Geste d’Ousmane Sonko contre la RTS : « Il fragilise les hommes et les femmes que l’on a mis à disposition de Yewwi Askan Wi », Mariam Selly Kane

Une attitude qui passe mal. Ce samedi, lors d’une caravane organisée par les leaders de la coalition de Yewwi Askan Wi à Thiès, Ousmane Sonko a effectué un geste qui continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Le leader du Pastef a, purement et simplement, retiré le micro de la RTS du lot qui lui était tendu. Un geste qui  n’a pas manqué de faire réagir les premiers concernés avec, en première ligne, le directeur général de la chaîne, Racine Talla.
 
Ce lundi, c’est au tour de Mariame Selly Kane, conseillère du directeur général et chargée des antennes TV, de monter au créneau. Joint par Seneweb, l’agent de la RTS a, tout d’abord, rappelé la contribution qu’elle avait écrite lors des évènements de mars 2021 intitulé : « Il faut sauver le soldat RTS ». Dans ce texte, la journaliste défendait la première chaîne de télévision publique du Sénégal contre des individus qui souhaitaient l’attaquer. « C’était surtout pour demander de ne pas brûler la RTS. Parce que la RTS est un patrimoine », évoque-t-elle.
Avant d’adresser un message aux partis politiques sur leur comportement vis-à-vis de la télévision publique : « Ces formations de partis politiques aspirent toutes à prendre le pouvoir un jour. Et quand elles seront au pouvoir, elles auront besoin de la RTS. Bien sûr qu’elles ont aujourd’hui besoin de la RTS car elles le disent très bien « la RTS est un patrimoine qui appartient à tous ».
« La RTS est garante du service public de l’audiovisuel »
Bien qu’estimant que la RTS se doit d’être plus ouverte aux autres bords politiques, notamment ceux de l’opposition, Mariame Selly Kane explique que la ligne éditoriale de l’organe de presse sénégalais suit un traitement favorable du gouvernement en place et ce, depuis toujours. « Mais si vous faites une lecture de notre histoire démocratique, le parti politique qui arrive au pouvoir a toujours tendance à faire de la RTS leur chasse gardée depuis qu’il y’a eu cette ouverture médiatique dans notre pays. Il le garde pour avoir un média où ils peuvent communiquer face aux acteurs de l’opposition. C’est de bonne guerre que l’opposition se serve de la Rts comme tête de turc. Wade l’a fait contre Diouf, Sall l’a fait contre Wade et aujourd’hui c’est Sonko contre Sall. La mue de la Rts se fera lentement mais sûrement pas par et pour les agents de la Rts eux même mais par des acteurs politiques. », confie-t-elle.
 
Néanmoins, la journaliste considère que cette raison ne doit pas pousser ces acteurs politiques à avoir de tels agissements. « Cela ne justifie pas que l’on s’en prenne aux agents de la RTS qu’on s’en prenne carrément à l’institution qu’est la RTS. Parce que, encore une fois, la RTS est garante du service public de l’audiovisuel. Et cette formation politique qui arrive au pouvoir comprendra qu’elle a besoin d’avoir, un peu, la mainmise sur la programmation de la RTS », argue-t-elle.
 
« La RTS va continuer à tendre le micro à Yewwi Askan Wi »
Suite à cet événement, il serait légitime de se poser la question de savoir si la télévision continuera à couvrir les évènements de Yewwi. A cet interrogation, Mariame Selly Kane répond sans hésiter : « bien sûr que la RTS va continuer à tendre le micro à Yewwi Askan Wi parce que la RTS n’a pas décidé d’elle-même de couvrir la campagne électorale, elle le fait parce que c’est sa mission, elle le fait parce que c’est dans son ADN. Ce n’est pas parce que les acteurs politiques veulent nous humilier ou nous insulter que nous allons arrêter de travailler. Parce que nous sommes là pour tout le monde ; qu’ils aiment ce que nous faisons ou pas ».
 
« Il fragilise l’équipe qu’on lui a affectée, il fragilise l’équipe d’hommes et de femmes que l’on a mis à disposition de Yewwi Askan Wi pour les suivre dans cette campagne électorale. Si demain, on exposait ces gens et que des éléments non contrôlés leur tombaient dessus, il en porterait la responsabilité » pense-t-elle. Elle conclut en déclarant que : « C’est pour cela que sa communication n’est pas bonne puisque ça peut se retourner contre lui et affecter le capital sympathie que certains sénégalais ont de lui »

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