Si souvent accusé de complaisance dans certains de ses diagnostics-pays, le Fonds monétaire international (Fmi) semble vouloir se rebeller, au moins au Sénégal. La déclaration issue de la revue du programme relatif à l’Instrument de soutien à la politique économique (Ispe) résume en quelque sorte toutes les alertes déjà lancées par des experts, anciens ministres et autres fonctionnaires sur la situation réelle de l’économie sénégalaise et de ses goulots d’étranglement.
A défaut d’être expert, on se garde de tous jugements hasardeux. Par contre, en regard de la situation réelle «sur le terrain», au-delà d’une croissance politisée et capturée par une minorité activiste de l’économie, le pays va mal. La pauvreté est concrète, les gens se réfugient en masse dans le système pernicieux de la mendicité, des petites et moyennes entreprises sont agonisantes mais s’accrochent à des lendemains qu’elles souhaitent moins chaotiques que leur situation désespérante du présent.
A cet égard, si le Fmi projette une perte de recettes de 115 milliards de francs Cfa, il ne faut pas être devin pour savoir qu’une bonne partie de celles-ci relève essentiellement de l’incapacité des entreprises et des opérateurs économiques à s’acquitter objectivement de leurs devoirs fiscaux : ils sont tous mal en point. Cette alerte de Bretton Woods rétablit donc une certaine réalité de l’économie nationale avec ses trous d’air issus de l’aveuglement imposé par le dieu Plan Sénégal Emergent. Quand une vraie croissance déconnectée d’une économie virtuelle sera à l’ordre du jour, les Sénégalais commenceront peut-être à se porter mieux.