Deux leviers fondamentaux pour sortir de cette crise sanitaire et économique (Mamadou SY Albert)

La crise sanitaire et économique aura eu un impact grave sur le présent et l’avenir du monde au cours des prochaines années. Elle met, au centre des solutions de sortie de crise, les responsabilités et les capacités de la majorité politique républicaine à agir en urgence dans la transparence et à organiser une réflexion stratégique sur le présent et l’avenir du pays et du continent africain. La conduite transparente, le devoir d’informer les citoyens, l’obligation de rendre compte constituent plus que jamais des exigences cardinales d’une gestion publique à hauteur des enjeux stratégiques de la profonde crise. La préservation de l’unité nationale – rendue si précaire – va se mesurer à une  bonne lecture de la crise : ce sont là, les deux leviers de sortie de crise, dans cette phase critique de l’histoire du Sénégal contemporain.

Comprendre la présente crise mondiale constitue donc un impératif absolu pour tout pouvoir de savoir bien lire les dimensions de la crise actuelle. C’est même un enjeu majeur dans la compréhension de cette crise sanitaire et économique. Les gouvernants sont ainsi coincés dans une situation où les urgences sanitaires, sociales et économiques les assaillent de partout dans le monde. Il n’en demeure pas moins qu’une bonne lecture de la crise multiforme leur est indispensable pour trouver les alternatives crédibles, à court, moyen et long terme. Le scénario se mettant en place à l’échelle mondiale laisse déjà penser que la crise est perçue comme sans précédent, de par sa nature et ses conséquences multiformes étalées. Ce scénario se dessine progressivement à l’horizon de la gouvernance mondiale. La crise en cours aura eu des impacts durables sur la marche de la Planète-terre dans les années qui viennent, contrairement à ce que certains esprits préoccupés par le sauvetage d’urgence en cours des intérêts et de l’influence des grands groupes internationaux et des grandes puissances de notre époque voudraient croire. Elle pourrait modifier profondément le visage des pays du Nord, du Sud et les relations internationales. La montée en puissance du chômage en Europe comme aux États-Unis,  l’accroissement vertigineux des inégalités sociales et la fracture économique, industrielle et financière croissante entre le Nord et le Sud, constituent des indicateurs pertinents d’une aggravation future de l’état fragile du monde globalisé. La concurrence entre la première puissance économique et militaire américaine et la puissance chinoise sera encore plus rude. L’impact de la crise pourrait accélérer les déséquilibres géopolitiques et les dysfonctionnements des sociétés contemporaines au sein des relations diplomatiques et commerciales.

Il est important, dès à présent, de mobiliser toutes les forces vives de la nation en urgence. Il sera tout aussi capital de mener une réflexion globale sur le présent et le futur.

 

Agir en urgence, penser l’avenir : deux leviers de sortie de crise

 

Tant il est vrai que la crise actuelle exige précisément un changement de paradigme dans la gouvernance des affaires publiques du monde et des pays pris individuellement et collectivement, le Sénégal a fort intérêt de se débarrasser du fonctionnalisme du paradigme de subordination et de mise sous tutelle de son économie par les autorités des pays développés, produisant-là une gouvernance conflictuelle : celle des adversités, des confrontations, entre le pouvoir et son opposition. Le pays a fonctionné durant des décennies et des décennies sous le prisme partisan de ses gouvernants, dans la logique d’exclusion de leurs adversaires politiques de la gestion des affaires publiques et faisant dans le déni public des réalités sociologiques des populations. La crise remet en cause ces paradigmes désormais défaillants, et ses modèles de sociétés importés et peu en adéquation avec les aspirations les plus fondées des citoyens. Le sens des responsabilités gouvernementales devrait à présent inciter le pouvoir républicain en place à saisir l’expression de ce vaste mouvement des idées de rupture avec les modèles de gouvernance, peu soucieux des services sociaux de base, du développement durable et du réel décollage du Sénégal, dans l’unité nationale réaffirmée principe-moteur.

Ce mouvement, pour un changement de paradigme dans la gouvernance, revendique l’urgence d’une réflexion stratégique à l’échelle du pays tout entier et du continent africain. Cette réflexion stratégique est toutefois indissociable d’une bonne gouvernance, à la lecture de l’urgence du moment. La réflexion stratégique et l’action publique en urgence ne sont pas à séparer. La première devrait éclairer la seconde. La conduite de la stratégie de lutte contre le coronavirus ne devrait alors obéir à la logique partisane et à l’alignement sur les orientations des pays du Nord. La crise sanitaire et économique doit plutôt favoriser de nouvelles modalités démocratiques et transparentes de gestion des affaires publiques, au regard des enjeux de la réflexion stratégique et de l’élan de solidarité nationale, retrouvée, allant dans le sens de l’éveil des peuples, des consciences africaines, par la mobilisation de toutes les composantes sociales, culturelles et économiques. L’éradication du virus dépendra de cette mobilisation sociale des capacités, aptes à se saisir des leviers stratégiques et de servir les enjeux de l’urgence. Le président de la République et son gouvernement doivent absolument gouverner de manière transparente en s’assurant de la bonne utilisation des fonds publics, nationaux et internationaux, alloués aux dépenses sociales, sanitaires et à la sortie de crise des secteurs économiques.

C’est une condition précieuse pour préserver l’unité nationale rendue si précaire au Sénégal, au sortir des dix dernières années. Cette unité nationale est une condition fondamentale pour asseoir une réflexion sociologique stratégique et prompte à résoudre bien des équations.

 

 

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