécessaire. Pour le moment, nous ne sommes pas à ce stade.
 
Premier président de la Cour d’appel, Amady Diouf est également le président de la première chambre criminelle et correctionnelle et pourrait, à ce titre, avoir un pouvoir direct ou indirect sur le sort d’Ousmane Sonko
 
Pour rappel, l’arrestation d’Ousmane Sonko, en mars 2021, avait déclenché plusieurs jours d’émeutes meurtrières, de pillages et de destructions qui avaient fait au moins une douzaine de morts, selon la version officielle. Ousmane Sonko, président du parti des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), et candidat à la prochaine présidentielle, continue de dénoncer « une machination ourdie » par le président Macky Sall pour l’écarter de la course à la Présidentielle.

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