Si les autorités centrales, notamment le ministère de la Pêche et de l’économie maritime, ne prennent pas leurs responsabilités, les populations sénégalaises vont se réveiller à partir du 15 janvier, et ce, pour trois jours, sans poisson. Cette denrée très prisée des Sénégalais ne sera pas au rendez du «Cëëbujeen», notre plat national. Et pour cause, les mareyeurs du Sénégal décrètent une grève totale de trois jours. Ils entendent ainsi dénoncer le pesage à l’essieu imposé aux camions frigorifiques qui transportent le poisson vers l’intérieur du pays. «Les mareyeurs souffrent énormément. Depuis quelques mois, nous payons jusqu’à 500.000 Cfa au pont-bascule. Et ce n’est pas tout, ils déchargent le poisson. Et tout le monde sait que c’est un produit périssable, et il n’y a pas de chambre froide au niveau des ponts bascules. Vous constatez que nous perdons beaucoup d’argent», regrette Mame Gor Fall, délégué du personnel au marché central aux poissons.
Lors d’une rencontre, les mareyeurs du marché central aux poissons de Pikine ont fustigé cette mesure avec la dernière énergie. Pour eux, les camions frigorifiques ne doivent être concernés par le pesage à l’essieu, car ils ne pèsent pas 30 tonnes. «Nous ne négocions pas. Nous ne voulons pas que les camions frigorifiques montent sur les ponts bascules. C’est le délestage qui nous fait le plus mal. Nous interpellons directement le Président Macky Sall pour régler le problème», ajoute M. Fall.
À Yarakh aussi les mareyeurs sont dans une profonde colère. Au sortir d’une rencontre, ils ont exigé l’arrêt du pesage à l’essieu concernant les camions frigorifiques. «La section de l’Union nationale des mareyeurs va observer la grève durant trois jours. Il n’y aura pas de poissons. Que les populations le sachent, car le pesage à l’essieu est un drame pour nous. Ça suffit ! Les mareyeurs sont un maillon important de l’économie», martèle Bara Ndour de la section Unams de Yarakh.
Hier après-midi, les mareyeurs ont effectué des visites de sensibilisation dans les quai de Pêche pour inviter les pêcheurs à ne pas aller en mer à partir d’aujourd’hui. «Certaines personnes se réclament être les responsables des mareyeurs, mais nous allons montrer à l’État que ces gens-là ne représentent rien. C’est nous qui gérons le secteur et nous allons le paralyser pour montrer à l’État notre force de frappe», cogne Mouhamed Sylla du marché central aux poissons de Pikine. Par ailleurs, les mareyeurs dénoncent aussi l’absence de parking pour leurs camions.