Émigration clandestine: “500 millions d’emplois à créer d’ici 2030, pour restaurer l’espoir de la jeunesse africaine”

Depuis plus d’une semaine, on parle de recrudescence des flux migratoires clandestins en Afrique, particulièrement au Sénégal. Le triste constat est que c’est un phénomène qui ne s’est jamais estompé, “Barça ou Barsakh” (Barcelone ou la Mort), n’a jamais baissé d’intensité, en réalité.

Au chapitre des migrations pour raisons économiques, les causes sont toujours présentes, elles n’ont jamais changé, entre autres, on pourrait citer l’extrême pauvreté, les inégalités sociales, le chômage endémique, structurel et chronique des jeunes, sans oublier les problématiques de mauvaise gouvernance qui obstruent les perspectives d’épanouissement des couches les plus vulnérables que sont la jeunesse, les femmes et les enfants en quête d’un avenir digne.

Le doute a tellement perforé notre environnement socio- culturel, au point que les esprits les plus vulnérables et désespérés pensent que pour s’en sortir, il faut par tous les moyens sortir de ce continent. « Autant entrer même mort dans le continent Européen que de rester vivant dans l’enfer africain » semblent-ils avoir opté, ce qui d’ailleurs explique le nombre de morts et de naufragés aux portes du vieux continent: plus de 20 000 morts depuis 2017.

Concernant les migrations forcées, celles dont le mobile de déplacement est dû à des guerres ou persécutions systématiques, le continent est miné par des crises ethniques, ou post –électorales qui sont dues à un enchevêtrement de facteurs endogènes et exogènes, qui n’échappent pas aux tensions géopolitiques mondiales.

A tout cela, vient s’ajouter le Coronavirus avec ses lourdes conséquences de récession économique mondiale, Horizon Sans Frontières a tiré et continue de tirer la sonnette d’alarme sur l’ère post coronavirus, qui risque d’être marquée par une intensification des flux migratoires clandestins, sous l’aiguillon de l’extrême pauvreté et des changements climatiques.

Défi et solutions en Afrique

De nos jours, 60% des africains ont moins de 24 ans, le taux de chômage des personnes âgées entre 15 et 24 ans dépasse en moyenne les 35 % dans presque tout le continent.

A l’horizon 2050, l’Afrique constituera avec l’Inde et la Chine, le plus grand réservoir de la planète. On estime que la population mondiale va se stabiliser entre 9 et 11 milliards d’individus.

Selon certaines études démographiques, en 2050, 35% des jeunes dans le monde seront des Africains ,alors que cette population n’était que 15% en 2000.Cette particularité est une donnée capitale pour l’avenir de ce continent si jeune.

D’ici 2030, plus 40 millions de jeunes arriveront chaque année sur le marché de l’emploi en Afrique et les défis en matière d’emplois au regard des prévisions démographiques et des réalités économiques, sont énormes.

Plus de 500 millions d’emplois supplémentaires sont à créer pour fixer la jeunesse et réduire les risques à des proportions tolérables.

Pour cela, il est important de dynamiser le marché du travail plus particulièrement la filière agriculture, qui doit être l’activité de relance économique en Afrique.

Également, il faudra renforcer l’employabilité des jeunes, en orientant la formation vers des métiers et spécialisations plus adaptés au besoin du marché du travail et vers les métiers d’avenir.

Le potentiel économique inexploité de l’Afrique et ses richesses entre les mains des puissances étrangères qui appauvrissent un continent depuis des siècles, la mauvaise gouvernance, des esquisses de solutions sans suite pour l’emploi des jeunes, seront toujours au banc des accusés devant l’échec qui explique cette vague suicidaire du « Barça wala Barsakh ».

Avec une autre vision ou une vision nouvelle, l’Afrique doit se réveiller ou se ressaisir. Car des solutions sont là !

Boubacar Sèye
Chercheur en migrations internationales
Président de Horizon Sans Frontières.

 

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