Entre une victoire hasardeuse et une défaite incertaine du covid-19 (Mamadou SY Albert)

La stratégie de lutte contre le coronavirus s’inscrit dans un long processus de changement des modes de vie, des organisations sociales et la gestion de crises multiformes. Forcément, la réussite contre la Pandémie mondiale en cours passera par une modification significative de pesanteurs fortement ancrées dans les habitudes, dans les manières de vivre, de se déplacer et de travailler.

Quelques semaines après la mise en œuvre des mesures de protection individuelle et collectives à l’échelle de tous les continents affectés à des degrés très variables, l’Humanité se situe entre une victoire hasardeuse contre un ennemi méconnu capable de se métamorphoser et la défaite incertaine d’un  virus sournois. Un mal se répandant malgré la baisse de son intensité et de son impact sanitaire dans plusieurs pays affectés, en Europe, en Amérique, en Asie et en Afrique, au cours de ce long premier trimestre de l’année de son apparition et dénommée sous la codification covid-19.

Les gouvernants et les corps médicaux surpris par l’ampleur de la propagation de la Pandémie, pas assez préparés, devraient à présent bien se préparer pour faire face méthodiquement à un essoufflement des capacités de mobilisation des populations, et singulièrement les couches sociales les plus vulnérables et économiquement faibles.

La force de la loi et l’usage des méthodes violentes, pour imposer l’ordre politicien, en prévision d’éventuelles émeutes, seraient les pires des remèdes apportés aux inquiétudes, à la faim, aux angoisses secrétées par un contexte de crise sanitaire et de remise en cause profonde des valeurs de la société contemporaine : «Rester chez vous !». C’est le maître-mot de tous les acteurs de la stratégie de lutte contre le covid-19. Le mot d’ordre médical actuel est pratiquement relayé à l’échelle de la planète par les autorités de la santé publique et les médecins du monde.

Cependant, ce slogan n’aura de sens réel que si les populations mettent en œuvre les mesures de protection individuelle et collective édictés, d’une part, et que les acteurs réussissent à anéantir l’ennemi mondial. Il en va de la prise de conscience de la gravité de la menace planétaire. C’est probablement là un des résultats les plus significatifs de réussite de la stratégie de lutte contre la Pandémie. Ce succès peut se mesurer à travers l’introduction massive de la maladie dans tous les foyers. On ne parle plus que de ce virus, de ses ravages à l’échelle de continents, des mystères de son expansion rapide, mais également de ses capacités à muter, se transformer…

La réussite de la stratégie de lutte contre cet ennemi invisible, méconnu des hommes de science, c’est aussi le respect des règles de l’hygiène corporelle, des personnes et groupes socio-professionnels etc. Le respect de l’état d’urgence et du couvre-feu constitue également un autre indice de la réussite des autorités sanitaires, administratives et politiques. Le respect de ces mesures ne devrait point occulter les difficultés auxquelles se heurte la stratégie de lutte contre le coronavirus. Le changement des modes de vie, de l’organisation sociale n’est point évident en un temps si court. L’essoufflement est déjà perceptible entre les lignes des comportements individuels et collectifs des citoyens, fatigués et éreintés secrètement. La lassitude gagne psychologiquement du terrain. L’envie de retrouver les vieilles habitudes est manifeste chez les jeunes et les moins jeunes. Tous veulent reprendre l’activité sociale.

Dans tous les secteurs économiques, singulièrement les secteurs de la production solidaire, on sent se développer progressivement un processus inconscient de rupture progressive avec la stratégie de lutte contre la maladie. L’angoisse de lendemains catastrophiques pour de nombreuses couches de la population se conjugue à l’incertitude sanitaire factuelle. On peut devenir porteur du virus à tout moment et en tout lieu de la vie en communauté. Personne ne sait en plus la durée réelle de la directive universelle “rester chez-soi” et celle de l’arrêt de l’économie nationale et internationale.

Le pire des remèdes, dans cette situation tendue des nerfs et des esprits, serait de faire usage de la violence étatique dans des sociétés de crise perdant davantage ses repères sociaux, culturels et religieux. La violence de la puissance publique ne pourra guère éteindre le feu qui couve de partout à travers l’angoisse collective, les incertitudes du lendemain et la crainte de la faim. Précarité totale !

La lutte sera probablement longue, médicalement pénible, humainement tortueuse, pour trouver un remède miracle. Les armes manquent terriblement aux hommes et femmes chargés de mener le front médical, technique et scientifique.

Une véritable course contre l’expansion de la Pandémie est lancée pour protéger les acteurs de la santé et les populations. Il faudra aussi investir dans le domaine médical : création de structures de santé, renforcement des structures de recherche et de la coopération entre les pays. De nombreux pays devront revoir profondément les moyens financiers, techniques et scientifiques en fonction de l’ampleur de la Pandémie, de son impact sanitaire. L’issue de la lutte dépendra désormais de la solidarité internationale entre les nations et les États.

Cette solidarité mettra à rude épreuve les organisations régionales, sous- régionales, continentales et mondiales quant à la mobilisation des ressources humaines et financières. L’espoir est permis au regard de l’élan de solidarités se dessinant à l’horizon contre un mal commun.

 

 

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