Le chef de l’État, Macky Sall, a donné mercredi des instructions au ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, en vue de «procéder, sans délai, à un audit national de tous les établissements recevant du public», indique le communiqué du Conseil des ministres. Cette instruction du président la République fait suite au chavirement de la pirogue survenu au large des îles de la Madeleine qui a enregistré 4 morts, selon les chiffres officiels.
Seulement, la remarque qu’il convient de faire est qu’à chaque fois que le pouvoir est poursuivi par la clameur publique, le chef de l’État commandite des audits, mais dont on s’interroge sur leur finalité. Parce que ce n’est pas la première fois que le chef de l’État annonce des audits, sans que les populations n’en ressentent le suivi. Finalement, c’est comme si les annonces publiques, et très médiatiques du reste, de commande d’audits de Macky Sall n’ont qu’un seul but : faire baisser la clameur publique. Parce que ces audits annoncés en grande pompe finissent dans les tiroirs de l’oubli, une fois la clameur estompée. Il serait fastidieux de tous les lister, mais nous en citerons quelques cas célèbres.
Audit foncier… Audit Sogas
Le Président de la République, Macky Sall, avait ordonné le mercredi 16 juillet 2014, en réunion du conseil des ministres, un audit foncier exhaustif sur la gestion des surfaces des Niayes. Cette réaction faisait suite au compte rendu de la visite du ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural qui avait fait part au conseil des «menaces qui pèsent sur la conservation de ce poumon de notre horticulture (les Niayes) et qui ont trait aux conséquences d’une urbanisation incontrôlée et galopante». Depuis, plus rien et la vie continue, la spéculation foncière dans ces lieux reprend de plus belle et toujours d’actualité.
Lors du conseil des ministres du 26 mai 2016, le chef de l’État, Macky Sall, avait (encore) demandé à son gouvernement de procéder à l’audit technique de la Société de gestion des Abattoirs du Sénégal (Sogas). Cette instruction faisait suite à l’éclatement du scandale de la commercialisation à grande échelle de la viande d’âne. Abordant la veille sanitaire sur les produits destinés à la consommation, suite à la recrudescence des saisies de viandes issues d’abattages clandestins et de produits périmés et prohibés, le président de la République avait rappelé au gouvernement l’impératif d’assurer, à travers des opérations coordonnées des forces de Police, de Gendarmerie, des agents du Service national d’Hygiène et de la Douane, un contrôle plus rigoureux des Abattoirs, de mener une lutte coercitive contre les ventes illicites d’aliments périmés et de médicaments, et de mettre en place un dispositif d’alerte précoce, conformément aux directives qu’il a données lors du Conseil des ministres du 03 octobre 2013. Depuis lors, la vie continue : la viande d’âne a été digérée, les vendeurs ont empoché leur argent en toute impunité, et les pharmaciens ambulants plus nombreux que jamais, malgré ses directives, déambulent.
Audit Cmu
Le mercredi 1er février 2017 aussi, le chef de l’État, Macky Sall, avait, lors du conseil des ministres de ce jour, demandé une «évaluation globale» de la Couverture maladie universelle (Cmu), avant d’appeler les acteurs du secteur de la santé à «un dialogue social de qualité avec le gouvernement». Le chef de l’État avait aussi rappelé au gouvernement «l’importance primordiale qu’il accorde à la densification de la carte sanitaire, à l’amélioration des conditions d’accueil aux services d’urgence, de la qualité de la prise en charge médicale et sociale des malades».
Pourtant à ce jour, les conditions ne cessent de se dégrader et les malades continuent leur chemin de croix dans les hôpitaux, plus malades que les malades. Pourtant, cet audit commandé par le chef de l’État faisait suite à la panne de la machine de radiothérapie de l’hôpital Aristide Le Dantec, mais il semble que le mal a empiré malgré les instructions du chef de l’État. En atteste la dernière alerte lancée par le gynécologue-obstétricienne, Marie Édouard Faye Diémé de l’hôpital Aristide Le Dantec, selon qui, les dix centres de santé de la région de Dakar disposent chacun d’un bloc opératoire qui ne fonctionne plus. «Nous avons identifié dans la région de Dakar, 10 centres de santé qui disposent de blocs opératoires, mais qui ne sont pas fonctionnels malheureusement», a déclaré Mme Diémé, à la fin d’une visite des centres de santé de la région de Dakar. Il s’agit en effet, des centres de santé des Maristes, Liberté VI, Ngor, Ouakam, Pikine, Keur Massar, Mbao, Yeumbeul, Diamnadio et Rufisque, a-t-elle précisé.