Le décès de 11 bébés au service néonatologie de l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy Dabakh de Tivaouane continue de susciter une vague d’indignations, notamment sur les réseaux sociaux. Mais en réalité, le problème ne date pas d’aujourd’hui. D’ailleurs, dans des vidéos devenues virales, le khalife général Serigne Babacar Sy Mansour a maintes fois alerté l’Etat du Sénégal sur l’état « piteux » de cette infrastructure hospitalière.
« Nous souhaitons parler de l’hôpital. Il est toujours au niveau 1. On nous avait annoncé qu’il serait amené au niveau 2, mais toujours rien. Donc, il faut donc qu’il soit au niveau 3. Comme ça, on aura un scanner et d’autres matériels sophistiqués pour pouvoir soulager les populations », avait déclaré le guide religieux, au cours d’une activité en 2020. Devant le ministre de la Santé et de l’Action sociale, le khalife général de la famille d’El Hadj Malick Sy avait également sollicité des personnels qualifiés. « S’il y a du matériel, alors qu’il n’y a pas de spécialistes, c’est rien. Il faut affecter les fonctionnaires par force. Il faut sauver cet hôpital, parce qu’il polarise beaucoup de localités », avait également lancé Serigne Babacar Sy Mansour, lors de la cérémonie officielle de l’édition 2019 du Gamou de Tivaouane, en présence du ministre de l’Intérieur d’alors, Aly Ngouille Ndiaye.
Réagissant à l’incendie de ce mercredi, un chef religieux, proche de la famille Sy, estime que ce qui s’est passé à l’hôpital Dabakh de Tivaouane était prévisible pointant du doigt le niveau de délabrement qui, selon lui, avait dépassé l’entendement.
“Tivaouane mérite une prise en charge par l’État”
« Ce personnel ne cessait de lancer des cris de cœur pour appeler les bonnes volontés et l’Etat à leur apporter un soutien. A la place, nous n’avons fait que du saupoudrage depuis plus de 15 ans avec des dons de matériel obsolète et des promesses de construction d’un nouvel hôpital non encore tenues », a-t-il notamment déclaré. A l’en croire, « au-delà de l’indignation face à ce drame, nous sommes tous responsables de n’avoir pas pris les mesures draconiennes pour un nouvel hôpital à Tivaouane ». Pour notre interlocuteur, le régime précédent l’avait érigé en hôpital de niveau 1 alors qu’à la place, nous avons plutôt un centre de santé secondaire
« Feu Al Amine et le khalife général actuel ont toujours tiré la sonnette d’alarme et appelé l’Etat à prendre ses responsabilités. Au-delà du caractère religieux de la ville, Tivaouane mérite une prise en charge par l’État, des infrastructures de santé au vu de l’augmentation de sa population (l’hôpital polarise une population de 514.000 habitants) et du développement de la ville qui a pratiquement absorbé les villages environnants », a-t-il rappelé.
En 2021, le ministère de la Santé, le ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération et le Fonsis avaient signé un mémorandum d’entente pour la construction d’un hôpital de niveau 2 dans la ville sainte de Tivaouane, et cette infrastructure devrait être livrée dans 20 mois et permettrait de réduire les évacuations sanitaires vers Thiès et Dakar. « Le nouvel hôpital de Tivaouane sera doté d’une architecture et d’une infrastructure innovantes avec des services de pointe qui répondront aux besoins de la ville sainte et de ses environs », déclarait Abdoulaye Diouf Sarr, dans des propos relayés sur le site officiel de l’hôpital de Tivaouane (hopitaldabakh.com) visité par Seneweb.
En réalisant cette structure, indiquait le ministre de la Santé, le président de la République matérialise son ambition de renforcer le plateau sanitaire de la ville sainte de Tivaouane qui, de par sa position stratégique et son caractère religieux, accueille chaque année à l’occasion du Gamou des pèlerins venant de tous horizons.