Dans un communiqué parvenu à Tribune, Greenpeace Afrique salue la nomination de Monsieur Alioune Ndoye au poste de ministre de la Pêche et de l’économie maritime de l’État du Sénégal, et attire son attention sur les préoccupations actuelles du secteur de la pêche qui traverse d’énormes difficultés.
«Premier secteur d’exportation et principale source de devises du Sénégal, la pêche contribue à environ 70% aux apports nutritionnels en protéines d’origine animale et joue ainsi un rôle majeur dans la sécurité alimentaire des Sénégalais. Elle représente environ 3,2% du Produit intérieur brut (Pib) avec au moins 600.000 emplois directs ou indirects», lit-on à travers le document. Qui relève : «Malgré ce rôle socioéconomique majeur, le secteur de la pêche est confronté à plusieurs problèmes. Les plus récurrents sont les choix inappropriés des politiques menées et la non application des textes réglementaires et documents stratégiques, notamment la lettre de politique sectorielle des pêches. Ces manquements impactent négativement sur les communautés de pêcheurs et constituent une menace supplémentaire pour les stocks de poissons déjà surexploités, selon les conclusions de la dernière campagne menée par le Centre de recherche océanographique Dakar-Thiaroye (Crodt)».
Parmi les problèmes qui affectent la pêche durant cette dernière décennie, Greenpeace de lister «les disparitions récurrentes de pêcheurs en mer et des tensions sociales entre les communautés». Avant d’expliquer que les principales causes sont, entre autres, «la raréfaction de la ressource et la pêche illicite non déclarée et non réglementée (Inn). Il faut ajouter à ces facteurs la non implication des acteurs dans les prises de décisions majeures qui impactent leurs activités et le manque de transparence dans un contexte de changement climatique associé à la croissance démographique».
Greenpeace apporte son soutien pour une bonne gouvernance des pêches au bénéfice des communautés et de la biodiversité. En 2015, un rapport a été publié sur la fraude au tonnage pratiquée par les navires industriels ; en 2017 l’expédition “Espoir en Afrique de l’Ouest” réalisée par Greenpeace avec son navire My Esperanza a montré l’ampleur de la pêche Inn dans la sous-région. Enfin en 2019, le rapport “Poisson détourné” lance une alerte sur le fléau des unités de farine de poissons qui sont en train de faire disparaître le métier de transformatrices dont dépendent des milliers de femmes, avec des effets néfastes sur l’environnement, la sécurité alimentaire et la ressource.
Greenpeace Afrique demande au ministre de la Pêche, «de promouvoir une gestion sous régionale des stocks de poissons partagés en renforçant les prérogatives de la Commission sous-régionale des pêches (Csrp) et d’impliquer davantage les acteurs de la pêche dans l’attribution des licences de pêche». Pour la sécurité des pêcheurs, Greenpeace suggère «l’amélioration des embarcations traditionnelles et la mise à disposition d’un système de géolocalisation et d’alerte précoce en temps réel pour éviter les nombreuses disparitions en mer».
Enfin, Greenpeace recommande «la publication de l’état d’avancement du processus de re-jaugeage des navires de pêche industrielle au Sénégal et l’arrêt de l’attribution d’autorisations aux unités de production de farine de poisson qui constituent une réelle menace pour la sécurité alimentaire et l’emploi de milliers de personnes». C’est dans ce sens que les femmes transformatrices ont lancé un cri de détresse lors de la journée de concertation sur la problématique de l’industrie de la farine et de l’huile de poisson au Sénégal, présidée le 24 octobre dernier, par le ministre des Pêches et de l’économie maritime, Mme Aminata Mbengue Ndiaye.