Jouer dans les clubs de football est le rêve de toute la nouvelle génération. Et les parents souhaitent que leurs garçons s’aventurent dans ce sport qui est un moyen d’enrichissement rapide. Raison pour laquelle, Ndongo Seck a décidé de faire fortune aux crochets de ces individus en leur promettant de les aider à matérialiser leur rêve. Il encaissait la fortune de jeunes débrouillards en leur faisant croire qu’il allait les intégrer dans des clubs de foot. Mais tout ceci n’est qu’un mirage. Parmi ses victimes, le vieux Babacar Sarr et Pape Mor Sylla. Ce sont ces derniers qui l’ont traduit en justice pour escroquerie.
Revenant sur les faits, Babacar Sarr a relaté le différend qui l’oppose au prévenu. Celui-ci s’est présenté à lui en tant qu’agent commercial de joueurs. Voulant envoyer son fils concrétiser ses rêves, il a payé les frais du voyage. Mais il n’a reçu que désillusion en contrepartie. «Il m’a dit qu’il pouvait amener mon fils en Belgique pour aller faire carrière dans le football. Il m’a promis qu’une fois là-bas, il va jouer en troisième division. Ainsi, je lui ai remis la somme de 1 300 090 francs. Pour mieux huiler sa machination, il envoyait, chaque jour, à mon fils des photos qui montraient des joueurs sur des terrains de foot», raconte le père désespéré.
Pape Mor Sylla, partie civile : «il m’a amené à Singapour. Mais, arrivé là-bas, la personne avec qui il m’avait mis en rapport était injoignable. Finalement, j’ai été refoulé»
Contrairement au fils de Babacar Sarr qui n’est jamais monté dans un avion, l’autre plaignant Pape Mor Sylla a été conduit jusqu’au pays où il comptait faire une carrière de football. «Je voulais partir à Singapour et il m’a dit qu’il peut m’aider moyennant la somme de 2 millions de francs. Quand je lui ai remis l’argent, il a tout réglé jusqu’à ce que je me rende dans ce pays. Mais, arrivé là-bas, la personne avec qui il m’avait mis en rapport était injoignable. J’appelais le numéro, mais en vain. Finalement, j’ai été refoulé !», désole-t-il.
Pour justifier toutes ces accusations qui pèsent contre lui, Ndongo Seck a apporté des réponses légères, peu convaincantes. Âgé de 47 ans, le prévenu multirécidiviste s’est présenté à la barre comme commerçant international. Pour n’avoir pas honoré ses engagements vis-à-vis de Babacar Sylla, il invoque une absence de licence dans les Fédérations.
«J’ai des contacts dans le foot. Des fois, quand ils veulent des joueurs sénégalais, c’est moi qu’ils appellent. Ce qui a entravé le voyage du fils de Babacar vers la Belgique, c’est que les Fédérations ne disposent pas de licence à cause de la Covid-19. Alors que sans licence, il ne pouvait pas intégrer un club. Je leur avais dit d’attendre le 05 janvier», tente-t-il de s’expliquer.
Pour le cas de Pape Mor Sylla, il dira : «j’ai reçu son argent et j’ai acheté son billet d’avion en sa présence avec une partie de l’argent. Le reste de l’argent il devait le remettre au club. Le club m’a appelé le même jour pour me dire qu’il n’a pas vu Pape Mor Sylla. S’il a été refoulé, c’est peut-être parce qu’il ne disposait pas de test qui certifie qu’il n’est pas porteur de la Covid-19.»
Pour ce qui est du reste de l’argent, il déclare l’avoir dépensé dans les invitations et qu’il avait promis de les payer quand il sera sorti de prison. À la question du procureur de la République de savoir quelle structure l’a agréé pour qu’il prenne l’argent des gens, il répondra : «c’est juste que j’ai des connaissances. En plus, je suis agent d’une Académie.»
Pour Maître Soumaré, conseil de Pape Mor Sylla, il ne doute pas de sa bonne foi quant au remboursement. Mais ce qui les amène ici, c’est parce que ce que son client attendait de lui ne s’est pas réalisé. Pour toute cause de préjudice, il demande la somme de 2 500 000 francs. Babacar Sarr, lui, réclame juste l’argent qu’il lui avait donné, soit 1 300 090 francs.
Quant au représentant du Ministère public, il estime que le prévenu a abusé de la confiance des parties civiles et s’écarte de la loi pour ne pas respecter ses engagements. Il a tenté, dit-il, dans une mauvaise foi, de circonscrire dans un commerce qui, en réalité, n’existe pas. Des faits qui méritent d’être sanctionnés. Ainsi, il a demandé au Tribunal de le reconnaître coupable et de le condamner à 6 mois d’emprisonnement ferme.
L’avocat qui assurait la défense du prévenu a demandé une application bienveillante de la loi pénale. A l’issue des débats, le juge a déclaré Ndongo Seck coupable et l’a condamné à 6 mois d’emprisonnement assorti de sursis. Le Tribunal a reçu la constitution des parties civiles à leur allouer les dommages et intérêts réclamés.