Entretien avec le nouveau Président de l’As Pikine

Fraîchement élu à la tête de l’As Pikine pour un mandat de 4 ans, Mamadou Guèye nourrit de grosses ambitions pour le club-phare de la banlieue de Dakar. Dans cet entretien, il nous décline son Business modèle, ses ambitions, et évoque aussi le manque de moyens financiers de la Ligue Pro, non sans interpeller l’État.

Après votre élection par acclamation à la tête de l’As Pikine, quels ont été les premiers sentiments que vous avez ressentis ?

Cette élection est un défi. C’est aussi un challenge assez important dans la mesure où les populations de Pikine fondent beaucoup d’attente sur nous, aussi bien sur le plan managérial que sur le plan sportif. Sur le plan sportif, les Pikinoises et les Pikinois attendent de nous que l’équipe soit performante à tous les niveaux. Que toutes les catégories puissent être opérationnelles. Justement, nous avons un chantier important pour la petite catégorie. C’est ça qui doit nous permettre de changer des business modèles pour être autonome financièrement. Un club, tant qu’il ne vend pas des joueurs ou qu’il n’est pas dans les conditions de vendre des joueurs, il ne pourra jamais être autonome sur le plan des finances. Nous avons l’ambition de faire de l’As Pikine, un club attrayant pour attirer les sponsors.

Vous héritez un club où les supporters sont exigeants et où votre prédécesseur a eu à faire des résultats positifs, avec un titre de champion du Sénégal, une participation à la Ligue africaine des champions et une coupe de La ligue à la clé. N’est-ce pas de la pression supplémentaire ?

En sport, il faut de la planification et de la patience. Aujourd’hui, nous n’allons pas nous fixer des ambitions démesurées, qui vont inhiber les joueurs et l’encadrement technique. Nous avons des ambitions à court, moyen et long terme. Nous allons dérouler des stratégies. D’abord, il faudra que l’équipe se stabilise. L’année passée l’As Pikine était 5ème au classement, alors que l’équipe venait de la Ligue 2. Nous allons consolider cet acquis. Et dans les 2 à 3 prochaines années, nous allons mûrir notre projet. À partir de là, nous devrons envisagez le championnat ou être sur le podium, et pourquoi pas, avec une coupe nationale à la clé. Nous ne visons pas des objectifs inhibant, mais nous allons mettre de notre côté tous les atouts pour que l’équipe aille au plus haut niveau. Donc, il faut de la patience pour arriver des résultats probants. Mais nous comptons aussi sur le soutien de toutes les Pikinoises et les Pikinois pour atteindre notre objectif.

Au Sénégal, mis à part les appuis des collectivités territoriales, les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 ne vivent que de la poche du président, comment comptez-vous vous démarquez de cette pratique qui ruine justement les présidents de clubs ?

Les business modèles des clubs ne sont pas bons. Il faut que nous sortions de ce carcan-là. Une des priorités de notre mandat est de faire en sorte que l’équipe arrive à se financer elle-même. L’As Pikine a une base affective. Nous allons en profiter pour faire contribuer tous les Pikinois, car le club appartient à tout le monde. D’ailleurs, dans les jours à venir, nous allons lancer une campagne de levée de fonds pour faire contribuer tout le monde à la gestion de l’équipe. Que chacun contribue à la hauteur de ses moyens. Certes, c’est une campagne de levée de fonds, mais elle permettra aussi à retisser les liens entre l’équipe et sa base. D’autres stratégies seront déroulées aussi. Nous pensons que si les résultats suivent sur le plan sportif, l’équipe pourra avoir les moyens de ses ambitions.

Après plus d’une décennie dans le Football Pro, les clubs et la Ligue Pro même «jouent» sur une pelouse à problèmes, notamment un manque criard de moyens financiers. Cela vous inspire quoi ?

Pour les problèmes financiers, il faut partir d’une stratégie globale d’accompagnement de l’État. L’État doit avoir une politique sportive qui va dans le sens de faire du sport, notamment le football, un réel vecteur de développement. Le sport emploie des centaines de jeunes sénégalais. Une équipe de Ligue 1 peut compter jusqu’à une quarantaine de salariés. Avec 40 clubs en Ligue 1 et Ligue 2, vous conviendrez avec moi que c’est important. Aujourd’hui, le football lutte contre le chômage des jeunes, et par ricochet, contre l’immigration clandestine. Donc l’État doit accompagner le sport par l’incitation des entreprises de la place à appuyer les clubs de football. Il doit aussi aider la Ligue Pro qui a été cherché un partenaire (Ndlr Startes Times), mais malheureusement des difficultés qui ont surgi ont plombé le projet.

Mais avec le professionnalisme, les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 sont devenus des entreprises privées…

Exactement ! Mais la politique sportive relève du gouvernement, qui a délégué le ministère des Sports. L’accompagnement dont je parle, ce n’est pas une subvention directe. Mais c’est de permettre aux entreprises de la place, à travers la responsabilité sociale d’entreprise (Rse), de pouvoir investir dans les clubs de football, et cela puisse être déductible en matière de calcul de l’impôts sur les sociétés. C’est une forme qui peut permettre aux entreprises de pouvoir accompagner les clubs de football. Il faudrait d’abord que l’État soit conscient du rôle de régulateur social que joue le sport.

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