En lisant, ce matin, les journaux de la place, je constate, encore, que l’actualité est dominée par la prochaine élection présidentielle. Et je tire la conclusion non hâtive qu’on risquerait d’avoir autant de candidature que d’électeurs. Ce serait grave, car, comme dit l’adage, il faut de tout pour faire un monde.
Ce que Nelson Mandela avait bien compris en s’exprimant en ces termes, je le cite :《j’avais toujours admiré les hommes et les femmes qui mettaient leur talent au service de la communauté, ces hommes et ces femmes respectés et admirés pour leurs efforts et leurs sacrifices, même s’ils n’avaient pas occupé de postes importants au gouvernement ou dans la société civile.》. Il voulait motiver ainsi son refus d’être Président de la République, à la fin de l’apartheid, face à l’insistance des dirigeants de l’ANC.
Sans détour, Nelson Mandela avait bien raison : le talent d’un homme ou d’une femme peut bien être d’une utilité sociétale certaine sans l’occupation d’un prestigieux poste politique.
C’est pourquoi je frémis, à chaque fois, qu’un politique parle de tout et de rien en centrant tout sur sa propre personne. Si l’occasion m’était donnée, j’aurais posé à ces messies la question suivante : le meilleur Président de la République, sans des exploitants agricoles, peut-il assurer, par la magie des mots et des projets, une souveraineté alimentaire durable ?
Cette question contient sa propre réponse qui devrait être acceptée sans recours à un raisonnement compliqué qu’on serait seul à comprendre. En clair, un talent individuel doit être au service du collectif.
Au demeurant, je retiens une assertion forte : » un collaborateur, c’est celui qui sait faire ce que je ne peux faire et qui ne peut pas faire ce que je sais faire ». C’est une belle illustration de ce que doit être un système efficace, efficient, inclusif et résilient. J’utilise souvent celle-ci en plaidant pour des recherches interdisciplinaires visant à comprendre et à expliquer des phénomènes complexes qui se complexifient au cours du temps.
Que chacun de nous fasse ce qu’il sait faire et mise sur une mutualisation des talents à travers une exploitation raisonnée des complémentarités et le respect des différences.
Le savant Cheik Anta Diop n’a jamais prêté serment devant le Conseil constitutionnel pour nous diriger mais sa contribution a toujours été immense, respectée et admirée de tous.
Que Dieu nous garde.
Papa Abdoulaye SECK