L’objectif de la nouvelle ville de Diamniadio est de désengorger Dakar et surtout le Plateau. C’est en substance, ce qu’a déclaré le Délégué général à la promotion des Pôles urbains de Diamniadio et du Lac Rose. Pour Seydou Sy Sall, Diamniadio va bientôt positionner la capitale sénégalaise en une ville métropolitaine d’envergure continentale. L’ancien ministre de l’urbanisme a en outre indiqué que l’impact du Pôle sur toutes les localités environnantes est déjà une réalité. Il a également levé un coin du voile sur le taux de réalisation des travaux sur ce vaste chantier qui s’étend sur quelque 16,5 Km2. Entretien réalisé par Siaka NDONG

Qu’est- ce qu’un pôle urbain ?

Un pôle est un bassin d’emplois, une concentration dans un même espace géographique, d’infrastructures, d’équipements et de résidences où l’essentiel de la population travaille et habite. Le pôle urbain de Diamniadio est ainsi une unité urbaine structurée par un bassin d’emplois non situé dans la couronne du Plateau et polarisant une zone d’influence spécifique. L’objectif en matière d’urbanisme poursuivi à travers son implantation est de mieux canaliser les extensions de l’aire urbaine dakaroise, de désengorger le Plateau en faisant de Diamniadio un pôle de services métropolitains.

Comment est née l’idée de la création de la nouvelle ville ?

La création de la nouvelle ville de Diamniadio par le Président Macky SALL traduit sa volonté de trouver une réponse urgente et efficace aux problèmes d’urbanisation, d’aménagement et de mobilité de la capitale sénégalaise. En effet, l’agglomération de Dakar compte 3,5 millions d’habitants. Elle est confrontée à un accroissement très rapide de sa population et de ses activités, pas moins de 80 % des industries et 75% des services et équipements administratifs y sont concentrés. Le déficit de logement est estimé à environ 150 000 logements et ne cesse de se creuser. Pire, à cette offre insuffisante de logements se sont greffés la spéculation foncière et le coût élevé des loyers.
C’est pour ces raisons que le Président Macky SALL a porté son choix sur Diamniadio qui dispose de réserves foncières et qui se trouve à 30 km de Dakar et à 10 minutes de l’aéroport Blaise Diagne.

 En quatre ans qu’est ce qui a été réalisé concrètement et qu’est ce qui reste à faire au niveau du pôle urbain de Diamniadio qui s’étend sur 16,5 km² ?

En quatre ans, le bilan semble satisfaisant. Il s’agit d’une grande opération d’urbanisme, une ville nouvelle sur 1644 ha dont l’objectif est de désengorger Dakar et surtout le Plateau. Il s’agit de développer sur ce site un ensemble d’équipements articulés autour de fonctionnalités découlant du PSE et des territorialités : l’industrie et la logistique, l’enseignement supérieur, l’économie de la connaissance, l’évènementiel, les services, le commerce. Aujourd’hui, beaucoup d’équipements ont déjà été réalisés : le Centre international de conférence Abdou Diouf, le parc industriel, Dakar Arena, la sphère ministérielle du premier arrondissement, la sphère ministérielle du deuxième arrondissement, le Marché d’intérêt national, le parc des expositions, l’hôtel 5 étoiles du RADISSON. Ces équipements ont permis d’accroitre l’attractivité territoriale du Pôle. Mieux, le Pôle connait déjà une vie avec l’installation effective dans la sphère ministérielle du premier arrondissement, des Ministères en charge de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Elevage. Le pôle ministériel du deuxième arrondissement sera livré le 09 janvier 2019 et la gare de Diamniadio le sera dans quelques semaines. Le marché d’intérêt national, la gare des gros porteurs, l’usine de montage des ambulances et d’autres projets privés seront inaugurés bientôt. Sans oublier les voiries et réseaux divers, c’est à dire les réseaux d’alimentation en eau, électrique, de drainage des eaux pluviales, d’évacuation des eaux usées, de téléphone, en cours d’exécution.

 Quel est le taux de réalisation des travaux de la première phase2014-2019 ?

La quasi-totalité des équipements structurants de la phase d’émergence du Pôle 2014-2019 est déjà réalisée. La conception et l’aménagement de villes nouvelles en Europe et surtout en France et l’installation des premiers habitants et des premières activités s’inscrivent le plus souvent dans une durée beaucoup plus longue, au moins 15 à 20 ans. Parce que pour ces villes l’Etat est la plupart du temps l’acteur principal et l’acteur unique alors qu’à Diamniadio, quatre ans ont suffi. Là, le modèle de réalisation repose sur une conjugaison d’efforts entre l’Etat et les acteurs privés.

Avez-vous fait recours à d’autres leviers pour accélérer le processus ?

Oui la disponibilité du foncier s’est d’emblée révélée comme un atout de taille. Sa sécurisation juridique également. En effet, la totalité de l’assiette qui relevait du Domaine national a fait l’objet d’immatriculation au profit de l’Etat après la déclaration d’utilité publique. Elle a ensuite été cédée au franc symbolique à la DGPU, personne morale, pour lui permettre d’en assurer la gestion directe des attributions suivant des règles spécifiques fixées par un décret. Pour ces attributions, un guichet unique est ouvert. Le guichet permet de recevoir et d’étudier les demandes d’attribution de terrain dans un délai court. Les assiettes foncières sont mises à la disposition des promoteurs et des développeurs privés au travers d’un bail emphytéotique aux conditions financières modiques de 270 FCFA le mètre carré pour le loyer annuel. Les voiries, les réseaux primaires et les équipements structurants sont financés et réalisés par l’Etat. Ce qui a permis de créer une réelle attractivité territoriale, économique et résidentielle. Enfin, tous les chantiers sont assujettis à la procédure de fast-tract.

Quels sont les difficultés que vous avez rencontrées notamment avec les populations autochtones dans la réalisation d’un tel projet ?

Naturellement la réalisation d’une opération de telle envergure, ne peut pas se faire sans entraves. Au démarrage, la DGPU a trouvé des exploitations agricoles quelquefois à l’abandon, des lotissements initiés par la commune de Diamniadio ou par des promoteurs. L’exécution des projets s’est souvent heurtée à la volonté d’extension des villages environnants. Devant ces difficultés, la DGPU a déployé un projet urbain qui a accordé une large place à la concertation avec les communes intéressées, de Diamniadio, de Bargny, de Bambilor. Un principe a été dégagé, toute impense doit faire l’objet de recensement, d’évaluation et de paiement avant le démarrage de travaux sur l’assiette visée. Le projet a été présenté devant tous les conseils municipaux des communes considérées. Jusqu’ici, toutes les opérations ont fait l’objet d’une étude d’impact environnemental suivie d’une consultation du public ; ce bilan de la consultation étant restitué devant les services administratifs, le conseil municipal et les populations concernées.

Quel sera l’impact du pôle sur l’agglomération de Rufisque et par ricochet sur le triangle Dakar-Thiès-Mbour ?

L’impact du pôle sur toutes les localités environnantes est déjà une réalité. Ce bilan constitue une promesse que la nouvelle ville de Diamniadio sera un pôle d’équipements qui rayonnera sur tout le département de Rufisque et même sur l’ensemble du territoire national. Le parc de technologie numérique, l’Université, le parc industriel, le marché d’intérêt national, la gare des gros porteurs, les équipements sportifs, les équipements culturels participeront à ce rayonnement. Les chantiers et la mise en service des grands équipements génèrent beaucoup d’emplois au bénéfice surtout des jeunes. Diamniadio sera également, pour les localités environnantes un lieu capable de fournir aux entreprises et à toutes les populations les services qu’elles allaient chercher au Plateau. Sans oublier l’attractivité résidentielle que cette nouvelle ville va secréter dans des localités comme Diass, Sindia, Nguékhoh sur l’axe Mbour et les localités comme Sébikotane, Keur Moussa et Pout sur l’axe Thiès.

Qu’en est-il de l’employabilité des jeunes dans le cadre de ce nouveau projet, Diamniadio ville nouvelle ?

Dans le cadre de la réalisation de la ville, les emplois dans le bâtiment et dans les travaux publics sont prédominants. Dans les chantiers, il est remarqué que les emplois sont occupés par des jeunes qui viennent des localités environnantes. Cependant, ces jeunes des communes auraient davantage pu tirer leur épingle du jeu s’ils avaient eu une formation dans les BTP. C’est pourquoi, l’année dernière dans le cadre d’un forum sur l’employabilité des jeunes organisé par la DGPU en partenariat avec les développeurs privés, le maire de Diamniadio et les jeunes de la commune, cette question a été soulevée par nous et fait l’objet de recommandations. Aux termes de ces consultations, des bourses de formation de perfectionnement et des stages ont été offertes par les développeurs dans le cadre de leur responsabilité sociétale, en réponse à ces recommandations. Il nous faut arriver à mettre en place un observatoire sur les marchés d’emplois dans le domaine des BTP et d’autres secteurs qui permettra de mieux recueillir et traiter les données.

Quel est le rôle du secteur privé dans la réalisation de cette nouvelle ville ?

Dans la phase de création (2014-2019), l’Etat a réalisé une bonne partie des voiries et les réseaux primaires ville et les équipements structurants. Mieux 60% des investissements ont été pris en charge par le secteur privé pour réaliser les équipements marchands, les logements, les hôtels, les centres commerciaux, les équipements de santé, etc soit au travers du partenariat public/privé, de la location-vente ou du contrat commercial. Dans la phase de croissance (2020-2024) et dans celle de maturation (2025-2035), il est dévolu une place encore beaucoup plus importante aux investissements privés.

En terme de mobilité urbaine qu’est ce qui est prévu pour desservir cette zone située à 30 km de Dakar ?

Le pôle urbain de Diamniadio est déjà desservi par quelques infrastructures de communication dont l’autoroute à péage avec le diffuseur du Centre international de Conférences Abdou Diouf (CICAD), la route nationale 1, la route nationale 2. Sous peu, la desserte du Pôle connaîtra une montée en puissance avec le Train Express Régional (TER) dont la particularité est de diversifier l’offre de transport par un transport ferroviaire rapide, offrant un meilleur confort et une meilleure sécurité.
Depuis l’installation des ministères, la société Dakar Dem Dikk a créé des lignes spéciales pour desservir le Pôle. Certaines sociétés présentes dans le pôle ont mis à la disposition de leurs employés des bus de ramassage.

Quelle est la fonction dévolue à la nouvelle ville de Diamniadio sur l’échiquier national et continental ?

Le pôle urbain de Diamniadio permettra de repositionner Dakar en une ville métropolitaine d’envergure continentale. En effet, Dakar de par sa position géographique, peut capter beaucoup de marchés de l’industrie évènementielle. Le Centre international de conférences Abdou Diouf est doté d’un amphithéâtre de 1500 places et de nombreuses salles de réunion. Cette infrastructure a déjà accueilli près d’une soixantaine rencontres de dimension internationale, ce qui permet d’espérer que Dakar pourra, valablement, sou peu se positionner sur le marché des idées et rencontres internationales en abritant une bonne part du marché des grandes conférences et expositions internationales. Le centre des expositions, qui vient d’être inauguré par le Chef de l’Etat, va renforcer ce positionnement parce qu’il pourra accueillir les grandes foires et expositions thématiques. L’hôtel 5 étoiles Radisson qui est déjà fonctionnel ainsi que les autres réceptifs hôteliers qui seront bientôt mis en chantier vont rendre le Pôle plus fonctionnel et plus attractif pour le tourisme évènementiel.
De par la gare des gros porteurs et le marché d’intérêt national, le Pôle urbain de Diamniadio offrira à la filière agricole le chainon qui lui a toujours fait défaut pour la valorisation et la redistribution des productions agricoles et animales.
De même, Diamniadio, par la construction de la deuxième université de Dakar, de la Cité du savoir et d’un Centre Hospitalier Universitaire d’envergure nationale, sera aussi un creuset d’excellence pour l’enseignement supérieur et la recherche.
La Cité du savoir a pour vocation la formation, la recherche, l’innovation, la création d’entreprises et la promotion de la culture scientifique.
Tous ces équipements constituent pour Dakar autant d’atouts à même de lui conférer une marque distinctive et un avantage compétitif sur les métropoles concurrentes.

Si la question n’est pas indiscrète, pouvez-vous lever un coin du voile sur le coût de la nouvelle ville de Diamniadio ?

Le coût global des investissements publics et privés doit être consolidé. A présent, il m’est difficile d’avancer un chiffre sur le coût de la nouvelle ville car il est pris en charge par plusieurs acteurs sur des projets dont les démarrages sont articulés à des moments différents. Les logements et autres équipements marchands sont du ressort du secteur privé qui prévoit de réaliser 15000 logements avant fin 2019. Nous misons beaucoup sur ces engagements privés. La programmation s’appuie sur l’investissement public comme moyen d’impulsion des investissements privés nationaux ou étrangers..

Comparaison n’est pas raison. Qu’est-ce qui différencie Diamniadio d’Akwaba City (Côte d’Ivoire) présenté par ses promoteurs comme étant le plus grand projet d’aménagement foncier d’Afrique noire ?

Le projet Akwaba City est bien connu des professionnels de l’aménagement et de l’urbanisme de la sous-région, mais Diamniadio et Akwaba City sont différents. Akwaba City est dans une phase de conceptualisation alors que Diamniadio est déjà, inscrit dans la réalité. La conception et l’aménagement de Diamniadio, repose en priorité sur l’activité économique et la mixité fonctionnelle et sociale.

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