Il est des textes que l’on souhaite ne jamais avoir à écrire mais le tollé médiatique et l’émoi populaire suscités par l’affaire présumée de trafic de passeports diplomatiques nous interpellent à plus d’un titre. D’abord en tant qu’acteur politique mais aussi et surtout en tant que citoyen soucieux de la bonne marche de notre pays et de son rayonnement dans le monde. Il n’est pas question ici de revendiquer le monopole du magistère du bien. Mais l’éthique et la morale sont deux bornes infranchissables qui devraient délimiter notre engagement public.
D’emblée, soulignons le caractère scandaleux de l’implication dans cette affaire d’honorables députés et de respectables citoyens qui ont toujours prôné le Nouveau Type de Sénégalais (NTS). Cela heurte naturellement la conscience et la morale du sénégalais lambda.
L’éthique n’a ni couleur politique ni étendard. Quel que soit le bord auquel nous appartenons, tomber si bas dans des turpitudes que la morale et la décence réprouvent est regrettable et condamnable. Être acteur politique ou appartenir à un mouvement citoyen ne saurait être un passeport pour l’impunité ou un visa qui nous permet de fouler diplomatiquement les règles et lois de ce pays qui nous garantissent un vivre ensemble en toute sécurité et paix.
Bien au contraire cela devrait être une exigence sur soi à plus de tenue et retenue par rapport aux autres concitoyens qui nous ont fait confiance pour défendre leurs intérêts et problèmes. Lorsqu’on a l’onction présidentielle et le mandat de tout un peuple, on doit être un ambassadeur de l’exemplarité.
Travailler pour l’intérêt général, devrait être notre principale préoccupation en lieu et place de gérer des intérêts crypto personnels. Y a t’il plus noble et honorifique posture que d’être au service de son pays et de son peuple ? Être au service de son prochain est une si noble mission recommandée par toutes les religions révélées.
Certes, la polémique autour de ce type de passeport ne date pas d’aujourd’hui, mais force est de reconnaitre que des efforts ont été faits par nos autorités compétentes pour juguler ce mal qui ne fait que ternir l’image de marque de notre pays qui a toujours joué un important rôle dans le concert des grands pays.
En conseil de ministres du 19 Avril 2019, le Président Macky Sall avait instruit son Ministre des Affaires Etrangères de mettre en place de nouveaux passeports diplomatiques pour une plus grande rationalité dans leur octroi. Ceci pouvait être perçu comme une réponse à des mises en garde de l’Union Européenne et du gouvernement américain qui avaient signalé certaines légèretés ou manquements dans la délivrance de cet important document. D’ailleurs, en 2018, les pays de l’UE avaient failli voter une loi qui obligerait tout Sénégalais détenteur de passeport diplomatique à chercher un visa pour entrer sur leur territoire.
La justice doit alors faire son travail en situant les responsabilités afin de punir sans faiblir ceux qui mettent en danger la stabilité de ce pays par des actes délictuels et proscrits par la loi. Faisons confiance en cette justice dans l’exercice difficile de sa mission.
Au-delà de la fonction régalienne de l’Etat d’organiser et de sécuriser l’octroi ainsi que la délivrance de ce passeport, l’effort de forger une conscience citoyenne et patriotique s’impose à tous. Un meilleur rapport et respect du Bien Commun ne fera qu’améliorer notre vivre en commun dans une société où l’égocentrisme et la recherche de profit à n’importe quel prix prennent le dessus sur tout.
DJIBRIL BA
Responsable APR-Parcelles Assainies
Convergence des Cadres Républicains (CCR)
Rapporteur Général Ecole du Parti