Voulant prendre les devant avec l’exploitation du pétrole qui vient de démarrer au Sénégal, Mamadou Talla s’est mis dans un bourbier sans précédent. Issu d’une famille très renommée du Sénégal, le chef d’entreprise risque trois ans d’emprisonnement ferme. Il est accusé par un certain Mr Ngouma de lui avoir vendu du rêve avant de le gruger de 62.000.000 de francs. Pour y parvenir, le mis en cause lui a présenté un projet jugé fictif. Étant très ressauté, le natif de France devait user de ses relations pendant que son associé gère le côté financier. Mais tout cela n’était que de la poudre au yeux.
En effet, dès que l’argent lui a été versé le sieur a changé de fusil d’épaule et daigne restituer. Il ressort des éléments de la procédure que le nommé Mamadou talla avait proposé à la partie civile un projet immobilier. Il était ainsi convenu de construire à Saint-Louis des chambres d’hôtes en bois typiquement dédiées aux touristes dans le cadre de l’exploitation du pétrole. C’est sur ces entrefaites, que le sieur Ngoma s’est engagé en lui donnant la somme de 62 millions. Au bout de quelque temps, les deux hommes se sont rendu compte que le projet n’était pas réalisable. Car juste pour l’acquisition du site, ils devaient débourser au moins 140 millions. A cet effet, Mr Ngoma a réclamé le retour de son investissement mais le prévenu lui a dit avoir investi l’argent autre part.
Pis, il n’est pas en mesure de restituer la somme dans son intégralité. Cependant, la partie civile a l’intime conviction que Mamadou Talla a tout bonnement inventé ce projet pour lui soutirer frauduleusement de l’argent. Le courtier ainsi que la visite à Saint-Louis n’étaient que du théâtre pour bluffer. Fort de cela, Ngoma a porté l’affaire en justice. Placé sous mandat de dépôt le 11 juin dernier, Mamadou Tall a fait face au juge du tribunal des flagrants délits de Dakar, ce mercredi. Cependant, le mis en cause tergiverse dans ces déclarations. Tantôt il laisse entendre : « Mr Ngoma m’a convaincu de lui laisser les 62 millions pour fructifier car il l’a déjà déboursé », tantôt il rebondit : « J’ai dû aller faire une formation pour augmenter mes connaissances. Je lui ai proposé de lui remettre une parcelle de terrains en attendant ». En gros, le prévenu reconnaît avoir utilisé l’argent à des fins personnelles.
Ainsi, l’avocate de la partie civile, Me Mame Coumba, réclame 30 millions pour toutes causes et préjudices confondus. A noter que le reliquat est évalué à 27.000.000 de francs Cfa. Le prévenu a entre-temps versé presque la moitié de la dette. Mais ceci n’est pas pour convaincre la robe noire qui estime que dans ce dossier tout nous ramène sur la mauvaise foi du prévenu. Mieux, « il savait pertinemment que ce projet ne pouvait se réaliser avec cette somme. C’était une manière de soustraire de l’argent au plaignant. Il déclare que l’argent devrait être utilisé pour le projet mais il y a eu un changement. Pire, ne voulant pas restituer, il rassure la partie civile de fructifier l’investissement. Et dit s’être lancé sur un projet d’achat et de vente de matériel informatique. Chose qui n’est pas établie. Il affirme être une personne ressauté ce qui complètement fausse. Ici les manœuvres sont établies. Il a pris comme prétexte une surévaluation, chose qui devait être faite dès le départ du projet », plaide l’avocate. Le ministère public en appui requiert de déclarer Mamadou Tall coupable des chefs d’escroquerie et de le condamner à trois ans ferme. Toutefois, la défense qui sollicite le renvoi du prévenu à des fins de la poursuite estime qu’il s’agit d’un investissement qui a mal tourné. « C’est un chef d’emprise. Il va rembourser cet argent jusqu’au dernier centime », rassure la défense. L’affaire est mise en délibéré au 3 juillet prochain.
Avec Aissatou Tall