Etat de droit, mal gouvernance : Où s’arrêtera l’État-Apr ?

Pour l’observateur qui essaie de situer sa démarche au plan de la réflexion et de l’analyse, il peut paraître anachronique ou saugrenu de parler d’État de droit et de bonne gouvernance dans le Sénégal d’aujourd’hui. En effet, lorsqu’on se fonde uniquement sur ce qu’on voit, ce qu’on entend, ce qu’on remarque dans la conduite des hommes qui dirigent le pays, dans leur comportement, dans leur façon de faire,  de dire, de se dédire, l’on est choqué, inquiet et même révolté, tant ce qui s’offre à l’observation et à la critique est loin de correspondre à ce que le Président Sall avait promis à ses compatriotes.

Quand l’incompétence le dispute à une politique d’opacité et de mensonges, à la calomnie, aux détournements de deniers publics et au bradage de nos ressources naturelles, le tout sur fond d’impunité,  il y a de quoi se faire du mouron pour l’avenir de notre pays. Aujourd’hui, l’amer constat est que tous les secteurs sont en crise, et ça va de mal en pis, le régime de Macky  Sall semble n’avoir aucun moyen, pour sortir le pays du pétrin dans lequel il l’a enfoncé à travers sa gestion “sobre et vertueuse”.

Pourtant, c’est Macky Sall himself, qui disait ceci devant des membres de l’association des Sénégalais au Burkina Faso : «l’une de mes premières  missions ce n’est pas de construire des routes, des autoroutes, des ponts. Ma première mission c’est de reconstruire l’État de droit». Et le même Macky Sall d’enfoncer le clou, en expliquant que «l’État de droit ne s’apprécie pas  de façon matérielle, ce sont des valeurs, ce sont des principes, c’est l’égalité des citoyens devant la loi, c’est la lutte farouche contre la corruption et le népotisme, c’est de faire du travail un dogme et que tout le monde soit convaincu que c’est avec le travail que nous pouvons développer notre pays».

La question qui s’impose aujourd’hui est de savoir si l’on peut peut, en dehors de toute considération partisane, dire que ces termes déclamés dans le discours du Président Sall sont vécus dans ce pays ? La triste réalité est que ce régime a exacerbé les maux de la société en faisant la promotion des contre valeurs. Et tous les principes qui fondaient la République sont foulés au pied.

Aussi, l’impression que l’on a, est que le Sénégal de nos jours, n’a presque plus rien de commun avec ce que les figures illustres ont laissé comme valeurs. «Aussi bien le pays que ses hommes  donnent l’image pitoyable d’une sorte de mal insidieux qui, tel un cancer épidermique, ronge graduellement, mais inexorablement, le tissu social qui, au plan de la moralité, se rappetit et tend à s’anéantir, avec la disparition des vertus dont il semble ne rester maintenant que des souvenirs, que l’on évoque avec tristesse et amertume», pour paraphraser Abdoulaye Sokhna Diop.

Au-delà des faits de prévarication et de mal gouvernance qui alimentent quotidiennement et inlassablement les Unes des journaux, au grand dam du goorgoolu à la fois blasé et indigné, c’est la menace qui pèse sur la nation toute entière qui est ici en cause, au nom de la Pensée unique à laquelle semble s’être converti corps et âme, le pouvoir en place. Aujourd’hui il suffit seulement de s’indigner ou de dénoncer des comportements qui heurtent la morale pour se voir taxer de tous les noms d’oiseaux. Certains thuriféraires du président osent même déclarer sans sourciller que le Président Sall n’a pas d’adversaires mais des ennemis.

Peut on seulement parler de l’égalité des citoyens devant la loi au moment où les dossiers des prédateurs des deniers publics sont sous le coude présidentiel alors que les voleurs de poule et autres portables infestent les cachots ? Où encore quand Guy Marius Sagna est maintenu en prison alors que ceux avec qui il avait commis le même délit sont relâchés ? Pourtant  Guy Marius a eu le seul tort de s’être agrippé aux grilles du palais pour faire lâcher prise au pouvoir qui s’est agrippé à nos poches, à nos ressources naturelles et à nos deniers en toute impunité.

Il est temps  que tous les démocrates de ce pays qui sont épris de paix et de justice élèvent la voix pour que ce régime aveuglé par les lambris dorés du pouvoir retrouve sa lucidité et revienne à la raison, parce que laisser perdurer de tels agissements, c’est remettre en péril  notre commun vouloir de vie commune. Aujourd’hui où l’on parle de montée du terrorisme et autre djihadisme, le combat contre la mal gouvernance et l’injustice doit être l’affaire de tous parce qu’ils constituent un terreau fertile. Étant entendu que le terrorisme et le djihadisme se nourrissent des frustrations, de l’injustice sociale et de la corruption érigée en mode de gouvernement.

À bon entendeur Salut !!!

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