Lancé en grande pompe par le chef de l’État le 28 mai dernier, le dialogue national poursuit son petit bonhomme de chemin. Mais ce dialogue pour le moment n’est national que de nom, parce qu’il regroupe pour la plupart des politiciens et encore ! Seulement, la question qui s’impose est de savoir : finalement, quelles sont les motivations secrètes du pouvoir, étant donné que la gouvernance du Président Sall a été ponctuée d’annonces tonitruantes d’un dialogue national, en rameutant le ban et l’arrière-ban de la République, pour au finish, se dégonfler comme une baudruche suscitant la déception générale dans l’esprit de ses compatriotes ?
En quoi ce dialogue va-t-il améliorer les conditions de vie des Sénégalais ? Les factures seront-elles moins salées ? Le toit sera-t-il accessible à tous les travailleurs exténués par le coût exorbitant du loyer ? Les richesses pétrolières et gazières profiteront elles aux populations ? Le Président Sall octroiera-t-il aux jeunes le million d’emploi à eux promis ? D’ailleurs, il semble que pour le régime du Président Sall, dialoguer relève plus de la stratégie politique pour calmer le jeu politique, surtout quand la tension grimpe, desserrer l’étau, puis une fois la situation sous contrôle, reprendre ses bonnes vieilles et…mauvaises habitudes.
Aujourd’hui, le Sénégal traverse une crise financière aiguë, avec à la clé, une sorte d’ajustement structurel qui ne dit pas son nom. Sans compter les tensions latentes créées par la gestion controversée des ressources naturelles, la succession du Président Sall qui n’est pas encore réglée et qui soulève moult interrogations et supputations. Donc, pour le moment, bien que réélu au premier avec 58% des voix, le Président Sall semble être à la recherche de légitimité pour légitimer certaines décisions au cas où le dialogue aboutirait à un consensus.
D’autant que le Président Sall s’est toujours illustré par des décisions unilatérales ; et s’il décidé aujourd’hui de se faire tout sucre tout miel en tendant la main à tout le monde, c’est qu’il y a des non-dits. En bon politique qui a assimilé les leçons de son maître Wade, il compte surfer sur la soif de privilèges de certains ténors de la politique pour y parvenir. Malheureusement, sa main tendue n’a finalement intéressé que des politiciens soucieux de participer au futur gouvernement de majorité élargie, ou plutôt, à l’élargissement de la table du banquet.
Pour le moment, on discute de parrainage, de bulletin unique, du montant de la caution, etc. Mais les vraies préoccupations du peuple semblent être reléguées au second plan. C ‘est peut-être ce qui explique le peu d’intérêt que ce dialogue suscite auprès d’une bonne frange des populations, plus soucieuses d’assurer leur survie qu’autre chose. Pour crédibiliser son dialogue, le Président Sall a désigné deux personnalités respectées dont la crédibilité ne souffre d’aucun doute. Famara Ibrahima Sagna et le général Mamadou Niang ont les qualités nécessaires pour mener à bien le dialogue.
Seulement au vu de ce qui est arrivé au patriarche Amadou Makhtar Mbow qui était sorti de sa retraite pour se mettre au service de son pays en acceptant de piloter les Assises nationales d’abord, ensuite de présider la Cnri, ne leur arrive. Parce qu’après tout le travail abattu par Mbow et ses techniciens, qui avaient remis au chef de l’État leur rapport, Macky Sall n’avait trouvé rien à dire d’autre sinon qu’il choisirait ce qui lui plairait, pour au finish, tout ranger dans les tiroirs.