L’émission “COMPTES PUBLICS “MAQUILLÉS”, DETTE ET DÉFICIT MAIS… “OUI, LE SÉNÉGAL PEUT S’EN SORTIR” animée par Abdou Cissé met en lumière les défis financiers et structurels auxquels le Sénégal fait face. Cependant, une approche fondée sur l’innovation salvatrice et la créativité financière peut permettre une redéfinition stratégique, basée sur la gestion efficace des connaissances et des talents nationaux. Un pays n’est pas en faillite tant qu’il sait transformer ses contraintes en opportunités disaient les tenants de la tradition opportuniste tels que Joseph Schumpeter (avec sa théorie de la destruction créatrice) ou encore Peter Drucker. L’émission souligne la présence de comptes publics “maquillés”, rendant difficile l’appréhension réelle de la situation budgétaire. Le fardeau de la dette et les déficits chroniques posent un problème structurel qui limite les capacités de financement du développement.
L’adoption d’un modèle de développement endogénéisé repose sur l’intelligence collective et l’utilisation des capacités locales et diasporiques. Il ne s’agit pas seulement de valoriser les compétences nationales, mais aussi d’inclure dans cette dynamique tous les intrants cognitifs issus des communautés locales et de la diaspora. En intégrant cette richesse plurielle, le Sénégal peut mieux structurer une économie du savoir, où les échanges de connaissances transcendent les frontières physiques. Miser sur la numérisation et l’intelligence artificielle pour améliorer la gestion budgétaire et la transparence des finances publiques devient un levier essentiel. L’interpolarité relationnelle, soutenue par la digitalisation du lien social, permet de fluidifier ces transferts de savoirs et d’opportunités entre l’intérieur et l’extérieur du pays. Le soutien aux startups locales et aux PME peut créer des opportunités d’emploi et générer des revenus autonomes. L’innovation, ce n’est pas avoir une nouvelle idée, c’est arrêter d’avoir une vieille idée.
Plutôt que de s’appuyer sur des emprunts massifs, des solutions alternatives existent. Le financement participatif et les diaspora bonds peuvent mobiliser des ressources nouvelles. La monétisation des ressources naturelles via des fonds souverains permettrait une gestion plus stratégique des richesses nationales. Une modélisation adaptée de la fiscalité contribuerait à capter la richesse informelle et à renforcer la résilience économique. Un pays se développe quand il fait confiance à son intelligence locale.
L’innovation et la créativité doivent s’accompagner d’une refonte des politiques publiques. Une réorganisation du système éducatif axée sur la production et l’innovation s’avère indispensable. Une gouvernance transparente est nécessaire pour regagner la confiance des citoyens. Il est crucial de favoriser une économie de la connaissance où les talents locaux et ceux de la diaspora sont valorisés et mobilisés pour le développement national. Le futur appartient à ceux qui préparent le présent avec intelligence.
L’émission de Abdou Cissé soulève des points cruciaux sur la situation économique du pays. Mais à travers une approche axée sur la gestion des connaissances et des talents, combinée à une créativité financière audacieuse, le Sénégal a toutes les cartes en main pour se développer de manière autonome et durable. Le saut numérique, allié à une intelligence collective et endogène africaine, représente la clé pour transcender les contraintes actuelles. La digitalisation offre une opportunité unique de renforcer la transparence, d’optimiser les ressources et d’accélérer la transformation structurelle. En intégrant l’extraterritorialisation de l’entité nationale grâce à la technologie, le Sénégal peut tisser un réseau de compétences et de financements, facilitant ainsi une croissance inclusive et résiliente. En combinant technologie et savoirs locaux et diasporiques, le pays peut non seulement s’extraire du piège de la dette et des déficits, mais aussi bâtir un modèle de développement souverain et pérenne, fondé sur ses propres forces et son génie collectif.
Moussa Sarr
Post-Doc en ingénierie de la connaissance;
Ph.D en sociologie du cyberespace, des communautés virtualisées et des instances du futur.
M.A en communication publique
MST en sciences et techniques de la communication
DUT en Relations Publiques, Carrières de l’Information
Chercheur principal et CEO de Lachine Lab L’Auberge Numérique