Le Conseil d’administration de la Sde ne compte pas baisser les bras devant l’État du Sénégal. L’octroi du contrat d’affermage à l’entrepris Suez ne passera pas, si on en croit le Pca de ladite boîte, Mansour Kama. Il a annoncé un recours à la Cour suprême, mais aussi, une internationalisation du combat auprès des bailleurs de fonds.
Le Conseil d’administration de la Société des eaux (Sde) annonce que la Cour suprême sera saisie par ses avocats. Cela, pour demander l’annulation de l’attribution provisoire du marché de gestion des eaux accordé à l’entreprise Suez. Il faut noter que cette décision fait suite au rejet, par l’Armp à la date du 29 mai, du recours pour le même motif, que la Sde avait déposé le 16 avril auprès de ladite autorité.
Le président du Conseil d’administration de la Sde, Mansour Kama, qui faisait face à la presse, a expliqué que le dossier d’appel d’offre a été très clair et précis. Cela, en indiquant que «l’adjudicataire doit être le candidat le moins disant. Ce qui est le cas pour la Sde qui a proposé le prix le plus bas par rapport à ses concurrents». En effet, là où la Sde a proposé à l’État le prix de 286,9 Cfa pour le mètre cube d’eau, Suez a taxé le mètre cube d’eau à 298,5 Cfa, pendant que Veolia proposait 366,3 Cfa.
À la date du 13 février 2019, l’Armp avait donné raison à la Sde, après que Suez ait obtenu une attribution provisoire du marché à la date du 23 octobre 2018. Et ce sont là des faits qui soulèvent des questions auprès du Ca de la Sde. D’autant plus que, Selon Kama, cette différence de prix représente un manque à gagner d’au moins 42 milliards Cfa, qui sortiront des poches des Sénégalais, sur la période du contrat de 15 ans. «C’est bien la population qui est pénalisée à ce stade par le choix de Suez que nous ne parvenons pas à expliquer», a confirmé le Pca.
Par ailleurs, l’entreprise Suez fait aussi face à une situation de conflit d’intérêt. C’est du moins ce qu’affirme le Conseil d’administration de la Sde. «Le groupe Suez se trouve bien en situation de conflit d’intérêt avec sa filiale Suez international, qui a remporté avec son partenaire local (Cde), la conception et la réalisation de l’usine d’eau potable KMS3. Ce conflit d’intérêt est clairement établi si on se réfère au contrat de performance qui lie le fermier et le concessionnaire».
La véracité des résultats de l’appel d’offres est ainsi remise en cause. Au-delà de la Cour suprême, le Ca de la Sde compte porter le combat au plan international. Il en appelle aussi aux bailleurs de fonds, «en premier la Banque européenne d’investissement (Bei), l’Agence française de développement (Afd) et la Banque mondiale (Bm)». «Ils ont pris des engagements en faveur de la réforme du secteur de l’eau. Ils ont préconisé l’organisation de cet appel d’offres. Ils ont même conditionné leur participation au financement de KMS3 à la tenue de cet appel d’offres. Aujourd’hui, ils ne peuvent donc rester inactifs si cette réforme s’avère menacée par un processus non transparent, vicié, partial», a sonné Mansour Kama.