Exploitation des hydrocarbures et prévention du terrorisme : L’Armée se déploie en haute mer

« Il n’y a ni fatalité ni malédiction du pétrole et des ressources si la volonté politique existe », déclarait le Chef de l’État, Macky Sall, lors de l’ouverture, jeudi dernier, du sommet du bassin sédimentaire de la Mauritanie, du Sénégal, de la Gambie, de la Guinée-Bissau et de la République de Guinée (MsgbcOil, Gas& Power Summit). Pour matérialiser cette volonté, l’Armée nationale a sorti la grosse artillerie pour se préparer à toute attaque en haute mer perpétrée par les terroristes. 

Dans le cadre de sa mission régalienne de sécurisation des personnes et des biens, les Armées sénégalaises ont pris les devants pour « se préparer au pire », en perspective de l’exploitation prochaine des ressources pétrolières et gazières. Samedi dernier, elles ont bouclé, par des tirs en haute mer, une série d’exercices initiés depuis le 15 décembre sur terre, en mer et dans l’air. Retour sur une journée de « mission » avec la Marine nationale.

« On se prépare toujours pour le pire »

Il est 9h 36: c’est l’heure du briefing dans une salle de réunion sombre de l’état-major de la base navale Amiral Faye Gassama de Dakar. Face à une dizaine de journalistes, Cheikh Omar Sagna, Commandant du Groupement naval opérationnel, explique, à l’aide d’une diapositive, les détails de l’exercice que la Marine nationale déroule depuis le 15 décembre 2021, en collaboration avec les autres forces de défense (terre et air). « Il s’agit d’une simulation d’une attaque terroriste contre des infrastructures pétrolières en haute mer », dit-il.

« Dans les entraînements, on se prépare toujours pour le pire. Il y a des choses qu’on apprend et qu’on espère ne jamais avoir à appliquer, mais il faut entretenir cette capacité », clarifie, de son côté, le Capitaine de vaisseau Karim Mara, chef de la chaîne emploi de la Marine nationale.

À 10h27mn, nous sommes au quai. Le Lieutenant de vaisseau Mamadou Alpha Diallo, Commandant de l’unité Shaldag, dénommée « Lac Retba », prend le relais. Lui et ses hommes, 10 au total, procèdent à un briefing sur les comportements et la conduite à bord et une présentation de la vedette de modèle israélien acquise en novembre 2020. Ici, aucun détail n’est laissé au hasard. Aucun compartiment n’est non plus laissé en rade : de la passerelle à la salle des machines, passant par les différentes cabines, les toilettes, la cuisine, la salle à manger.
L’embarquement effectif à 11h45mn, direction la zone « Alpha », située à environ 80 kilomètres au large de Dakar. À bord, c’est la communion entre marins et journalistes.

Huit navires et un avion de guerre pour trois cibles

« Nous sommes bien arrivés dans la zone où va se dérouler l’exercice. Les opérations vont débuter à 14h pile », informe le Commandant Sagna à ses hommes, après plus de deux heures de navigation. Autour du « Lac Retba », sept autres navires, dont « Kédougou », « Gorée », « Karabane », « Ferlo », qui se sont tous faits remarquer dans les vastes opérations de lutte contre le trafic de drogue, sont prêts au « combat ». Objectif : abattre les trois cibles flottantes larguées en pleine mer.

Sur la passerelle, la concentration est maximale. Le Commandant de vaisseau et ses deux navigateurs communiquent sans cesse avec les autres équipes déployées dans la zone déjà quadrillée par un avion de guerre (Casa 235) de l’armée de l’air chargé de sécuriser les lieux. Pendant ce temps, quatre marins tireurs chargent minutieusement deux armes lourdes 12-7 sous le regard évasif des reporters. « On n’attend que le commandement pour viser et écraser l’ennemi, on ne lui donnera aucune chance », nous confie l’un d’eux avec un ton taquin. À chaque consigne donnée, sont déclenchées les armes de gros calibres.

Les opérations ont duré environ trois heures d’horloge dans une mer fortement agitée le samedi 18 décembre, mais les forces spéciales ont fini par venir à bout de ces « ennemis ». La dernière cible a d’ailleurs été éliminée par les marins du « Lac Retba ».

Sept « terroristes » tués à Ngasobil

Ces exercices dénommés « Tagaat 221 » sont déroulés suite aux instructions du commandement en matière de préparation des unités en vue de « développer les liens et capacités d’opérabilité avec les autres forces, à savoir la marine, les partenaires étrangers et les autres forces de défense », explique le Commandant Karim Mara. « Il s’agit de prendre en compte les menaces multiformes qu’il y a dans la région et on se prépare pour être en mesure d’y faire face demain, si quelque chose devait se passer», a-t-il ajouté, rappelant que la première phase s’est faite entre forces sénégalaises et françaises et la seconde entre éléments sénégalais.

La veille, une autre opération s’était déroulée à Ngasobil, jusqu’à 20 km en mer, au cours de laquelle huit « otages » ont été libérés sains et saufs vers 4h du matin et sept « morts » dénombrés parmi les « terroristes » ainsi qu’un blessé du côté des forces armées.

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