Après 81 jours passés en prison, Amadou Diouldé Diallo a été libéré ce matin. Le journaliste de la Radio télévision guinéenne (RTG) a été condamné à payer cinq millions de francs guinéens (environ 420 euros) pour “offense au chef de l’Etat”, après son passage dans une émission de radio privée où il s’était exprimé sur le président Alpha Condé et les violences ethniques dans le pays.
Dans son délibéré, le juge Aboubacar Mafering Camara a déclaré le journaliste coupable de délit d’offense au chef de l’État et l’a condamné au paiement de cinq millions GNF, avant d’ordonner sa remise en liberté immédiate.
Au sortir de la salle d’audience, le journaliste dit être content d’aller en prison. Avant d’indiquer qu’il ne faut jamais souhaiter la prison même à son pire ennemi. « Je suis content d’être allé en prison, c’est l’avant-dernière épreuve d’un homme avant sa mort. La prison est une école qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Un homme qui subit une telle épreuve doit du respect à ceux qui l’ont déjà subie et connue et s’incline également devant la mémoire de ceux qui ont perdu leur vie en prison, être solidaire et compatir à la douleur de ceux qui ont perdu la vie en prison. Il ne faut pas souhaiter la prison même à son pire ennemi », a réagi le journaliste interrogé par nos soins.
Visiblement très affaibli après les 82 jours passés en prison, devant ses confrères, il a profité de l’occasion pour remercier sa famille et l’ensemble des acteurs qui ce sont investis pour sa libération. « Nous devons nous battre pour maintenir la loi sur la liberté de la presse, nous battre pour la consolider parce que c’est elle qui constitue notre fervente défense face aux pouvoir public. C’est extrêmement important. Assurez-vous encore une fois que mes convictions, je les défendrai jusqu’à mon dernier souffle, mais pour le moment je m’occupe de moi-même et j’essaye de me réjouir de ma liberté », a-t-il déclaré devant les journalistes.
Pour rappel, en Guinée, les journalistes sont régulièrement arrêtés ou gardés à vue en raison de leur travail dans le pays. Le 4 février dernier, le journaliste sportif Ibrahima Sadio Bah avait été condamné à six mois de prison ferme et à payer une amende de 500 000 francs guinéens (environ 40 euros) pour “diffamation, injures publiques et dénonciation calomnieuse” à l’encontre du président de la Fédération guinéenne de football (FEGUIFOOT), Mamadou Antonio Souaré. Il a été libéré le 11 mai dernier après une série d’actions de mobilisation et après avoir, lui aussi, passé plus de trois mois en prison